Pays-Bas : l’échec de la société multiculturelle

par Henry Moreigne
lundi 13 mars 2006

Historiquement et traditionnellement les Pays-Bas sont considérés comme un pays tolérant et ouvert, notamment en matière de mœurs. Une image et un héritage aujourd’hui fortement entachés par la gestion du dossier de l’immigration.

En quelques années, sous l’influence des idées du populiste et xénophobe Pim Fortuyn, les relations entre Néerlandais et immigrés ont tourné au vinaigre.

Le pays s’est doté d’un ministre de l’intérieur, Rita Verdonk, à forte poigne, qui ferait presque passer Nicolas Sarkozy pour un enfant de chœur. Cette dame de fer ne fait ni dans la dentelle ni dans le compromis. En quatre ans, elle aura réussi à réduire le nombre de demandeurs d’asile de moitié, et à faire adopter la réglementation sur les immigrés la plus stricte d’Europe.

Il faut dire que l’assassinat, en novembre 2004, du cinéaste Théo Van Gogh a créé un véritable traumatisme dans une opinion publique devenue beaucoup moins tolérante, notamment envers les musulmans. Une communauté très importante, la deuxième en Europe après la France, montrée du doigt et régulièrement clouée au pilori.

L’interdiction du port de la burka dans les lieux publics est à l’étude. La ville d’Utrecht a même été jusqu’à supprimer les allocations chômage aux femmes qui se présentent aux entretiens d’embauche avec ce vêtement.

Dans le même temps, les candidats à l’immigration doivent désormais passer dans les ambassades et les consulats des tests de langue et de culture facturés 350 €.

Résultat, outre un accroissement des retours au pays, les communautés turque et marocaine, habituellement peu enclines à exercer leur droit de vote, prennent désormais largement part aux scrutins en donnant leur préférence aux partis de gauche qui se veulent multicolores, par opposition au parti "blanc".

Une situation paradoxale, dans un pays où 88% des habitants se déclarent heureux et peu stressés. Et pour cause, même si la situation économique s’est dégradée, le taux de chômage reste faible, et le revenu annuel par habitant élevé (supérieur à la France).

Il est vrai cependant que la très forte immigration de la dernière décennie a modifié brutalement le visage du pays, dont désormais 10% n’est pas d’origine occidentale.

Un réveil brutal pour un pays jusqu’alors havre de tranquillité. Le royaume de la reine Béatrix a "la gueule de bois". Il a pris conscience des limites de son système communautariste, et peine à trouver des solutions.


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