Néonicotinoïdes : les tueurs d’abeilles !
par P.-A. Teslier
mercredi 28 mai 2025
Je butine, je pollinise, je maintiens l'équilibre fragile de la nature et je produis votre miel.
Je suis une abeille !
Mais aujourd’hui, poussé par les puissants lobbies agricoles et la richissime FNSEA, le sénateur de droite Laurent Duplomb, lui-même agriculteur, veut à nouveau me condamner.
Fort de cela, les agriculteurs lui ont demandé la réautorisation des néonicotinoïdes, ces pesticides puissants pourtant reconnus comme des tueurs d’abeilles.
De fait, pour protéger la récolte des noisettes en Aquitaine (et accessoirement les betteraves de Picardie), la loi Duplomb, va m’empoisonner et polluer mon miel !
Il faut vous dire que les néonicotinoïdes - ceux que propose de réintroduire dans nos champs la loi Duplomb -agissent comme un neurotoxique.
En pénétrant dans les fleurs, ils contaminent mon nectar, mon pollen, mon miel, mon corps tout entier, comme celui de notre reine féconde. Sa longévité comme la mienne diminue. Mon vol devient erratique, ma mémoire flanche, je ne retrouve plus ma ruche.
Bientôt, je ne volerai plus ! Et au pied de ma ruche, sera inscrit « ici gît » une des nombreuses victimes des néonicotinoïdes et de la loi scélérate du sénateur de droite, soutien de Laurent Vaquiez, le dénommé Laurent Duplomb.
Sans moi, qui assurera 80% de pollinisation de vos cultures ? Qui remplira votre pot de miel ?
Voyez avec moi ces quelques chiffres inquiétants :
- 30 % de mortalité annuelle des abeilles en France. Un taux qui augmente chaque année ;
- 25 % des colonies d’abeilles disparaissent chaque année, principalement à cause des pesticides, des maladies et du changement climatique ;
- 80 % des plantes dépendent des abeilles pour leur reproduction, ce qui signifie que leur disparition entraînerait un effondrement de nombreux écosystèmes ;
- 75 % des insectes volants ont disparu en moins de 30 ans dans certaines zones protégées en Allemagne, ce qui reflète une tendance mondiale inquiétante ;
- 13 millions de ruches manqueraient en Europe pour maintenir un équilibre écologique et agricole stable.
- 75 % des miels mondiaux contiennent des traces de ces pesticides !
Les chiffres sont sans appel. La pression économique pousse à leur retour. Mais à quel prix ?
Le sacrifice des abeilles n’est pas seulement une question environnementale. C’est aussi une menace pour la biodiversité, l’agriculture elle-même, et bien sûr : notre future alimentation.
Il existe pourtant plusieurs alternatives aux néonicotinoïdes pour protéger les cultures tout en préservant les abeilles et la biodiversité. Voici quelques solutions :
- Le flonicamide : un insecticide déjà utilisé en agriculture, notamment sur les betteraves ;
- Le spirotétramate : un autre produit phytosanitaire qui a montré une bonne efficacité contre certains ravageurs ;
- Le paillage ou mulching : cette technique empêche les pucerons de repérer leurs plantes hôtes, réduisant ainsi leur impact ;
- La lutte biologique : utilisation d’insectes prédateurs naturels des ravageurs, comme les coccinelles contre les pucerons ;
- Les huiles essentielles et extraits végétaux : certaines substances naturelles ont des propriétés répulsives ou insecticides ;
- Les pratiques agricoles alternatives : rotation des cultures, diversification des espèces cultivées et amélioration des sols pour limiter les infestations.
Ces alternatives permettent de réduire l’usage des pesticides tout en maintenant une production agricole efficace, bien que moins productiviste !
En dernière minute, j’apprends que le texte de Laurent Duplomb a du plomb dans l’aile. L’Assemblée nationale vient de le rejeter. Malheureusement, rien n’est perdu pour les très puissants lobbies des noisettes, car le texte va passer en Commission mixte paritaire.
NB : La France reste un petit producteur mondial (1%) face à des géants comme la Turquie, qui domine le marché avec 70 % de la production mondiale, suivie par l’Italie, l’Espagne, les États-Unis et l’Azerbaïdjan.
Source : inrae.fr ; chambres-agriculture.fr ; apiculture.net2 ; abeilles-environnement.com ; projetvert.fr ; campus.ina.fr
Crédit photo : lien