Copenhague : un « Munich » du climat ?
par Gaëtan Gorce
lundi 21 décembre 2009
Y a-t-il donc toujours quelque chose de pourri au Royaume du Danemark ? Chaque dirigeant de ce monde, pris au jeu du « y être ou ne pas être », se trouve ainsi compromis dans l’échec d’un sommet parfois présenté comme celui de la dernière chance. La colère des ONG est patente ; l’opinion en revanche peine à s’y retrouver et les plus responsables hésitent à voir la bouteille aux trois quarts vide ou au quart pleine ! Avant de porter un jugement définitif, tentons de dégager quelques éléments propices à la poursuite de la réflexion :
- le premier est que l’évidence et l’imminence de la menace ne suffisent pas à convaincre les gouvernements de passer à l’action. À cet égard, Copenhague est une sorte de Munich du climat. Peu importe les conséquences de l’accord pourvu qu’il y en ait un. Mais surtout comment ne pas voir que la logique de la négociation, qui pousse chacun à privilégier ses seuls intérêts, prend vite le pas sur l’objet même du débat : en l’occurrence, la limitation des émissions de co 2 ? Ces grandes conférences, à l’instar de celles de l’entre deux guerres, poussent à la lâcheté collective, chacun prenant prétexte de l’attitude de son voisin pour masquer sa propre absence de courage ! Cela renvoie au rôle des opinions publiques, aux nécessaires mobilisations citoyennes sans lesquelles rien ne surviendra...
- le deuxième, moins négatif, est qu’il reste à la communauté internationale à inventer les cadres de discussion adaptés à la prise de décision. Les grandes conférences ne le sont guère. Faut il s’en étonner ? On a pour la première fois étrenné une forme nouvelle de démocratie internationale à laquelle l’ONU, pas plus que les États, n’étaient véritablement préparés. Partagée entre séances plénières en forme de happening et réunions plus discrètes réservées aux plus riches ou aux plus puissants, la conférence a peut être servi de brouillon à une nouvelle organisation tournée vers l’opérationnel et le décisionnel. Et montré tout le chemin à parcourir pour y parvenir. Mais au moins pourrait il y avoir eu ce week-end prise de conscience...
- la troisième reste le poids de cette notion de base du droit international : la souveraineté des États. C’est elle qui a fait obstacle à la transparence exigée des engagements ! C’est elle qui a conduit Obama, empêché par le Sénat, à aller plus loin. On aurait certes pu rêver d’un nouveau Wilson entraînant le monde avant de partir en campagne dans son propre pays pour convaincre son opinion ! Force est de constater que la médiatisation du pouvoir n’incite pas à l’initiative et au vrai courage. Pour autant il faudra attendre janvier et la nature et la qualité des engagements pris individuellement par chaque État pour dire si oui ou non serait en train d’émerger, en marge de l’Onu, un système de discussion crédible mais impliquant uniquement, à l’instar du G20, l’oligarchie des puissances.
- la quatrième réside dans l’effacement de l’Europe dont la réthorique via certains de ses leaders n’a guère pesé lourd face au tandem (bloqué) Sino-américain. Quelle déception de voir notre Union, pourtant la plus avancée en termes d’engagement, réduite au rôle de spectateur du débat entre les deux Grands !
Alors que faire ? Au vu de ce constat, d’abord reprendre l’initiative à l’échelle européenne : confirmer nos engagements de réductions, créer l’agence européenne de l’environnement et menacer à court terme de la mise en place d’une taxe carbone aux frontières de l’Union ; désigner enfin un Monsieur Climat chargé de porter la parole de l’Europe dans les prochaines discussions. Ensuite, réfléchir à une modification des modes de gouvernance mondiale : l’échec du Sommet rend nécessaire d’imaginer et d’inventer de nouvelles formes de discussion favorables à la prise de décision. L’idée d’un conseil de sécurité économique et climatique pourrait, à travers ses votes, et malgré les vétos, placer ainsi chacun face à l’opinion devant ses responsabilités. Un Parlement mondial du climat permettrait enfin d’exercer un rôle à la fois de pédagogie et de contrôle de l’action des États qui ouvrirait la voie à une restriction des souverainetés nationales chaque fois que l’intérêt de l’humanité tout entière serait en jeu. Être ou ne pas être, pour la communauté internationale, telle est bien au total, à travers ces enjeux, toujours la question !
- le deuxième, moins négatif, est qu’il reste à la communauté internationale à inventer les cadres de discussion adaptés à la prise de décision. Les grandes conférences ne le sont guère. Faut il s’en étonner ? On a pour la première fois étrenné une forme nouvelle de démocratie internationale à laquelle l’ONU, pas plus que les États, n’étaient véritablement préparés. Partagée entre séances plénières en forme de happening et réunions plus discrètes réservées aux plus riches ou aux plus puissants, la conférence a peut être servi de brouillon à une nouvelle organisation tournée vers l’opérationnel et le décisionnel. Et montré tout le chemin à parcourir pour y parvenir. Mais au moins pourrait il y avoir eu ce week-end prise de conscience...
- la troisième reste le poids de cette notion de base du droit international : la souveraineté des États. C’est elle qui a fait obstacle à la transparence exigée des engagements ! C’est elle qui a conduit Obama, empêché par le Sénat, à aller plus loin. On aurait certes pu rêver d’un nouveau Wilson entraînant le monde avant de partir en campagne dans son propre pays pour convaincre son opinion ! Force est de constater que la médiatisation du pouvoir n’incite pas à l’initiative et au vrai courage. Pour autant il faudra attendre janvier et la nature et la qualité des engagements pris individuellement par chaque État pour dire si oui ou non serait en train d’émerger, en marge de l’Onu, un système de discussion crédible mais impliquant uniquement, à l’instar du G20, l’oligarchie des puissances.
- la quatrième réside dans l’effacement de l’Europe dont la réthorique via certains de ses leaders n’a guère pesé lourd face au tandem (bloqué) Sino-américain. Quelle déception de voir notre Union, pourtant la plus avancée en termes d’engagement, réduite au rôle de spectateur du débat entre les deux Grands !
Alors que faire ? Au vu de ce constat, d’abord reprendre l’initiative à l’échelle européenne : confirmer nos engagements de réductions, créer l’agence européenne de l’environnement et menacer à court terme de la mise en place d’une taxe carbone aux frontières de l’Union ; désigner enfin un Monsieur Climat chargé de porter la parole de l’Europe dans les prochaines discussions. Ensuite, réfléchir à une modification des modes de gouvernance mondiale : l’échec du Sommet rend nécessaire d’imaginer et d’inventer de nouvelles formes de discussion favorables à la prise de décision. L’idée d’un conseil de sécurité économique et climatique pourrait, à travers ses votes, et malgré les vétos, placer ainsi chacun face à l’opinion devant ses responsabilités. Un Parlement mondial du climat permettrait enfin d’exercer un rôle à la fois de pédagogie et de contrôle de l’action des États qui ouvrirait la voie à une restriction des souverainetés nationales chaque fois que l’intérêt de l’humanité tout entière serait en jeu. Être ou ne pas être, pour la communauté internationale, telle est bien au total, à travers ces enjeux, toujours la question !
Gaëtan Gorce