Un billet sans « O »

par C’est Nabum
jeudi 18 août 2022

 

Reflets d'un naufrage …

 

Il advint que par manque d'eau, le sable prit la main sur la rivière, ne lui laissant plus aucune place. Les marchands se satisfaisaient d'une telle aventure qui allait faire leur affaire, les meilleures qui puissent être, afin de leurrer le client. La silice ne permet pas de s'abreuver dans un calice mais il est permis de passer le temps avec un sablier, manière certaine de trinquer à la santé des pénuries à venir.

Seules les centrales faisaient grise mine, l'échauffement les gagnait et nul dérivatif afin de calmer des esprits surchauffés. La vapeur prenait le large tandis que les rejets disparaissaient, devenant dans l'instant vapeur évanescente. La température ne cessait de grimper, il y avait de l'électricité dans l'air …

 

Puis le gaz s'en mêla, il ne fut plus permis de danser la java. L'élément aqueux se refusant à se mêler à la fête. L'été sans lui, l'estivant n'a plus envie d'un bain tandis que le plaisir du rafraîchissement le fuit. L'Ukraine ne peut être accablée de cette fuite du liquide de quand bien même quand les banques n'assurent plus les liquidités. La carte bleue n'explique pas le passage du pays à l'alerte générale.

Le feu passe au verre, il s'en prend aux arbres qui de mèche avec lui s'embrasent sans discernement. Les canadairs n'ayant plus rien à se mettre dans le ventre ne peuvent plus intervenir. Les lacs et les étangs aussi vides que les rivières, le pays n'est qu'un immense incendie. Le sable suggère d'asphyxier le brasier quand bien même le dragage demeure interdit.

 

Les experts de s'invectiver, une querelle de plus, une manière de faire les beaux sur les plateaux, l'envie de créer un débat sans haut. Les puisards n'assurent plus leur activité, les puits ne remplissent plus aucun seau, les rus restent à la rue, les fleuves prennent la fuite tandis que les rivières perdent pied.

Le cataclysme est en marche, il ne fallait pas s'afficher avec cette étiquette. Les seules liquidités appartiennent à l'univers de la finance, celui là-même qui ne peut assurer les impératifs vitaux de l'humanité. Sans manger, ça peut passer mais sans s'hydrater, la vie devient stérile. L'alerte a été déclenchée il y a belle lurette mais les humains y furent hermétiques.

 

Maintenant que le désastre est patent, rien ne change chez des esprits aussi secs que les ruisseaux. Une lettre a disparu de l'alphabet, elle n'est plus d'aucune utilité. Le désert va gagner la partie, la planète met la pluie à l'index. La Seine et le Rhin peuvent se désespérer, leurs semblables ne peuvent plus s'écrire.

La lettre qui n'est plus n'a pas que des désavantages. Le Président n'existe plus, l'assemblée n'a plus de légitimité puisque le scrutin ne permet plus d'exprimer un avis sur le bulletin. Les députés dépités, les sénateurs asséchés, les ministres prennent la fuite, cherchant à se réfugier dans des paradis fiscaux en faisant la queue afin de remplir leurs réserves en eau. Les climatiseurs du Qatar ne remplissent pas les vaches à eau des adeptes du tir au but.

 

C'est le terme des temps, plus rien ne sera de l'avant et de l'après. Le peuple tire la langue, la pépie est générale, la perte de l'eau a suivi l'assèchement de l'agent cardiaque. Les animaux partagent ce désastre, c'est le même bazar chez les végétaux. Une seule lettre vient à disparaître dans la nature et c'est la fin des légumineuses et du reste.

Je laisse ce récit en plan. L'encre s'assèche, ma langue se perd dans un ultime filet de salive. Plus rien ne va, seule la fin détend.

Fin.

Clichés de Cathy B

 


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