Evacuation des enfants en cours d’adoption en Haïti : c’est la honte…

par Fabien ROBERT
mardi 26 janvier 2010

Il y a assez de souffrance dans ce monde pour que la générosité, lorsqu’elle se manifeste sincèrement et massivement, ne soit pas entravée. Pourtant, la France, patrie des droits de l’Homme, 15 jours après le séisme, refuse toujours d’organiser le rapatriement massif des enfants haïtiens en cours d’adoption par des familles françaises.

Prés de 1200 enfants, toujours à Haïti pour la plupart, vivent dans des conditions inhumaines, le plus souvent dans la rue où ils dorment à même le sol. Les orphelinats qui élèvent ces enfants ne peuvent faire face. C’est pour cette raison que le Président Haïtien a depuis plusieurs jours autorisé les pays « adoptants » à organiser le départ des enfants.

La Hollande, les USA, la Belgique, le Luxembourg et le Canada ont pris la décision de rapatrier les enfants. Plusieurs centaines d’entre eux ont déjà retrouvé leur famille.

Mais en France, aucune décision massive n’a été prise. Le Ministère des Affaires Etrangères parle d’examiner « au cas par cas » les 1200 dossiers (…) afin de respecter le droit de l’adoption internationale et minimiser les risques de trafic d’enfants.

Cette réponse est infondée juridiquement pour deux raisons : d’une part, le Président Haïtien a autorisé les rapatriements exceptionnels compte tenu de la situation de son pays, d’autre part, les pièces justificatives manquantes pour certaines familles ne peuvent plus être produites. Il faut donc inventer une procédure exceptionnelle qui ne relève pas du droit international ordinaire.

Invoquer le trafic d’enfants relève de la mauvaise foi. Alors que le pays est dans un état de fragilité palpable, qui peut sérieusement croire que des trafiquants d’enfants utiliseraient la procédure très complexe de l’adoption internationale ?

Sans compter que pour les familles concernées, qui en temps normal attendent leur enfant pendant 18 mois, un tel amalgame relève de la provocation.

Enfin, cette réponse est inhumaine et irresponsable. Inhumaine car elle balaye d’un revers de main toutes les règles de la solidarité internationale au moment même où 5 autres pays ont pris la mesure de l’urgence. Irresponsable car beaucoup de ces enfants sont malades et risquent de mourir.

Alain JUPPE a appelé solennellement Bernard Kouchner ministre des affaires étrangères, à faciliter le rapatriement rapide des enfants déjà apparentés à des familles françaises.

Samedi, alors que je participais pour la 2ème fois au rassemblement organisé par les familles devant l’hôtel de ville, une maman m’interpellait : « Je ne dors plus. J’ai été à Haïti à 2 reprises pour voir mon enfant, il porte mon nom et fait déjà parti de la famille. Si il meurt alors que je suis prête à l’accueillir, c’est le gouvernement français qui sera responsable ».

Espérons, chère Madame, que cela n’arrivera pas et que notre gouvernement reviendra à la raison pour que nous sortions de cette situation indigne.

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