N’est pas Robespierre qui veut !

par Christian Kert
mardi 12 janvier 2010

Je n’aime pas du tout l’affiche de vœux du Conseil Municipal de Salon qui s’arroge le droit - en notre nom, donc - de corriger la devise républicaine « Liberté Egalité Fraternité » pour y ajouter « Laïcité ». 

Je ne l’aime pas car je crois que l’on n’a pas le droit de toucher ainsi, sur un document municipal qui prend ainsi un caractère officiel, à l’un des fondements de notre République. L’auteur de cette affiche se souvient-il que l’on doit cette devise nationale à une formule de Maximilien de Robespierre qui l’utilisa pour la première fois dans son « Discours pour l’organisation des Gardes Nationales » en 1790 , Discours qui - si ma mémoire est bonne - ne fut d’ailleurs jamais prononcé ? 

Sur les définitions respectives de la Liberté, de l’Egalité et de la Fraternité, peut-on légitimement croire que la notion de laïcité a la même valeur :

la Liberté : « Pouvoir qui appartient à l’homme de faire tout ce qui ne nuit pas aux droits d’autrui ». (Droits de l’Homme et du Citoyen. 1793) 

l’Egalité : « Tous les hommes sont égaux par nature devant la loi. La loi est égale pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse ». (Droits de l’Homme et du Citoyen. 1793)

la Fraternité : « Ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas qu’on vous fit ; faites constamment aux autres, le bien que vous voudriez en recevoir ». (Constitution An 3. 1795).

 Chacun peut, un jour de sa vie, se prendre pour un Révolutionnaire mais n’est pas Robespierre qui veut. Et puis, surtout, ces valeurs exaltent le courage, l’élan. Affirmer sur le même plan la laïcité, cela me parait répondre à un sentiment de crainte, du style : « Nous croyons en ces trois valeurs là, mais n’ayez pas peur nous sommes aussi des laïques ». Or, je crois à la laïcité mais c’est un mode de fonctionnement. Rien de plus. On aurait pu aussi bien rajouter « Sécurité » ou encore « Proximité » ! Pourquoi avoir choisi « Laïcité » ? Pointer ainsi du doigt la notion conforte l’idée d’une suspicion à son égard. A moins que la municipalité de Salon ait, en la matière, quelque chose à se faire pardonner ? J’ouvre le débat et j’invite la presse locale à en faire autant.


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