Un célèbre inconnu (3)

par olivier cabanel
mercredi 9 août 2023

Cest le moment de parler de Tchernobyl, car je me suis retrouvé au cœur de plusieurs « scoops », suite aux analyses réalisées à l’époque par la CRIIRAD… je vous raconte.

Comme chacun sait, c’est en 1986 que ce drame s’est produit, avec les conséquences que l’on a finit par découvrir en France, et ce malgré les déclarations mensongères d’un gouvernement qui tentait en vain de nous faire croire que la frontière avait arrêté la pollution.

Quelques temps après l’explosion, quelques scientifiques drômois dont Michelle Rivasi, aujourd’hui députée européenne, avaient installé à Montélimar un laboratoire afin de permettre aux citoyens de faire analyser fruits ou légumes.

Or, dès 1987, un film sortait sous le titre : « le tocsin de Tchernobyl  », et l’envie me prit de proposer ce film en Nord Isère...pour ce faire, il fallait créer une association, ce qui fut fait un couple d’amis rejoignit le notre, et GUEPE fut crée : groupement d’union et d’expression populaire environnementale.

Nous avions loué la salle de cinéma de Pont de Beauvoisin, et invité Michelle Rivasi à venir commenter le film à la fin de la projection…

hélas, une fois les affiches tirées, le couple d’amis qui nous avait rejoint pour permettre cette soirée, décidèrent de nous quitter, ne voulant pas prendre le risque financier…

qu’importe, nous avons continué, et bien nous en a pris, car devant la foule qui s’est pressée dans le cinéma, il fallut chercher des sièges dans les bistrots du coin !

Cette projection fut donc un succès, et le reliquat financier nous permirent de lancer à la Tour du Pin, la première foire écologique, que nous avons intitulé « C’est tout vert »

mais revenons à Tchernobyl

Michelle Rivasi me téléphona un jour pour me demander « un coup de pouce »…

comme le siège de la CRIIRAD était à Montélimar (aujourd’hui, il est à Valence), les produits analysés venaient tous de la Drôme, faisant écrire à la presse locale « la Drôme est radioactive »… alors que selon toute vraisemblance d’autres départements étaient touchés par les retombées radioactives...comment faire pour expliquer tout ça à la presse me demanda Michelle ?

je me procurais alors les cartes d’hygrométrie de l’Isère au moment de la catastrophe, sachant que c’était la pluie qui avait plaqué au sol la radioactivité.

Je pus donc déterminer avec précision les endroits ou beaucoup d’eau était tombée.

Le mycologue amateur que je suis savait que certains champignons à croissance lente concentraient plus que d’autres la pollution nucléaire : la trompette de mort était du nombre, et outre que le nom de ce champignon avait un nom « troublant », je décidais donc d’en ramasser à Vignieu, dans une combe ou le césium 137 avait pu s’accumuler.

Ma cueillette réalisé, j’envoyais mes spécimens à la CRIIRAD, et le résultat fut accablant : le laboratoire mesura 1840 becquerels de césium 137 dont, rappelons-le, la période est de 30,1 ans, c’est dire qu’elle serait menaçante pendant au moins un siècle. lien

Rappelons aussi que la norme était de 600 Bq au kilo pour les adultes, et de 340 pour les enfants.

Elle at évolué depuis, mais la norme n’empêche pas le danger...lien

J’invitais donc un journaliste du Dauphiné Libéré, avec lequel j’ai souvent travaillé a voir la fiche de laboratoire, et les champignons, et il fit une photo des fameuses trompettes avec en titre : « trompettes de la mort, attention prudence », et l’article paru dans toutes les départements Rhône Alpes.

Comme à la fin de l’article, figurait en bonne et due place le téléphone de la CRIIRAD, des échantillons affluèrent bientôt de tous les cotés à Montélimar, prouvant définitivement que les effets de Tchernobyl ne s’étaient pas limités à la Drôme.

Quelques semaines après, l’une des responsables de la revue « que choisir », me contacta, me demandant des conseils afin de publier un numéro spécial sur les retombées radioactives de la centrale ukrainienne, en faisant réaliser 1000 analyses dans tout le pays.

Mes petits champignons avaient fait du chemin…et depuis Michelle Rivasi aussi, puisqu’elle est maintenant députée européenne.

comme dit mon vieil ami africain : « chaque filet d’eau à son chemin  ».

La photo illustrant l’article vient de laradioactivité.com

Merci aux internautes pour leur aide précieuse

Olivier Cabanel

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