Au Canada comme au Liban : des voisins encombrants !

par Ghassan Hélou
samedi 8 février 2025

Au Canada comme au Liban : des voisins encombrants !

Par Ghassan Hélou

Le Canada n’a rien à envier au Liban, surtout côté voisins. Victime de sa situation géographique favorable, le Liban devait composer avec la convoitise de la Syrie, son voisin de l’Est, qui avait du mal à reconnaître sa souveraineté et son intégrité territoriale. Pour la Syrie, le port de Beyrouth est celui de Damas, la Beqaa est une plaine syrienne, et tout le reste fait partie du Bilad al-Cham. Point barre.

Arrive ensuite Israël, le voisin du Sud, très peu accommodant, beaucoup trop gourmand, excessivement agressif. Assoiffé d’eau, il guette le moment de pouvoir annexer le cours du fleuve Litani et de le détourner vers les territoires qu’il occupe depuis 1948. Malheureusement, on ne choisit pas ses voisins : on les subit. Et je me contente de cette brève et rapide description de la situation géopolitique du Liban.

Le Canada est-il mieux entouré ? Pas certain. A mari usque ad mare, cette devise officielle du Canada, « d’un océan à l’autre », de l’Atlantique au Pacifique, rappelle l’immensité de l’espace territorial canadien. Si les frontières océaniques Est-Ouest ne sont partagées avec aucun autre État, celles du Nord et du Sud, au contraire, s’ouvrent sur des voisins capricieux.

L’océan glacial Arctique donne sur la Sibérie. Et puis ? Tant qu’il s’agit d’un radeau de glace, aucun problème. Mais à mesure que les changements climatiques affectent le Nord, il sera de plus en plus important pour le Canada d’affirmer sa souveraineté le long de son océan nordique face à l’appétit de l’ours russe. La fonte des glaces polaires pourrait enfin dégager la légendaire route du Nord, facilitant ainsi le transport maritime et permettant un meilleur accès aux ressources naturelles de cette région polaire. La Russie n’a pas seulement des visées sur les eaux chaudes de la Méditerranée, mais également sur les eaux froides de l’Arctique !

Quant au voisin du Sud, les États-Unis de Trump, il est tout aussi inquiétant. Il est de mauvaise foi et d’intentions mauvaises. Les ressources naturelles presque inépuisables du Canada font couler la salive de l’Oncle Sam, pardon, de l’Oncle Donald ! Et il ne cache nullement son intention d’avaler le Canada tout entier. Il deviendra le 51ᵉ État.

Pour ce faire, Trump déclare déjà à son voisin une guerre commerciale : imposer une taxe de 25 % sur les importations de produits canadiens, renégocier l’ALÉNA afin d’ouvrir le marché canadien à la production agricole américaine et rapatrier l’industrie automobile de l’Ontario. Pour Trump, le Canada est un réservoir d’eau douce. Certains États connaissent d’importantes pénuries en eau, notamment la Californie, en proie à d’énormes incendies. Comment soulager cet État ? Détourner vers le Sud les eaux du Nord, qui coulent en Colombie-Britannique. Vaste projet irréalisable sans annexion du territoire.

Chaque fois que je vais aux États-Unis, je me plais à rappeler à mes collègues et amis américains que les Canadiens ont gagné la guerre quand les Américains ont essayé, en 1812, d’envahir le Canada. Une vraie victoire militaire, pas un cessez-le-feu !

Ghassan Hélou / Montréal, 2 février 2025


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