Il s’est fait tirer l’oreille

par C’est Nabum
mardi 16 juillet 2024

 

Théorie du complot triste ...

 

Il était une fois un curieux personnage qui voulait par-dessus tout se faire entendre. Il vociférait plus qu'il ne parlait, aimant débiter des sornettes sans se faire tirer l'oreille. C'est bien là que l'ironie du sort lui joua un vilain tour, une forme de retour du bâton, d'effet boomerang pour qui aime à dégainer à tout va.

Devant l'indifférence des grands pays démocratiques, le pauvre bougre désirait faire entendre sa différence afin de regagner le charmant pavillon blanc dans lequel il avait pris ses aises avant d'en être chassé sur une malencontreuse arnaque lors de la signature du bail : c'est du moins une explication qu'il susurrait à l'oreille de ses supporters.

Il partit en campagne, persuadé cette fois qu'on allait prendre en considération sa petite musique personnelle faite de déclarations tonitruantes pour le truand de la vérité alternative. Ses mots étaient cinglants, sa parole acerbe, son propos virulent et pourtant, il demeurait dans l'incertitude sur son retour dans sa résidence tous frais payés.

Que faire si ce n'est frapper un grand coup, une forme d'opération du Capitole à rebours. Il se dit qu'à force d'être traité d'âne bâté de par le monde entier, il devait montrer à la face de l'Univers qu'il n'était pas inculte. C'est un tableau de Van Gogh qui lui mit la puce à l'oreille. Voilà bien une belle manière d'attirer à soi la sympathie et la bienveillance.

Plutôt que de couper les cheveux en quatre, de nier les évidences, de mentir à tout va pour asseoir ses théories abracadabrantesques, il allait changer de rôle afin de passer pour le grand incompris, l'artiste maudit de la politique. Naturellement, cette stratégie n'est pas née dans son cerveau en perpétuelle ébullition, il a prêté l'oreille à des conseillers qui lui ont glissé discrètement cette belle idée.

Il ne fut pas convaincu immédiatement. Sa première réaction fut de leur répondre que cette théorie à deux balles ne tenait pas debout. C'est alors que l'un des experts de son cabinet conseil lui affirma justement qu'à un moment il lui faudrait se coucher pour mieux se relever ensuite, tel le phénix d'une mythologie qu'il était inutile de lui expliquer présentement.

« Se coucher pour mieux se relever et renaître de ses cendres, quelle belle idée mais que fallait-il pour réaliser ce miracle ? » interrogea ce bretteur qui jusque-là n'avait jamais formulé une phrase aussi longue. On lui répondit qu'un coup de feu semblait la plus sûre manière de réaliser ce noir dessein et qu'il n'y avait aucune autre alternative.

Il y eut un temps mort dans la conversation. Le tribun des tribunes politiques ne comprenant pas pourquoi il lui faudrait faire un dessin. Il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre un langage plus imagé que le sien. Le conseiller s'évertua à le convaincre de la nécessité de payer un peu de sa personne pour retrouver son aura d'autrefois.

C'est ainsi que fut mis au point ce scénario digne des westerns. Un kamikaze tireur d'élite visa le pavillon de celui qui voulait récupérer un palais. Le coup fut parfait et l'émotion planétaire quand celui qui jusqu'alors nous cassait les pieds venait de se faire tirer l'oreille. En se relevant la joue ensanglantée, il savait déjà que par ce joli coup médiatique, il allait empocher la mise.

Se relever d'un attentat est la plus sûre manière de sortir la tête haute d'une campagne qui jusqu'alors cassait les oreilles des citoyens sans jamais toucher leur cœur ni provoquer une adhésion sincère. Que cette idée vienne chatouiller notre Monarque à la notoriété en berne et il pourrait lui aussi raviver la flamme. Il se peut que la prochaine période soit propice à pareille fantaisie.


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