Quand l’UE occulte l’origine des produits agricoles

par Laurent Herblay
samedi 2 mars 2024

Aujourd’hui, s’est ouvert le Salon de l’Agriculture. La colère légitime des agriculteurs grandit et a eu raison du débat dérisoire proposé par Macron, également refusé par Michel-Edouard Leclerc. Outre la mise en place d’un vrai protectionnisme, comme en Asie, la claire communication de l’origine des produits est une autre revendication légitime. Dans les deux cas, l’UE est l’obstacle à franchir.

 

L’UE, c’est l’opacité pour les consommateurs

Dans l’histoire que cherche à nous vendre les communicants de l’Union Européenne, il y aurait le fait que l’UE défendrait les consommateurs. Certains s’accrochent à quelques mesures dérisoires, sur les chargeurs de téléphone ou le prix des communications entre pays membres. Mais pour qui prend un peu de recul sur le sens profond des mesures dessinées à Bruxelles, l’intérêt des consommateurs semble bien moins importer que celui des multinationales et des puissants. Outre ce laisser-faire et ce laisser-passer qui profitent essentiellement aux plus forts, il y a, comme aux États-Unis, la volonté de dissimuler l’information quand cela arrange les intérêts du monde des affaires. Et en matière agricole, l’intérêt du monde des affaires, c’est de pouvoir s’approvisionner à sa guise dans le pays que l’on veut (c’est-à-dire le moins cher), sans forcément l’indiquer clairement aux consommateurs si cela est moins vendeur.

C’est ainsi que sur certains produits, comme je l’avais pointé pour l’huile d’olive, il est possible, au lieu d’indiquer le pays d’origine des matières premières, d’indiquer seulement « origine UE ». C’est pratique pour l'industriel : il y a 27 pays, cela permet de changer discrètement d’approvisionnement sans que les clients soient au courant. Pourtant, il est clair que dans un ensemble aussi disparate, la mention du pays d’origine est importante, et devrait constituer une information fondamentale pour le consommateur. Encore une fois, la France est le dindon de la farce, car l’origine française a une vraie valeur (par nos normes plus strictes, et la qualité de nos produits), qui n’est pas valorisée, et nos agriculteurs affrontent une concurrence encore plus déloyale puisque l’origine des produits des autres pays européens peut être cachée dans le fourre-tout de l’UE, alors même que les normes ne sont pas toujours les mêmes.

Pire l’UE autorise la mention d’une « origine non-UE », une absurdité sans nom puisqu’elle recouvre plus de 150 pays, et qu’elle permet même une mention « origine UE et non UE », qui n’a strictement aucun intérêt puisque cela revient à ne rien dire, si ce n’est que l’industriel peut s’approvisionner aux quatre coins du monde, sans en informer les consommateurs. Bien sûr, il est possible de disqualifier ce type de produits, mais il y a des rayons où ces mentions farfelues sont la règle, ce qui ne permet pas de discriminer les mauvaises pratiques. Le rayon huile d’olive est largement dans ce cas. Ce faisant, l’UE favorise les multinationales qui ne se soucient que de leur rentabilité, et donc de leurs actionnaires, au détriment des consommateurs, dont l’information est occultée, et bien sûr de tous les agriculteurs français qui ne peuvent pas valoriser leur production comme ils le pourraient s’il y avait une information claire.

Et malheureusement, l’occultation de l’origine des produits n’est pas la seule occultation qu’organise l’UE. C’est ainsi que la prétendue obligation d’informer sur la présence d’OGM est truffée d’exceptions. D’abord, un seuil de 0,9% a été fixé pour ne pas contraindre le transport strictement séparé des OGM… Ensuite, les produits issus d’animaux et la restauration collective ne sont pas concernés, créant une brèche colossale représentant une part importante des volumes consommés… Pour couronner le tout, de manière à brouiller encore plus les pistes, la nouvelle génération d’OGM a été rebaptisée NGT (Nouvelles Techniques Génomiques). Et bien évidemment, la commission européenne propose une déréglementation générale, excluant étiquetage, traçabilité et même évaluation des risques  ! Bref, comme toujours, l’UE bloque la transparence et l’information et ne sert que les intérêts des multinationales agrochimiques, qui pourront rendre les agriculteurs toujours plus dépendants de leurs expérimentations…

Dans tous les domaines, l’UE agit contre les intérêts des peuples européens et des agriculteurs, ce qui explique la colère qui agite notre continent, jusqu’aux échauffourées de ce matin au Salon de l’Agriculture. En somme, elle ne sert que les intérêts des multinationales, au détriment des agriculteurs, asservis et précarisés, mais aussi des consommateurs dont l’information est toujours plus occultée.


Lire l'article complet, et les commentaires