Elections présidentielles algériennes

par GHEDIA Aziz
mardi 10 septembre 2024

Le 7 septembre dernier, le peuple algérien a été appelé aux urnes. Pour l’élection-reconduction du président Abdelmadjid Tebboune. En fait, il ne s’agissait que d’une simple formalité car on savait bien, à l’avance, que tel serait le résultat des urnes. Non pas parce que celui-ci a fait une belle campagne électorale et beaucoup de promesses aux Algériens mais parce que c’est comme ça.

Quand on occupe déjà le fauteuil présidentiel (pour ne pas dire le trône, ce dernier mot étant généralement réservé aux rois tel notre voisin de l’ouest), on tient à y rester, du moins tant que la Constitution le permet encore. Rappelons que la nôtre donne droit à deux mandats présidentiels. Si elle est rigoureusement respectée, évidemment. Or, par le passé, cela n’a jamais été le cas et il a fallu un grand mouvement populaire, un mouvement pacifique cependant, un Hirak, pour qu’en 2019 l’ex président, Abdelaziz Bouteflika, disparu entre temps, fusse délogé du palais d’El Mouradia. Et c’était à cette date, au mois de décembre 2019 (le fameux douze douze) qu’Abdelmadjid Tebboune fut élu président de la république. Et les crédules pensaient que c’était juste pour une période transitoire, période post Hirak sur laquelle était venue se greffer une crise sanitaire mondiale, le Covid -19.  

En fait, pour revenir à la campagne électorale, disons que celle-ci est passée presqu’inaperçue. Nous n’avions pas assisté à des rassemblements des « fidèles » des uns et des autres, sur las places publiques ou dans des salles de ciné ou autres salles de sport, et des discours enflammés des candidats suscitant des applaudissements ininterrompus pendants plusieurs minutes. Cette campagne a été plus que terne. Ou alors, c’est votre serviteur qui était complètement déconnecté de la réalité algérienne. Il est vrai que pendant cette courte période de campagne électorale, j’avais d’autres chats à fouetter. J’avais la tête ailleurs. 

Toujours est-il que le jour du vote, je me suis présenté, comme beaucoup de citoyens algériens, au bureau de vote. En fait, c’est un euphémisme que de dire « beaucoup de citoyens » car, en réalité, ce jour-là, les urnes ont été boudées. En rentrant à la maison, ma femme me posa la question « alors, y avait du monde au bureau de vote ? ».

- Non, lui-répondis-je, pas vraiment. A mon humble avis le pourcentage de votants ne dépassera les 30%, du moins dans notre wilaya. Et effectivement, tel était le pourcentage dans la plupart des wilayas, sauf dans celles qui sont connues depuis longtemps maintenant par la promptitude de leurs habitants à mettre leurs doigts dans l’encrier… pour reprendre les mauvaises langues. De toute façon, à la sortie du bureau de vote, le mien aussi, mon doigt gauche je veux dire, était bleu, mais je l’ai fait pour la stabilité du pays tout en étant convaincu que le vainqueur, celui qui est reconduit dans cette fonction présidentielle ne fera pas la bêtise de ne pas lâcher le « Koursi ». Mon petit doigt bleu me dit qu’il respectera la Constitution et se contentera de ses deux mandats légaux. Ne dit-on pas que « el baraka fel klil » ? (la bénédiction est dans le peu de choses) 

Je disais que cette fois-ci, les urnes ont été boudées. Il n’y a pas eu de rush à l’ouverture des bureaux de vote ni de bousculade au point de faire tomber les personnes âgées.

Pour quelle raison, me diriez-vous ? Eh bien pour la simple raison que… euh, je n’arrive pas à trouver la citation exacte. Elle est sur le bout de ma langue mais elle ne veut pas sortir, c’est celle de l’humoriste français Coluche. Elle me revient « si voter servait à quelque chose, il y a longtemps que ça serait interdit ». C’est presque une vérité de La Palice. Entre La Palice et Coluche, la ligne de démarcation est floue. Cela aussi me paraît comme une vérité. Pas vous ?

Ceci dit, cette citation, contrairement à ce que l’on pourrait penser, ne s’applique pas seulement sur les pays du Sud, qualifiés souvent, arbitrairement, de pays de dictature ou de junte ou de je ne sais plus quoi encore. En tous les cas, notre président est loin d’être un dictateur. Il était là par la volonté du peuple et il est encore là par cette même volonté et non par la volonté d’un quelconque « Etat profond » ou de celle d’une oligarchie ou bien encore de celle de la Grande muette.

En fait, l’actualité politique de ces derniers jours nous montre tout à fait le contraire. C’est dans certains pays faussement démocratiques du Nord que cette citation trouve pleinement sa justification. Donnons comme exemple, la France. Aux dernières élections parlementaires, le NFP est sorti largement victorieux, mais, la chefferie du gouvernement est revenue à un homme de droite dont le parti politique est dernier à ces élections. Trouvez-vous cela normal ? Pas moi, en tous les cas. Mais, comme cela ne me regarde pas, je vous prie de faire en sorte de n’avoir rien lu, rien vu et rien entendu. 


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