Aux armes, citoyens !
par ricoxy
mardi 18 mars 2025
Futurs soldats, sachez à qui vous aurez à faire. !
Étude de quelques étymologies en rapport avec l'armée
Selon l'auteur, il n'y a de vérité que dans le langage, qui est l'émanation directe de notre conscient, et surtout de notre inconscient. Nous n'allons pas étudier les lapsus linguæ, chers au camarade Sigmund Freud, mais donner quelques étymologies de grades de l'armée, puisque le tambour-major à la tête notre État, prétendant que la patrie est en danger, tient des propos guerriers (Aux armes, citoyens !). Vous trouverez ci-joints quelques étymologies de termes militaires.
Nous donnerons par la suite quelques autres étymologies : titres nobiliaires, titres religieux…
Officiers supérieurs
Le mot officier vient d'office, du latin ob-facere, du verbe facere : faire. L'officier, c'est étymologiquement celui qui fait, qui remplit un office, une charge.
Maréchal
A tout saigneur (!) tout honneur. Maréchal, c'est à la fois un haut titre honorifique et le grade le plus élevé de l'armée. Un maréchal est, étymologiquement, un officier préposé à l'entretien et aux soins des chevaux.
Dans ce qui reste de nos campagnes on trouve encore par exemple des maréchaux-ferrants : ils ferrent des chevaux. Le mot maréchal lui-même vient du germanique marhskalk : domestique chargé de l'entretien des chevaux, palefrenier (×). La première syllabe de marhskalk marah signifiant cheval (cf. en vieux français mar : cheval, et en anglais actuel mare : jument), et shlak signifiant domestique, serviteur. La terminaison –chal, contrairement à ce qu'on pourrait penser, n'est pas en rapport avec cheval.
(×) le mot vient de palefroi : cheval de voyage ≠ destrier : cheval de bataille
Quoi qu'il en soit, le plus prestigieux titre et grade militaire, comme Maréchal de France, provient d'un mot qui voulait dire au départ valet d'écurie.
Il y a encore dans l'armée les grades de maréchal des logis, et de maréchal des logis chef, qui désignent des sous-officiers (artillerie, gendarmerie…). Maréchal des logis et maréchal des logis chef correspondent aux grades de sergent et de sergent-chef. Voir plus bas pour sergent.
Le mot marhskalk a donné en anglais marshal qu'on trouve dans les U.S. marshals par exemple, et qui est même devenu un nom propre (cf. le fameux Plan Marshall qui ne fut qu'une vaste escroquerie).
Toute cette étude, peut-être un peu fastidieuse, pour dire qu'un maréchal ne saurait être au fond un mauvais cheval — bien que certains affirment qu'ils se comportent comme des palefreniers.
Sénéchal
C'était un officier dans la maison du roi ou d'un seigneur, chargé de l'administration, de l'intendance du palais. On retrouve la racine sene, qui signifie âgé. Le sénéchal, c'est étymologiquement le skalk (serviteur) le plus âgé — le plus expérimenté. Ce type d'officier n'existe évidemment plus.
Général
Là, c'est beaucoup plus simple : le mot est l'abréviation d'officier général. C'est un militaire de rang élevé qui commande une unité importante. Leur haut rang ne les protège pas d'ailleurs d'un éventuel "limogeage" par caprice, comme pour le général Pierre de Villiers, obligé de démissionner à la suite d'un désaccord avec notre bien-aimé chef de l'État.
Il y a une constellation de généraux qui brille dans notre firmament militaire avec leurs étoiles, selon qu'ils sont généraux de brigade (2 étoiles), de division (3), de corps d'armée (4), d'armée (5). Les maréchaux, eux, ont droit à 7 (sept, chiffre magique) étoiles.
On trouve aussi dans un ordre religieux le supérieur général des jésuites, en abrégé général des jésuites. C'est vrai que dans cet ordre, tout marche à la baguette. Notre très saint père actuel, le vénéré Jorge Mario Bergoglio, S.J., devenu pape sous le nom de François Un, est issu de la compagnie de Jésus. Être jésuite, ça mène à tout. Ça rappelle à l'auteur cette histoire qu'on chuchotait durant la Guerre froide. Le Vatican, inquiet de ce qui se passait derrière le Rideau de fer, envoya un jésuite en mission à Moscou. Une année se passa, puis deux, puis trois, puis cinq. Rien, pas de nouvelles. Jusqu'à ce qu'un beau jour le Vatican reçoive un télégramme émanant du jésuite : « Suis devenu chef du KGB. Attends instructions ».
Général vient du latin genus, generis : genre, et aussi race — ce qui a donné gendre, engendrer, génération, etc. Avec l'adjectif genralis : qui est commun à un genre, qui concerne la plupart. Vers une nouvelle théorie du genre ?
Colonel
Le colonel, c'est dans l'armée celui qui commande un régiment. On trouve dans ce sens l'ancien mot coulonnel, celui qui dirige une colonne de soldats. Latin colona : colonne, et aussi troupe (de soldats) ; italien colonello : chef de colonne.
Diminutif : colon, comme dans l'expression Ben, mon colon !, marquant l'étonnement ou une admiration ironique. Colon n'a rien à voir avec le côlon, dont l'étymologie xῶλον (kôlon) est en rapport avec un membre, une partie de quelque chose — ici, de l'intestin, quoique certains pensent que leur colon a été chi*nt avec eux quand ils faisaient leur service armé. Pourtant, par affection, on désigne souvent le colonel comme le "père du régiment".
Lieutenant-colonel
Le grade de lieutenant-colonel est immédiatement en dessous de celui de colonel, auquel il sert d'intermédiaire, ou qu'il peut remplacer si ce dernier n'est pas disponible ; Il tient lieu (lieu-tenant) de colonel
Voir à lieutenant plus bas.
Commandant
De même que le chef est fait pour cheffer, selon Jacques Chirac, le commandant est fait pour commander. Il est à la tête d'une troupe. Le commandant est le premier grade des officiers dit supérieurs — ce qui commande le respect.
Le mot vient du latin cum + verbe mandare : envoyer demander, donner comme mission. donner mandat, puis donner l'ordre de. Le commandant donne donc des ordres.
Capitaine
C'est un officier qui commande une compagnie ou un escadron, soit environ une centaine de soldats. Le mot vient du latin caput, capitis qui signifie tête. Le capitaine est donc à la tête d'une troupe. Caput a également donné l'adjectif capital : ce qui est en tête, ou le substantif capitale : ville en tête d'un pays.
Humoristiquement ou par dérision, le mot capitaine par aphérèse donnera pitaine : c'est symbolique, car on coupe le début (= la tête) d'un officier supérieur.
Il existe aussi des capitaines d'industrie : ils ne commandant pas des troupes, mais souvent des armées d'employés ou de travailleurs. Ils sont à la tête d'une entreprise : finances, industrie, voire spectacle.
Lieutenant
Le lieutenant est un grade militaire en dessous de capitaine, et il signifie ; celui qui tient un lieu, une place. Placé en dessous d'un chef militaire, il peut le remplacer — lui tenir lieu — si besoin est.
Dans la royauté, le lieutenant général occupait les fonctions du roi quand ce dernier n'était pas présent ou disponible. C'était aussi un titre que prenaient certains grands officiers.
En dessous des lieutenants sont les sous-lieutenants, comme leur nom l'indique. Dans les régiments, ils sont chargés des détails du service et de l'instruction.
Brigadier
C'est un officier de gendarmerie (les gendarmes, rappelons-le, sont des militaires) qui commande une brigade, et qui est chargé de veiller à l'ordre public. Le mot vient de l'italien brigada : troupe.
On passe maintenant au sous-embranchement des officiers, c'est-à-dire aux sous-officiers.
Major
C'est un grade récent (1972). L'auteur ne sait pas trop à quoi correspond un major ; peut-être que monsieur Lecornu, ministre des Armées, sait quelle fonction il occupe. Il va falloir le lui demander.
Major vient du latin major, comparatif de l'adjectif magnus : grand. Les Angliches ont un lord-mayor ou lord maire. Le mot français maire lui-même est une altération phonétique de major : plus grand, supérieur.
Adjudant et adjudant-chef
Un adjudant est un sous-officier d'état-major chargé du service intérieur, de la logistique, des transmissions et de l'exécution des ordres. Certains ont acquis une exécrable réputation de vacherie ; ce sont nos sympathiques "juteux".
Le mot vient de l'espagnol ayudante : aide, du verbe ayudar : aider. Du latin adjudare, même sens. La première fonction des adjudants était en effet celle d'aide de camp. Cf. l'adjectif adjuvant : qui aide. Un adjuvant puissant n'est pas un adjudant aux performances sexuelles éblouissantes, mais un remède très efficace.
Théoriquement, au bout de dix ans d'ancienneté, un adjudant peut passer adjudant-chef. Il a à peu près les mêmes attributions qu'un lieutenant.
Sergent et sergent-chef (maréchal des logis et de maréchal des logis chef)
Ces militaires avaient les titres de maréchal des logis et de maréchal des logis chef, parce qu'anciennement ils étaient affectés aux écuries. On a vu l'étymologie de maréchal plus haut.
Quant à l'étymologie de sergent, elle vient de l'italien servente ; du latin servientem, verbe servire ; servir. En ancien français, le sergent était un serviteur ou un homme de confiance d'un seigneur. C'est devenu par la suite un officier de justice ou de police (cf. l'expression sergent de ville pour désigner un agent de police). Le sergent, c'est celui qui sert dans l'armée et dirige des soldats.
Hommes de troupe
Familièrement appelés "troufions", mot venant de troupier, croisé avec troufignon (postérieur, trou du c…).
Régiment
Le mot vient du latin regimentum, dérivé lui-même du verbe regere : dresser, mettre droit, diriger. Régiment a d'abord signifié direction, gouvernement, chose administrée, puis corps de troupe.
La racine regere est très prolifique ; elle a donné des mots comme rectifier, rectitude, diriger, direction, directeur, ériger, érection, roi (en latin rex, regis), régime (diététique ou politique), rectangle, etc.
Bataillon
De l'italien battaglione, dérivé de battaglia : bataille. Du latin battalia : combat d'escrime, dérivé du verbe battuere : battre. Cf. en anglais to beat : battre.
Militaire
Du latin militaris : qui concerne la guerre, venant de miles, militis : soldat.
Soldat
Le mot soldat désigne un militaire non gradé qui touche une "solde" (une paye), mot emprunté à l'italien soldo, mot lui-même venant du latin solidus : pièce d'or, ducat (Gaffiot).
Ne pas confondre avec le solde ou complément d'une somme. L'étymologie est cependant la même(solidus).
Fantassins
Le mot a ét emprunté à l'italien fantaccino : fantassin, venant de fante, forme abrégée de infante, proprement : jeune guerrier, enfant, petit garçon, du latin infans, infantis : enfant, llittéralement celui qui ne parle pas (racine : for, faris : parler) .