L’autre amérique, quelques livres

par alain fernandez
mercredi 3 août 2005

Quelques bouquins que j’ai lus récemment...

Une vision des US que j’aime bien, bien loin de l’image manichéenne que l’on peut percevoir depuis l’Europe lorsque l’on ne creuse pas assez... Bien loin des va-t-en guerre de toutes natures, bien loin de la course à la performance et de la hi-tech avec ses vrais capitalistes à la Bill Gates et ses faux rebelles à la Steve Job, bien loin d’un cinéma du fric, où la destruction systématique constitue le fondamental du scénario. Non. Là ce sont des bouquins qui parlent des hommes, les vrais.

Commençons par Dan Fante, « La tête hors de l’eau »

Dan Fante, est le fils de John Fante, un auteur génial, qui toute sa vie attendit le succès, le vrai, le grand, et ne fut qu’un des x scénaristes d’hollywood. Il a fini aveugle et malade. Bukowski avait découvert ses livres (Ask to the dust, Bandini...) dans une bibliothèque municipale. Depuis, c’est un auteur de référence. Mais ce n’est pas de John mais bien de Dan son fils dont je souhaite vous parler. Dan Fante est représentatif d’une autre Amérique, celle des petits mecs. Ce n’est pas vraiment Tom Cruise, au regard dévastateur et accessoirement porte parole de la scientologie. Non. c’est un de ces américains un peu déphasés (pour nous français en tout cas) qui doit survivre et essayer de s’arranger avec la société et ses propres démons. Ses métiers ? Laveur de carreaux sur les gratte-ciels de New-York, télévendeur, représentant en porte à porte. Dan Fante les a réellement exercés. Il nous le raconte avec âme et passion. « Dans la rue, j’ai eu comme un éclair de compréhension. Ma vrai difficulté, mon problème, ce n’étaient pas mes accès de dépression ou mon alcoolisme ou mes échecs professionnels, ni même la peur inexprimée d’etre un foutu cinglé. Mon problème, c’était les gens. Et il y en avait partout. » Extrait La tête hors de l’eau Dan Fante 10/18

Le second auteur : Brady Udall « Lachons les chiens »

On change de lieu. On quitte la mégapole pour vivre le quotidien des éleveurs, dans les rudes contrées du Montana. Là où le thermomètre descend bien plus bas que l’on ne peut l’imaginer, là où la télé ne pourra jamais remplacer la cruelle beauté des paysages...Là où la rudesse des hommes, cow-boys d’aujourd’hui, héritier des cow-boys d’hier, est une exigence de survie. Pas de place pour les faibles, pas de place pour ceux qui montre leurs sentiments. L’insensibilité est de rigueur. Leur univers : une valise avec quelques photos, glissée sous le lit. Un peu de chasse, de temps à autre, et le bordel le dimanche sont les seuls loisirs. Pourtant les passions existent, sous la carapace, ce ne sont que des hommes... Lachons les chiens Brady Udall 10/18 247 pages

Le troisième : Elwood Reid « Ce que savent les saumons »

Un recueil de nouvelles d’un homme en Alaska. Des instantanés de vie présentés sous forme de courts récits selon une tradition littéraire bien américaine. Une peinture réaliste du quotidien de ces hommes, travailleurs manuels dans la rudesse de l’Alaska. L’éditeur, sur la 4ème de couverture, rapproche l’auteur de Steinbeck ou de London. Bon. Pourquoi pas ? Bien qu’à mon avis, si l’on cherche des ressemblances et analogies, l’auteur est peut-etre un peu plus dans le style de D. Parker, Carver voire d’Hemingway ...

Ce que savent les saumons Elwood Reid Le livre de poche 250 pages

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