Le temps des surprises

par olivier cabanel
lundi 29 avril 2024

Tout le monde connaît la belle chanson de Jean-Baptiste Clément, « le temps des cerises », mais on sait moins que cette chanson, née des évènements de La Commune de Paris, évoque bien plus que le petit fruit rouge du mois de mai, et n’est pas seulement une chanson d’amour...

En effet, en 1866, l’auteur avait vécu le dramatique épisode de la Commune, et sa chanson s’est voulu surtout un espoir de renaissance de ces temps de liberté. Lien

Par contre, on sait moins qu’il existe 2 versions de cette célèbre chanson, la première avait un caractère révolutionnaire évident : « pandores idiots, (les flics) magistrats moqueurs, seront tous en tête. Les bourgeois auront la folie en tête, à l’ombre seront poètes chanteurs ! Mais quand reviendra le temps des cerises, siffleront bien haut chassepots (fusils) vengeurs  »…

Quant à la deuxième version, Clément, réfugié en Belgique, la dédia à une belle ambulancière de la Commune, dont il était amoureux …

...et si on veut lire entre les lignes, on découvre que « la plaie ouverte », que «  les cerises d’amour tombant en gouttes de sang », ainsi que « les belles » (les balles) « qu’il vaut mieux éviter », prennent une tout autre signification. lien

Plus près de nous, Charles Trenet, dont la vie sentimentale posait question, avait écrit : «  je t’attendrais à la porte du garage  »...dévoilant plus tard un sens caché : « je tâte André, à la porte du garage. », chanson dédiée à son amant de l’époque. lien

Remontons un peu dans le temps pour découvrir d’autres chansons, pour lesquelles il faut aussi lire entre les lignes…

Prenons par exemple le cas de la célèbre comptine « au clair de la lune »…

Sous des aspects innocents, cette chanson est surtout une chanson libertine…

quand l’on sait que l’expression « battre le briquet  » signifie faire l’amour, et quand Lubin se rend chez la voisine de l’ami Pierrot, il va y chercher l’amour la priant de lui ouvrir sa porte. lien

Quant à la chandelle « ma chandelle est morte, je n’ai plus de feu  », elle prend alors une tout autre signification en forme de débandade...lien

Il en va de même avec « nous n’irons plus au bois »...chanson qui fait surtout référence à la fermeture des maisons de passe, et aux pratiques de libertinage, courantes déjà sous Louis XIV... la réalité de ces maisons étant signalées par une couronne de laurier, gravée sur leur fronton (les lauriers sont coupés)

La phrase « sautez, dansez, embrassez qui vous voudrez » prend alors un tout autre sens. lien

Et si les lauriers ont été coupés, c’était sur ordre du Roi, qui pour empêcher ses soldats de fréquenter les bordels, où ils attrapaient des maladies vénériennes, les avait fait fermer...mais le peuple va passer outre : « les lauriers du bois sont déjà repoussés ».

On pourrait aussi évoquer « il était une bergère », cette bergère qui « tue son petit chaton  », sauf que l’expression « laisser le chat aller au fromage » signifiait alors perdre sa virginité avant le mariage...lien

D’ailleurs à la fin de la chanson, la bergère, pour se faire pardonner, va se confesser...et le prêtre lui propose « nous nous embrasserons », « la pénitence est douce, nous recommencerons  »… lien

Rien de nouveau sous le soleil donc…

L’occasion d’évoquer aussi la chanson «  il court, il court, le furet », chanson apparemment anodine, sauf qu’elle était dédiée à un ecclésiastique qui avait mauvaise réputation : le cardinal Dubois en l’occurrence, (conseiller de Philippe d’Orléans, lui même neveu de Louis XIV), lequel abbé était plutôt porté sur la bagatelle…

Saint-Simon décrivait l’ecclésiastique ainsi : « tous les vices combattaient en lui... la débauche, l’avarice, étaient ses dieux... ». lien...

Ce qui a incité un troubadour taquin à cacher dans le titre une contrepèterie : « il fourre, il fourre, le curé »… lien

Dans le même ordre d’idée, on pourrait aller du coté de Jeanneton, qui prend sa faucille...et découvrir qu’il s’agit d’évoquer ni plus ni moins que d’un viol en réunion…

En effet, quand elle part « couper du jonc », le jonc étant le sexe masculin, elle se trouve en face de 4 garçons, ...le premier l’embrasse sur le menton, le second la couche sur le gazon, le troisième lui relève son blanc jupon, et ce que fait le quatrième « n’est pas dit dans la chanson ».

La morale de la chanson pose question, car si elle affirme « que les hommes sont des cochons », quid de la suite qui prétend « que les femmes aiment les cochons  » ? lien

De la comptine au conte il n’y a qu’un pas, et grâce à Patrick Burensteinas, un écrivain, de formation scientifique, auteur de nombreux ouvrages, qui dans sa production s’est orienté progressivement de la physique à la métaphysique, et de la chimie à l’alchimie, (lien) regardons de plus près le conte de Blanche Neige

Entre le miroir de la reine qui réfléchit...dans les deux sens du mot, puisque le miroir réfléchit, mais il parle aussi, et grâce aux frères Grimm, on découvre petit à petit que ce conte soi-disant pour enfant, est en fait un conte alchimique…

Rappelez-vous : lorsque Blanche Neige s’enfuit dans la forêt, menacée de mort par la Reine, elle passe par le minéral, le végétal et l’animal...en même temps la sorcière, mandatée par la reine, a besoin des preuves de la mort de Blanche Neige, et demande à un chasseur vert, le vert étant la couleur des choses cachées, (et celle de Lucifer), de lui ramener le foie et les poumons de celle-ci.

Or la Reine-sorcière est en train de faire « l’œuvre », pour laquelle il lui faut décomposer la matière première, soit le sel, le souffre et le mercure…

Pourquoi les poumons ? Le poumon c’est aussi le souffle donc, le souffre aussi…

Le foie ?... c’est le siège de la foi ... le mercure celui de l’esprit... sans la foi, l’âme erre, (amer) et finit par mourir (l’amer-tumeur)… dixit Burensteinas.

Quand au sel, il scelle...et ré-associe le souffre et le mercure, permettant la réalisation de la pierre philosophale...…

Séduit par Blanche Neige, le chasseur tuera finalement un jeune sanglier, sur lequel il prélèvera le foie et les poumons, permettant de lier le sang...le sang-lié...Blanche Neige, après avoir franchi les 7 montagnes d’airain, l’airain étant le bronze, le bronze qui résonne/raisonne aussi, nous met au diapason, en accord afin de trouver l’uni-son..., elle y rencontrera 7 nains, en réalité 7 gnomes... (gnose=connaissance)… 7 gnomes... les 7 états, les 7 étapes, les 7 métaux... le travail des 7 nains étant de creuser la terre, afin de trouver les matières précieuses nécessaires à la réalisation de l’œuvre... et quand Blanche Neige pénètre dans la maison des nains, elle mange dans chaque assiette, elle boit dans chaque verre, franchissant ainsi, l’une après l’autre, les 7 marches afin de se purifier... puis elle se repose, ayant bizarrement trouvé un lit à sa taille... or, le repos est aussi l’étape finale, car il faut laisser reposer la préparation...et tout le conte est à l’unisson : le 7 est le chiffre qui revient inlassablement en alchimie : calcination, dissolution, séparation, conjonction, fermentation, distillation, et coagulation, (lien) mais il y a aussi les 7 métaux : l’or, l’argent, le mercure, le plomb, l’étain, le fer, et le cuivre...lien

On le voit, il s’agit bien d’un conte alchimique... et c’est donc le moment de le relire plus attentivement pour découvrir tous les sens cachés de ce conte soi-disant pour enfants. lien

Quant à la pomme empoisonnée, la pomme étant comme on le sait le fruit de la connaissance... bien connu d’Adam et d’Eve...

et il n’y a pas que Blanche Neige, il y a aussi Cendrillon, dont Burensteinas nous décrit dans cette vidéo, le sens caché...

comme dit mon vieil ami africain : «  l’oiseau qui chante ne sait pas faire son nid ».

la photo illustrant l’article vient de Luberon apt.fr

Merci aux internautes pour leur aide précieuse

Olivier Cabanel

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