Netanyahou : en hébreu veut dire « Dieu a donné »

Un vendredi 13… De juin, attaque « surprise » sur l’Iran par 200 avions israéliens. Des « cibles » présélectionnées doivent être exécutées : membres de l’état-major et scientifiques de l’atome, aucun n’en réchappera, femme et enfants inclus. Sites nucléaires et bases militaires seront bombardés. Mais pourquoi ?

Début avril 2025, un 1er round de négociations visant à parvenir à un accord de paix nucléaire suite à une lettre du président Trump au guide suprême Ali Khamenei.[i] Le 19 avril, à nouveau des discussions. Cela est suivi par un troisième cycle de haut niveau une semaine plus tard, et une réunion des experts pour élaborer un cadre pour un éventuel accord nucléaire. Les discussions entre les US et l’Iran vont être décrites comme constructives… Et tiennent Netanyahou en dehors du jeu, ce qui ne fait pas ses affaires, car, dans son pays ça renaude, les pays européens commencent à le lâcher, Trump se fait « discret », et la mobilisation pour gaza de plus en plus présente. La France a menacé de reconnaître la Palestine fin juin lors de la réunion de l’ONU. À ce moment-là, le Premier ministre israélien est dans de sales draps. 

Netanyahou doit reprendre la main. 1) faire remonter sa cote de popularité auprès de ses concitoyens et éloigner les poursuites judiciaires dont il est la cible. 2) Faire retourner leur veste à ses détracteurs européens. 3) Éloigner les regards sur Gaza. 4) Faire que la France change ses plans à propos de sa reconnaissance de la Palestine. En moins de temps qu’il ne faut à une crêpière bigoudène pour retourner une crêpe ; Bibi s’en charge et le billig surchauffe ! 

Un politicard, c’est d’abord un joueur. Grâce à l’attaque contre l’Iran, cela l’aidera réussi à faire oublier pour un temps, les difficultés qui l’assaillent. A commencer par les crimes de guerre dans la bande de Gaza alors que plus des deux tiers de sa population demandent un accord avec le Hamas pour la libération de tous les otages. Les massacres à Gaza accentuent les divisions intérieures et l’isolement grandissant sur la scène internationale.[ii] Le mouvement antiguerre gagne en popularité dans le pays. Il y a la grogne qui ne cesse de monter parmi les centaines de milliers de réservistes contraints de quitter leur travail et leur famille pour crapahuter pendant des mois et mettre leur vie (et âme) en danger en participant au génocide ; alors que les partis ultra-orthodoxes de la majorité restent exemptés de service militaire. Quant à la plupart des médias, ils accusent le Premier ministre de vouloir poursuivre la guerre uniquement pour assurer sa survie politique,[iii] tandis que deux formations d'extrême droite de la majorité menacent de faire tomber le gouvernement en cas d'arrêt des combats contre le Hamas. Pour compléter le tableau, le Premier ministre reste inculpé de corruption, fraude et abus de confiance et doit comparaître trois fois par semaine devant un tribunal de Tel-Aviv et y subir des interrogatoires. Si bien que cette intrusion en territoire iranien a eu un effet soufflant sur ses tourments ! Et avouons le, il a la carapace ultra solide le vieux crocodile…

C’est bien connu, lorsqu’un pays entre en conflit, la population par réflexe fait bloc et se resserre autour de son leader, aimé ou mal aimé ; se souvenir de George W Bush en 2001. Ça a pour résultat que la très grande majorité des Israéliens soutiennent cette offensive et semblent prêts à en payer le prix, même s'ils doivent se précipiter régulièrement dans les abris au son des alertes et voir leurs villes et sites stratégiques démolis par des missiles supersoniques qui font la nique au « dôme de fer ». Un politicard, c’est un retourneur de veste. Avant l’attaque que ce soit les politiques ou les médias internationaux, on sentait le vent tourner pour l’Israélien.[iv] Même au niveau local français, des dockers de Marseille refusaient de charger un bateau israélien convoyant des pièces d’armements. Puis, la régate faite par Rima Hassan devant gaza et son brouhaha médiatique. Quelques semaines avant, les capitales européennes avaient changé de ton vis-à-vis du gouvernement israélien, sous la pression notamment de leurs opinions publiques, indignées par l’anéantissement de zones d’habitation, l’attaque contre les membres du personnel humanitaire, les journalistes, mais également le blocage, puis le déblocage au compte-gouttes et dans le chaos, de l’aide humanitaire à une population palestinienne affamée et forcée régulièrement de migrer d’une zone à l’autre. Finalement, un an et demi plus tard les politiques réalisaient l’horreur, bien après leurs administrés… Bref, ça commençait à sentir le roussi pour Bibi.

Pirouette, mitraillettes ! Trop fort ce Bibi là ! En créant le narratif d’une « attaque préventive pour se prémunir de ce danger existentiel », phrase répétée sur tous les tons dans les chancelleries et les plateaux TV (le Pen, Jérôme Guedj etc). Macron laisse tomber la reconnaissance de la Palestine et les accords entre Trump et l’Iran sur le nucléaire repoussés aux… Faire dire aux trois capitales que sont Berlin Paris et Londres « qu’Israël a le droit de se défendre  »…[v] Alors que c’est justement lui qui a attaqué Bravo !!! Non-content de transformer le réel, il dicte l’histoire à sa sauce, arguant que l’Iran était prêt à obtenir sa bombe sale… Que lui-même possède depuis longtemps et refuse les inspections de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) car n’ayant pas signé l’accord de non-prolifération, alors que l’Iran l’a signé et a accepté de nombreuses inspections. Enfin, une petite pincée de religion par-dessus comme tout bon machiavel. Il invoque lors d’une allocution télévisée, pour justifier la destruction du Hamas, un texte majeur de l’Ancien Testament, le Livre d’Isaïe qui aborde la déportation du peuple juif à Babylone et son retour, ainsi que la reconstruction du temple de Jérusalem. Il s’est même permis en bon bonimenteur de donner une citation qui a dû réjouir les membres extrêmes du likoud « Nous sommes le peuple de la lumière, eux sont le peuple des ténèbres, et la lumière doit triompher sur les ténèbres. Nous réaliserons la prophétie d’Isaïe. »[vi] Pour info, « les ténèbres », ce sont nous, les non-juifs. Le dernier plan du malade mental, c’est d’assassiner le guide suprême Ali Khamenei,[vii] contre l’avis de Trump. Doit en avoir marre le Donald de se farcir ce psychopathe à longueur de sommets.

En engageant son pays dans un conflit d’ampleur avec l’Iran, le Premier ministre joue, une fois encore à pile ou pile. Une surenchère avec le risque de s’engager dans une voie périlleuse pour lui, son pays et cette partie du monde, car, d’avoir bombardé un site d’installations nucléaires qui ne devrait jamais être attaqué, quel que soit le contexte ou les circonstances, tant pour les populations que l’environnement qui pourraient en pâtir. Ces attaques sont lourdes de conséquences pour la sûreté, la sécurité et les garanties nucléaires, et nuisent également gravement à la paix et à la sécurité régionale et internationale.[viii] Quant à lui Bibi ? Il s’en fout ! Et demande avec insistance à Trump la livraison de la bombe GBU-43/B Massive Ordnance Air Blast Bomb…[ix] Capable de faire exploser l’arsenal nucléaire enterré sous des dizaines de metres… Comptez que l’après Bibi sera le déluge, car « dieu à donné »…

Georges ZETER/juin 2025

Vidéo  : LA MACHINE À PROPAGANDE EST LANCÉE : LE PLAN INQUIÉTANT DE NETANYAHU CONTRE L'IRAN (LE RÉCAP)

Dernière minute : nos duellistes de l’absurde, Macron et son Nono Barrot qui déclarent : « que la France serait sur le point d'apporter son soutien miliaire à Israël. Que nous nous tenons prêts à contribuer à la protection d'Israël. »… Décidément entre l’Ukraine et l’Israel, c’est un don de choisir le mauvais bourrin !