Bayrou contre Royal ? voulez-vous tuer la démocratie ?

par Bernard Dugué
vendredi 27 avril 2007

Cette fois je ferai un billet court, un coup de gueule, juste pour mettre l’accent sur quelques traits de caractère perçus chez nombre d’internautes qui commentent, ici ou ailleurs, les événements et rebondissements de la campagne présidentielle. Notamment à propos du futur débat entre Royal et Bayrou, qui se fera ou pas, le tout sur fond de spéculation sur qui va avoir qui, quel sera le parti qui bouffera l’autre, qui va phagocyter qui, quelle sera la chute de l’un de l’autre, qui triche, qui est duplice.

Sachez que ce n’est pas une conception saine de la politique. C’est même ce qui mine notre démocratie. Des jeux funèbres comme on dirait, en reprenant le titre d’un ouvrage sur les cités grecques après la mort d’Alexandre. D’ailleurs, Mitterrand, présent parmi nous sur son blog, évoque ces stratégies politiciennes, imaginant que le centre, devenu appui du PS comme le PC le fut au moment d’Epinay, sera amené à décliner comme le parti de Marchais et Buffet. Certes, l’analyse de Tonton est subtile (comme la mienne publiée avant) et montre comment se firent et défirent les compositions politiques depuis trente ans et plus ; mais maintenant, les choses peuvent changer, d’autant plus que je réfute l’analyse de Tonton.

Et donc, je préfère un pari, que les uns diront pascalien, sur des bonnes intentions de part et d’autre, faire confiance, une fois, avec des politiciens jouant une partie nouvelle. Leur accorder confiance, attendre, voir les résultats et cesser de jouer à ces petits calculs politiciens de bas étage. Si nous, citoyens, nous prêtons à ce jeu, ou du moins témoignons quelque intérêt, tels des supporters commentant des matchs truqués, alors, ne nous plaignons pas de voir le spectacle se poursuivre et les politiques se comporter comme des calculateurs.

N’avez-vous pas compris qu’en pariant sur un Bayrou qui éclaterait le PS ou un PS qui absorberait le centre ou cocufierait Bayrou, c’est l’alliance, le bloc démocrate qui en prend un coup ; ce qui ouvre la voie à la suprématie d’une droite brutale, implacable, alignée sur les républicains américains. Voilà pourquoi je soutiens Royal pour le 6 mai après avoir soutenu Bayrou et que pour les législatives, j’en appelle à une alliance entre le Centre et le PS, moyennant des accords préalables dans beaucoup de circonscriptions. Le PS est affaibli mais encore fort, le centre est neuf, il peut devenir fort, de ces deux forces la France à tout à gagner. Qu’une des forces se constitue au détriment de l’autre et c’est la fin d’un espoir démocratique. Si c’est cela que vous voulez, vous tirer une balle dans le pied démocratique, alors ne vous gênez pas ; mais sans moi !

L’esprit du centre est simple à comprendre. Bayrou a ouvert un espace. Sur cet espace encore vierge il est possible de bâtir une force, un édifice de gouvernance pouvant être la seconde composante d’un attelage avec le PS. Mais bâtir dans le sens humaniste, c’est aussi habiter, incarner cette force politique en offrant un peu de son âme. Bref, rien à ajouter. Ceux qui veulent comprendre ont compris et avanceront, ceux qui s’en tiennent aux jacasseries nihilistes feront du surplace. A vous de choisir.

Pour ma part, je décide d’accorder ma confiance à Royal et Bayrou, au PS ET au Centre. D’ici cinq ans je jugerai. Et cette fois, ce sera sans aucune concession ni indulgence. Car nous ne sommes pas dupes.


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