CPC, maladresse vers l’échec
par Angedamon
jeudi 12 avril 2007
Cet appel est lancé par un militant jeune socialiste à la suite des propos de Ségolène Royal sur un « Contrat première chance », une provocation à la jeunesse.
Le 10 avril 2006, la jeunesse célébrait la victoire d’un mouvement social de grande ampleur, en faisant reculer le gouvernement et l’Etat sur la question du Contrat première embauche.
Malgré le fait qu’elle soit consciente qu’elle sera la première génération depuis un siécle à vivre moins bien que ses parents, la jeunesse n’accepte pas cette réalité comme une fatalité mais a montré par la force de la mobilisation qu’elle est déterminée à défendre son droit à l’avenir.
La jeunesse a su se montrer digne face à un contrat qui confirmait par la loi la réalité sociale faisant de l’individu une variable d’ajustement pour les profits des entreprises aux dépens d’une juste répartition des richesses produites.
Le recul du gouvernement sur le Contrat première embauche n’a cependant pas permis le retrait du Contrat nouvelle embauche destiné lui à l’ensemble des salariés et qui touche en premier lieu les jeunes diplômés.
Hélas, il est triste de constater que la candidate naturelle du débouché politique de cette formidable mobilisation reprend maladroitement le concept. Le Contrat première chance n’est qu’une pâle copie du CPE/CNE (voir du CIP, combattu par les générations précédentes), ; il tend à faire croire que le chômage et la sous-qualification ne sont dûs qu’au seul fait de l’individu et non d’un systéme de consommation et de production capitaliste. Dont l’unique but est le profit rétribuant actionnaires et propriétaires des entreprises.
L’échec scolaire trop important dans nos sociétés occidentales est, en partie, le fruit d’une société de consommation, où tout doit être immédiat. Une formation nécessitant du temps, de la patience, elle est à l’opposé de ce souci consumériste de l’immédiateté. Bercé à longueur de journée par le discours comsumériste, le travail des enseignants est des plus difficiles : comment convaincre et capter l’attention des jeunes quand tout ce qui est en dehors de l’école, dit le contraire ?
Notre éducation nationale a tellement le souci depuis plus d’un siécle de vouloir produire les nouvelles élites qu’elle laisse à la marge, sur la dérive, bon nombre de jeunes qui ne se conforment pas au moule de la normalité ou de la majorité. La difficulté est grande d’essayer de prendre en compte les individualités quand on gére une masse.
Le contrat première chance, répond à une volonté de vouloir faire « tout de suite » le changement. Le changement de condition, pour de nombreux jeunes marginalisés sera certes rapide. Mais aura-t-il un impact sur le long terme ? Quelles sont les contreparties des entreprises ? Quelles seront les obligations et qui vérifiera leur stricte application ?
Bon nombre de jeunes qui ont commencé leur engagement politique au lendemain du 21 avril 2002 et l’arrivée d’un candidat d’extrême droite ont aujourd’hui fait le choix de soutenir Ségolène Royal, au nom du vote utile. Cette même génération s’est battue pendant cinq ans contre l’extrême droite, contre la guerre en Irak, contre la réforme des retraites, contre l’autonomie des universités, contre la loi Fillon, contre les expulsions d’immigrés, contre le CPE.
Au nom de cette génération, il n’est pas digne pour une candidate de gauche de répondre à la jeunesse, pleine d’espoir pour l’avenir, par cette provocation qu’est le Contrat première chance. L’impératif du devoir de victoire en 2007 pour la gauche ne doit pas conduire à l’abandon des attentes de cette jeunesse.