De la fierté d’être de droite (selon moi ...)

par Icks PEY
samedi 21 avril 2007

« Vous n’avez pas le monopole du coeur » disait VGE en 1974 à Mitterrand. Cette phrase reste malheureusement d’actualité et nombreux sont ceux qui sont convaincus (parfois de bonne foi !) que la générosité et l’éthique seraient forcément « de gauche » quand la cupidité et l’égoïsme seraient inéluctablement « de droite ». Par cet article, je ne prétends convaincre personne mais juste m’inscrire en faux face à ce que j’estime être un « racket moral ».

Bien sûr, la première erreur serait de prétendre donner une réponse à la question "Qu’est-ce qu’être de droite ?". Telle n’est pas mon ambition. J’aimerais juste mentionner quelques éléments factuels (forcément polémiques) qui m’amènent à me considérer comme de droite et à en être fier. Mais cela ne serait jamais que ma perception de mon positionnement et je me garderai bien d’en faire une généralité. C’est pourquoi mon titre est accompagné de cette réserve : "selon moi" ...

Mon espace d’expression étant forcément limité, je me limiterai à deux points qui me semblent importants.

1. Immigration

Longtemps la gauche aurait souhaité que ce thème reste dans le domaine réservé du Front national. C’est tellement plus pratique. Et depuis longtemps le raccourci est vite fait lorsqu’on s’aventure imprudemment sur ce terrain-là. Et pourtant l’immigration ne me semble pas être un sujet tabou : cela concerne directement ou indirectement suffisamment d’individus pour ne pas la regarder de loin.

La conviction qui est la mienne est que la naïveté, cela a du bon, mais cela ne doit pas devenir une politique. Je crois qu’une majorité de Français souhaiterait sincèrement trouver des solutions généreuses aux flux migratoires. Mais nier les problèmes posés par une immigration incontrôlée me semble être à la fois irresponsable et "front-nationalogène". La France est plurielle et multiraciale. La France est le fruit de flux migratoires multiples et divers. C’est une richesse et un atout.

Cela étant dit, je crois également que la France ne dispose pas d’une capacité d’intégration et d’assimilation illimitée. Je dirai même qu’une telle utopie (France, terre d’asile) se retourne contre les populations immigrées elles-mêmes. L’immigration choisie de Sarkozy peut choquer, je le conçois. En même temps, entre l’immigration zéro à l’extrême droite et la régularisation massive à gauche, je crois que c’est encore le moins mauvais des dispositifs : assurer un flux migratoire maîtrisé afin d’intégrer une quantité de nouveaux arrivants en rapport avec nos capacités d’intégration. Le mieux est souvent l’ennemi du bien. Soyons réalistes sur nos capacités d’accueil et accueillons correctement ceux que nous sommes en mesure d’accueillir. Je crois que c’est ainsi que la société française sera plus accueillante, plus ouverte et moins raciste.

2. Fiscalité

Sujet tabou par excellence. J’ai moi-même écrit précédemment un article dans lequel je porte un avis plutôt raisonnable sur notre impôt sur le revenu. Amusant pour un électeur de droite, non ? Certains des lecteurs n’avaient pas compris que je parlais de l’impôt sur le revenu et non des prélèvements obligatoires dans leur ensemble. Ici encore je crois que la naïveté est mauvaise conseillère. De façon générale, je crois qu’être de droite, cela correspond au fait de penser que l’impôt est un mal nécessaire. Un mal car c’est avant tout un prélèvement sur un patrimoine personnel, c’est-à-dire une dérogation légale au principe de propriété privée. Nécessaire car la vie en communauté l’exige.

Alors que j’ai plutôt l’impression, en lisant certains articles ou commentaires, qu’à gauche, l’impôt serait plutôt vécu comme une sorte de satisfaction personnelle : "ouais, j’ai payé plein d’impôts !". A ces gens-là, j’ai envie de leur dire que si une générosité massive les démange, rien ne leur interdit de verser tout ou partie de leurs sous à des bonnes oeuvres. Ainsi satisferont-ils leurs besoins de partager leurs biens. Mais je ne crains pas que ma remarque ne soit pas accueillie à sa juste valeur car le taxophile est généreux mais souvent il exige que son voisin le soit aussi. Parfois même le taxophile voudrait que le voisin soit encore plus généreux qu’il ne l’est lui-même. C’est tellement plus commode d’être généreux avec de l’argent qu’on n’a pas gagné ! Ainsi en est-il de l’ISF. Ou encore les droits de succession. J’ai parfois le sentiment, mais je suis sûr que des commentateurs avisés me remettront sur le droit chemin, que la générosité, c’est une valeur de gauche, surtout quand c’est le voisin qui s’y colle !

Plus sérieusement, je crois quand même qu’il n’est pas indécent de fixer un seuil maximal de prélèvements obligatoires. Bien sûr, les riches gagnent beaucoup d’argent, bien sûr (sous réserve de définir le "riche", bien entendu). Bien sûr le riche possède encore énormément d’argent après avoir payé tout ce qu’il doit. Bien sûr. Il n’empêche que dans l’abstrait, il ne me semble pas sain qu’un contribuable verse 73% de ses revenus sous forme de taxe, impôt et autres prélèvements. Lorsque j’en arrive à travailler davantage pour la collectivité que pour moi-même, je crois qu’on a atteint un point qui mérite réflexion. Je parle ici du principe, pas des montants. Bien sûr, une immense majorité des Français aimeraient vivre avec 27% des revenus d’un millionnaire, voire milliardaire. C’est vrai et cela me concerne également. Mais je crois que c’est un raisonnement affectif et, donc, irrationnel. La vraie question rationnelle à poser est : jusqu’où doit/peut aller la solidarité nationale ? Et je crois que cette question doit être traitée avec d’autant plus de respect qu’il s’agit avant tout de l’argent des autres.

Bien sûr, il y aurait bien d’autres sujets à aborder, mais cela n’est pas possible dans un article que je ne souhaite pas excessivement long. Mais je pense notamment à la revalorisation de l’initiative privée qui, de mon point de vue, procure généralement plus d’efficacité à moindre coût que l’initiative publique. Je pense aussi à ce délicat équilibre que nous devons rechercher entre les libertés publiques essentielles et l’incontestable besoin de sécurité, à l’application d’un principe de précaution concernant l’adoption des homosexuels à l’heure où la communauté médicale reste très divisée sur la nécessité pour un enfant de grandir, dans la mesure du possible, dans un schéma parental associant un homme et une femme (n’est-ce pas le point de vue d’un dénommé Lionel Jospin  ?), sur la définition de la laïcité (acceptation et respect des convictions religieuses individuelles ou prohibition de toute manifestation de ces dernières hors espace privatif ?), etc.

Cela étant dit, j’aimerais conclure sur un appel à un peu plus de respect entre contradicteurs. A force de manipuler avec outrance des notions lourdes de sens que sont le fascisme, le racisme ou la dictature, cela contribue à les banaliser et donc à les vider de leur sens. Et je crois que c’est à force de dire que Sarko = Le Pen que des électeurs voterons plus facilement Le Pen. Or je crois que personne de la gauche et de la droite dite "républicaine" de ce pays ne souhaite un second 21 avril 2002. Si tel devait être le cas, je n’irai pas tellement loin pour trouver les pompiers pyromanes.

Bien cordialement à tous et que la participation soit la meilleure possible !

Icks PEY


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