L’Europe peut-elle relever le défi que lui lance Human Rights Watch ?

par Pierre R. Chantelois
lundi 22 janvier 2007

1. - Le vice-président américain Dick Cheney a affirmé dimanche 15 janvier 2007 que le Pentagone et la CIA ne violaient pas les droits civiques en examinant les comptes bancaires d’Américains et d’étrangers suspectés de terrorisme et d’espionnage aux États-Unis. Des lettres de sécurité nationale permettent au pouvoir exécutif des États-Unis d’avoir accès, sans l’accord d’un juge ou d’un grand jury, aux comptes bancaires de personnes suspectées dans des affaires de ce type. (1)

2. - La crédibilité américaine en matière de défense des droits de l’homme a été affaiblie par son traitement des terroristes présumés, et c’est désormais l’Europe qui devrait se porter en pointe sur ce dossier, a plaidé jeudi l’organisation Human Rights Watch (HRW). Commentant le rapport annuel de l’ONG publié le jour du cinquième anniversaire de l’ouverture de la prison américaine de Guantanamo, le directeur général de HRW, Kenneth Roth, a même évoqué le "décès de la crédibilité américaine" en la matière. [...] La torture et les mauvais traitements appliqués par les États-Unis découlent bien d’une «  politique dictée par la tête » et non «  d’une conduite aberrante de quelques spécialistes chargés des interrogatoires », a également dénoncé M. Roth. Il a surtout dénoncé la justification de la torture utilisée par la CIA, qualifiée par George W. Bush de technique d’interrogatoire « alternative ». (2)


3. - Le groupe de défense des droits de l’homme Amnesty International, basé à Londres, a appelé les puissances mondiales à «  faire pression activement sur les États-Unis pour qu’ils ferment Guantanamo et restaurent le respect du droit international ». Cinq ans après l’arrivée de plus de 750 suspects provenant de 45 pays, près de 400 personnes sont encore détenues dans le camp américain et aucune n’a fait l’objet d’un procès. [...] Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a appelé à la fermeture du camp de détention américain de Guantanamo, à Cuba, jeudi, jour du 5e anniversaire de l’ouverture de cette prison. «  Comme mon prédécesseur (Kofi Annan), j’estime que la prison devrait être fermée », a déclaré lors d’une conférence de presse M. Ban. (3)


4. - «  Je crois que ce que mon pays fait à Gitmo (Guantanamo en abrégé des Marines) et dans les autres camps de prisonniers est très antiaméricain. Si on traite les gens comme des animaux, on blesse tout le monde. Nous essayons d’attirer l’attention là-dessus », a déclaré à l’AFP la pacifiste Cindy Sheehan, mère d’un soldat tué en Irak. [...] (4)

5. - Une vidéo filmée récemment à Hébron, en Cisjordanie, montre une jeune femme colon insultant une Palestinienne et la traitant, notamment, à plusieurs reprises, en arabe, de charmouta (putain), un militaire israélien assistant à la scène sans intervenir. Le Premier ministre israélien Ehud Olmert s’est déclaré scandalisé  : « J’ai vu ce film et j’ai eu honte (...). Cette arrogance et cette brutalité ne peuvent être tolérées. » (5)

Une fois la constatation faite que les droits humains sont itérativement bafoués un peu partout dans le monde, que faire ?

La proposition de Human Rights Watch

« [...] En septembre, le président George W. Bush est allé jusqu’à défendre les prisons secrètes de la CIA et la torture, comparant celle-ci par euphémisme à « un ensemble de procédures d’interrogatoire alternatives ». [...] Puisque les États-Unis ne sont pas en mesure d’assumer un leadership crédible sur le plan des droits humains, les pays européens se doivent de prendre le, relais a déclaré Kenneth Roth, directeur exécutif de Human Rights Watch lors du lancement de son Rapport mondial 2007 à l’occasion de la date anniversaire de Guantanamo. « Pourtant, l’Union européenne évolue bien au-dessous de sa catégorie ». [...] Alors que la Chine et la Russie, en quête de ressources et d’influence, s’accolent à des tyrans, l’administration Bush se révèle largement incapable d’assumer le leadership en matière de droits humains. Mais plutôt que de reprendre le flambeau du leadership, l’Union européenne s’empêtre dans des procédures qui mettent l’accent sur l’unanimité en son sein et sur le principe de rotation au détriment d’une projection réelle de son influence en vue de protéger les droits humains » , explique l’essai introductif du document de 556 pages. (6)

 

L’Europe peut-elle relever ce défi ?



(1) (Yahoo)

 

(2) (Nouvel Obs)

 

(3) (http://www.spcm.org/Journal/spip.php?article5558)

(4) (http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=40807)

(5) (http://www.lorient-lejour.com.lb/page.aspx?page=article&id=331616)

(6) (http://hrw.org/french/)


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