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par politzer
samedi 5 avril 2025

Les marchés au bord du gouffre : un krach boursier en gestation ce 4 avril 2025 ?

Les bourses mondiales vacillent. En ce 4 avril 2025, le S&P 500 a perdu 10 % en une semaine, le CAC 40 fléchit de 3 %, et Tokyo comme Hanoï plongent respectivement de 4 % et 6 %. Une correction, certes, mais les investisseurs retiennent leur souffle : les ingrédients d’un krach boursier – une chute brutale et massive de 20 % ou plus – sont-ils réunis ? Analysons les forces en jeu, entre surévaluation, chocs externes et fragilités structurelles.

Une surchauffe boursière prête à craquer

Les marchés sortent d’une année 2024 euphorique : +27 % pour le S&P 500, dopé par la tech et l’intelligence artificielle. Mais cette ascension a un prix. Le ratio cours/bénéfices (P/E) du S&P 500 flirte avec 25, bien au-dessus de sa moyenne historique (15-18), selon Bloomberg. Les valorisations, surtout dans la tech (Nvidia, Tesla), évoquent les bulles de 2000 ou 1929. La correction actuelle (-10 %) pourrait n’être qu’un avertissement : quand les attentes dépassent les fondamentaux, une chute devient probable. Premier ingrédient : une surévaluation criante.

Trump, le pyromane des tarifs

Le déclencheur est là, et il s’appelle Donald Trump. Revenu au pouvoir en tant que président des États-Unis, il a dégainé une guerre commerciale tous azimuts : 10 % de droits de douane universels, 25 % sur le Canada et le Mexique, jusqu’à 60 % sur la Chine, effectifs dès avril. Objectif ? Forcer les entreprises étrangères à relocaliser aux États-Unis, relancer l’emploi et réduire le déficit commercial (1 200 milliards en 2024). Mais les marchés détestent l’incertitude. L’Union européenne, sous la présidence d’Ursula von der Leyen, promet des "mesures fermes" (1er avril), et la Chine menace de taxes à 34 % sur les produits américains (Boursier.com, 3 avril). Ce bras de fer rappelle le Tariff Act de 1930, dit Smoot-Hawley – porté par le sénateur républicain Reed Smoot et le représentant républicain Willis Hawley –, qui avait imposé des droits prohibitifs et précipité la Grande Dépression en déclenchant des représailles mondiales. Deuxième ingrédient : un choc externe puissant.

Une mécanique prête à s’emballer

Les marchés modernes sont des machines à amplifier. Les algorithmes de trading haute fréquence, qui dominent 80 % des volumes à Wall Street, peuvent transformer une baisse de 5 % en une cascade de 20 % via des ventes automatiques ("stop-loss"). Les fonds spéculatifs, endettés, risquent des appels de marge massifs, comme en 1987. Et la dette américaine – 36 000 milliards, avec 1 400 milliards d’intérêts annuels – ajoute une bombe à retardement : si la Chine ou le Japon vendaient leurs T-Bonds, les taux exploseraient, écrasant les actions. Jerome Powell, président de la Réserve fédérale depuis 2018, marche sur un fil : en audition au Congrès cette semaine, un mot de travers sur les taux pourrait être l’étincelle. Troisième ingrédient : un effet domino prêt à partir.

Une confiance au bord de la rupture

La peur gagne du terrain. La dette américaine, qualifiée d’"insoutenable" par Powell – banquier d’investissement devenu patron de la Fed – depuis 2024, inquiète. Le dollar, pilier du système, tremble face aux menaces chinoises. Les entreprises – tech, luxe, industrie – annoncent des perspectives floues, plombées par les tarifs. Sur X, les investisseurs s’agitent : "Trump va tout casser" ou "la Fed est coincée". Le VIX, baromètre de la volatilité, doit grimper (20 en mars, peut-être 40+ bientôt). Quand la confiance s’effrite, la panique devient autoréalisatrice – un classique des krachs, de 1929 à 2008. Quatrième ingrédient : une psychologie fragile.

Une économie sur des béquilles

Sous la surface, l’économie mondiale montre des fissures. L’OCDE table sur 3,3 % de croissance en 2025, mais les tarifs pourraient amputer 1 à 2 points (FMI, janvier 2025). L’inflation US stagne à 3 %, les ventes au détail chutent (-0,8 % en février), et les entreprises, déjà sous pression avec des taux élevés, risquent de plier si les exportations s’effondrent. Ce n’est pas une crise immédiate, mais un terrain miné, comme avant 2008 avec les subprimes. Cinquième ingrédient : une vulnérabilité sous-jacente.

Krach ou simple correction ?

Pour l’instant, à -10 % sur une semaine, on est dans une correction, pas un krach. Mais les cinq ingrédients sont là, frémissants. Il manque l’ampleur – une chute de 20 % d’un coup, comme les 8 000 points perdus en un jour sur le Dow en 1987. Le risque ? Que les représailles commerciales s’intensifient (Chine vendant 200 milliards de T-Bonds), que la Fed, sous Powell, hausse les taux au lieu de les couper, ou qu’une grosse boîte (tech, par exemple) s’effondre, entraînant le reste. Probabilité d’un krach dans les prochaines semaines : 30-40 %, selon l’évolution des tensions.

Qui va payer les pots cassés ?

Si un krach éclate, les victimes seront nombreuses. Les petits porteurs, ces épargnants qui ont investi dans des plans 401(k) – des comptes de retraite ( à points !!!) américains souvent placés en bourse –, verront leurs économies fondre, comme en 2008 où ces fonds ont perdu 37 % en moyenne. Les entreprises endettées, surtout dans la tech ou le luxe, risquent des faillites si le crédit se tarit. Les consommateurs américains paieront plus cher leurs produits importés (TV, voitures), avec une inflation dopée par les tarifs de Trump – jusqu’à 3 000 $ par foyer, selon le Peterson Institute (mars 2025). À l’international, les pays exportateurs (Chine, Allemagne) trinqueront si les États-Unis toussent. Et les ouvriers américains, que Trump promet de sauver ? Ils pourraient attendre longtemps : les usines ne se construisent pas en un jour, et les représailles étrangères (soja, bourbon) frapperont d’abord les États rouges. Les gagnants ? Les fonds spéculatifs qui parient à la baisse et les riches qui rachèteront à bas prix. Comme toujours, le chaos redistribue les cartes – rarement en faveur des plus faibles.

Et après ?

Un krach ne détruit pas les usines ou les stocks, mais il peut geler l’économie réelle : investissements stoppés, consommation en berne. Trump joue un pari risqué : relancer l’industrie US au prix d’un chaos temporaire. Si les marchés tiennent, il pourrait crier victoire. Sinon, 2025 pourrait entrer dans les livres d’histoire, aux côtés de 1929 – époque où Reed Smoot et Willis Hawley, sénateur et représentant républicains, ont cru protéger l’Amérique par des tarifs, pour mieux l’enfoncer. À suivre de près – très près.

 


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