Le miel amer de Le Pen
par Chrysalide
mardi 2 janvier 2007
Avril 2002, passage de Le Pen au second tour des présidentielles. Avril 2007, victoire de Le Pen aux présidentielles ? Je sais, c’est effrayant, indigne du pays des droits de l’homme, que d’avoir un président avec des théories racistes, sexistes et rétrogrades clairement étalées. Tout le monde en conviendra, sauf ceux qui, racistes comme lui, pensent que sa parole est divine. Mais si ce même homme se met à avoir un discours plus modéré, plus patient, et change ses grands mots d’avant par de petites expressions sucrées qui sonnent bien (faux) comme "préférence nationale" à la place de "la France aux Français" ou "Aime-la ou quitte-la" (laissé à d’autres personnes de droite dont on ne citera pas le nom). Eh bien, en ce cas, on pourrait croiser des Français que ces formules séduiraient. Horreur ! La nouvelle communication de Le Pen finirait par avoir raison de la France.
Car ces changements ne sont que des ronds de jambe destinés à mieux faire passer la pilule. Le Pen, à qui le discours franc et direct ne réussissait pas trop mal jusqu’à maintenant, a saisi que les gens avaient pris conscience désormais et avaient peur de ses propositions coutumières. Les jeunes qui ne s’étaient pas inscrits sur les listes électorales ou qui alimentaient l’abstention aux dernières élections se sont armés de leur carte d’électeur, bien décidés pour la plupart à lui faire barrage. De plus, vieillissant, toujours avec ce même souci de provocation, Le Pen ne faisait plus réagir et a lassé les Français qui ne voyaient plus d’intêret à l’écouter. Il a donc confié son programme pour un lifting de la forme, et absolument pas du fond, à sa fille Marine (comme quoi on oublie les rancoeurs au FN, surtout que le parti s’est associé à Bruno Mégret). Celle-ci a travaillé notamment sur les nouvelles affiches de la campagne qui présentent une jeune étrangère, par exemple, qui critique et rejette la gauche et la droite. Elle a conseillé à son père de laisser de côté des sujets tels que le retour de la peine de mort ou l’interdiction de l’avortement. Il promet à présent la sécurité, le logement et le calme à tout le monde, mais surtout aux Français, bien entendu, qu’il juge prioritaires. Il fait des nouveaux immigrés (les anciens ont souvent la nationalité française et leur carte d’électeur, ce serait stupide de les fâcher) les boucs émissaires de tous les problèmes (chômage, logement, délinquance...). Il considère les jeunes comme une classe d’âge qui pose naturellement problème, et qu’il faut donc diriger avec fermeté et répression dès la première incartade (encore que, vous me direz, il ne soit pas le seul à dire ça, mais tout de même, il n’insiste pas beaucoup sur ce point pour ne pas fâcher l’électorat des jeunes).
Bref, en somme, j’essaie d’attirer votre attention sur un fait : nous connaissons tous Jean-Marie Le Pen, son passé de raciste, de révisionniste parfois, de sexiste, de xénophobe, de traditionaliste et encore j’en oublie ; est-ce qu’il serait décent de croire que cet homme ait changé profondément en cinq ans ans ? Jean-Marie est non seulement toujours le même, mais l’hypocrisie dont il couvre ses projets le rend plus dangereux et plus condamnable que jamais, et j’ose espérer que les Français, dans l’isoloir, ne seront pas dupes de ce miel amer dont il tente de nous gaver.