Le Pen sera présent au second tour

par Alynpier
jeudi 22 juin 2006

Le pavé dans la mare : 2007, bis repetita ? A un an de l’échéance présidentielle, j’ai juste envie de faire part de ce qui, selon moi, risquerait bien de se passer... Tout ce qui suit n’est pas une « vision » ni le fruit d’une interrogation des astres ou des tarots, mais une simple réflexion.

Candidatures multiples
Il est clair que les luttes intestines à droite comme à gauche ne vont que favoriser une multiplicité de candidatures, sans compter toutes celles qui ne seront pas directement issues des blocs PS d’un côté, UMP de l’autre. Avec, en vrac, toutes celles de l’extrême droite à l’extrême gauche en passant par les Verts et les communistes. On est passé d’une moyenne de 10 candidats avant 2002 à 16 en 2002. Gageons qu’il y en aura au moins autant l’an prochain.
Ça promet déjà une campagne très animée...

Le Pen en tête au premier tour
Evidemment, le seul à profiter de tout ce joyeux souk serait comme d’habitude Le Pen, qui fera encore ses 17/18 %. Personne ne peut le contester sur son créneau, les échecs cuisants et successifs de ceux qui rêvent de lui succéder sont légion. La nouveauté, c’est qu’en l’état actuel des choses, il arriverait sûrement en tête au premier tour ! Ceci serait dû bien sûr à la dispersion des voix entre les divers candidats "crédibles" des blocs de gauche et de droite, aucun ne parvenant au même score que lui.

Le second tour ne serait alors qu’une formalité
Face à Le Pen, on retrouve donc un candidat de droite ou de gauche (peu importe pour l’instant, on verra ça plus loin) au second tour. La leçon de 2002 a été retenue, et il n’y a aucun risque à ce qu’elle se répète. Le second tour de 2002 avait vu un raz-de-marée anti-Le Pen, offrant à Chirac sur un plateau un score digne de l’élection du président d’une république bananière (ce qui s’est d’ailleurs confirmé dans les faits...)
On parle encore aujourd’hui de ces cocus de gauche, tous ceux qui ont appelé à voter et ont voté eux-mêmes pour Chirac, alors que mathématiquement les seules voix "non de gauche" auraient suffi à son élection. On note d’ailleurs à ce sujet la clairvoyance d’Arlette Laguillier, la seule à ne pas s’être mêlée à cette mascarade. Donc tous ceux-là, les "cocus", ne sont pas prêts à recommencer (voter pour le candidat de droite), et les autres, ceux du camp d’en face, ne sont pas prêts à faire la même erreur (élire un candidat de gauche à 82 %).


Le candidat deuxième du premier tour capitalisera donc les voix de son camp, plus quelques autres (qu’on peut estimer à 45 % maxi) face à un Le Pen qui refera son score du premier tour + 15% de bonus, comme en 2002 (soit au maximum 20 %).
Ce qui nous donne, en relatif :
- Le Pen à 30 %
- l’autre à 70 %, élu bien sûr.
Il faut bien comprendre qu’il n’y aura aucune discussion fondamentale, de projet de société ou autre. On n’élira pas Le Pen, c’est tout... Je suis même prêt à parier qu’il pourrait ne pas y avoir de débat entre les deux tours, celui-ci étant alors inutile.

Conclusions
La première conclusion évidente à tirer de cela, c’est la présence de Le Pen. En son absence lors de l’élection (je ne parle pas du FN, mais bien de Le Pen), les cartes seraient totalement redistribuées. On sait bien qu’il n’y a personne dans son camp proche ou parmi ses satellites capable de le remplacer et d’atteindre un score identique au sien, ni sa fille, ni quiconque. On assisterait alors à un éclatement du bloc FN, conduisant à une multiplicité de candidatures là aussi et à une dispersion des voix. Ils rentreraient dans le rang comme les autres et leur poids total (17/18 % maxi), ne leur garantirait pas une place au second tour.

La seconde conclusion, c’est qu’il est impératif pour les autres "gros" candidats (PS et UMP, pour simplifier) d’être présents au second tour, quel que soit le score réalisé au premier. Dans ce cas, c’est tout d’abord le nombre le plus restreint de candidatures "crédibles" dans son propre camp qui sera favorable. On voit bien là le nœud du problème : c’est le camp qui proposera le moins de choix (projets de société, idées nouvelles) qui aura le plus de chances de moins disperser ses voix et de faire passer un de ses candidats au second tour, lui offrant ainsi le fauteuil pour cinq ans.
Or c’est l’opposition qui, par définition, aligne le plus d’idées, tant il est toujours plus facile d’en avoir quand on n’est pas au pouvoir. Yaka, faut qu’on, moi à leur place, etc., on connaît !
Ce qui favorise un nombre incalculable de candidatures déjà déclarées, totalement incompatibles (pour l’instant) mais qu’il faudra pourtant réunifier d’une manière ou d’une autre. Ça ne va pas être simple, entre tous ces prétendants.
On n’oubliera pas que Jospin a obtenu 35 % de voix en moins en 2002 (4 610 113) qu’en 1995 (7 097 786) au premier tour, alors qu’il y avait 3 % d’inscrits en plus, alors que Chirac n’en avait perdu qu’un peu plus de 10% dans le même temps (6 348 375 contre 5 665 855).

Il y a moins de risque de dispersion du côté de la droite au pouvoir, puisqu’il lui suffira d’aligner son champion du moment, les éventuels dissidents rentrant sagement dans le rang. Elle a un an pour faire cette mise en place et se préparer un second tour. Il n’y a pas de cassure fondamentale comme au sein du PS.

Mon pronostic ?
Dans l’état actuel des choses, Le Pen sera présent au second tour, et c’est le candidat de la droite traditionnelle qui sera élu. Au second tour, il y aura beaucoup de votes blancs et nuls, plutôt qu’une abstention massive.
A moins que :
- Le Pen lui-même ne puisse pas se présenter : inéligible, malade, ou mort...
- le PS dégage une candidature unique : inutile d’aller chasser sur les terres extérieures (Verts, PC), une simple candidature PS unifiée leur garantirait un second tour. Avec tous les dissidents actuels faisant bloc derrière ce candidat.

Vous y croyez ? Pas moi...


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