Les « 3 I » de François Bayrou

par Nicolas Goin
mardi 27 mars 2007

D’où vient cette frénésie ? Comment la sauce est-elle montée ? Comment arriver si haut, si vite ? Non, nous ne sommes pas en pleine primaire socialiste et nous ne parlons pas de Ségolène Royal mais, comme aucun grand média ne le fait, de François Bayrou. 8%, 12%, 16%, 20%... Comment ? Sur quelles positions ? Sur quelles propositions ? Avec quel programme ? Alors que des articles pleuvaient lorsque la candidate socialiste n’était encore qu’en phase d’écoute, personne ne semble s’émouvoir aujourd’hui du vide programmatique du candidat de l’UDF. Pourtant des bribes sont là, dans ses meetings, dans ses interventions médiatiques, sur son site Internet... Des bribes qui, à force de se juxtaposer, découvrent les « 3 I » de François Bayrou.

I comme Incohérence

François Bayrou est très certainement le candidat le plus incohérent des douze finalistes. Incohérent avec lui-même, incohérent avec sa famille politique, incohérent pour ses alliés de l’UMP,...
Trois exemples suffisent pour en prendre conscience ; la plupart étant bien entendu liés au décalage qui existe entre les votes de Bayrou à l’Assemblée depuis des mois voire des années et les positions actuelles du candidat.

I comme Immobilisme

Alors que François Bayrou se positionne désormais comme le véritable candidat du changement, tout autour de lui semble prédire le contraire : un immobilisme incontournable voire même une crise politique majeure.
Et cela pour deux raisons principales.

Si François Bayrou a déjà du mal à tenir son propre parti et afficher une cohérence (même de façade), comment peut-il assurer qu’il réussira avec dans son gouvernement d’union des membres de plusieurs partis ?

I comme Incantations

Malgré ses envolées contre le pouvoir médiatique et l’apparence, il semble que François Bayrou s’attarde un peu trop sur le contenant plutôt que le contenu, sur la tactique plutôt que sur la stratégie, sur la posture plutôt que le réel positionnement.

Il se déclare « antisystème » alors qu’il a gravi tous les échelons de son parti comme un bon soldat : délégué général de 1989 à 1991, secrétaire général de 1991 à 1994 et enfin président en 1998. Au niveau des mandats électifs, rien de bien antisystème non plus : conseiller général, député, parlementaire européen, ministre des gouvernements Balladur et Juppé.
Pour finir, le candidat rebelle a voté jusque récemment tous les budgets de la majorité, RPR comme UMP.

Il dit, enfin, dans le Nouvel Observateur du 15 mars 2007, être plus proche du PS que de l’UMP : « il y a une confrontation nette de projet de société entre Nicolas Sarkozy et moi. Alors qu’il n’y a pas cette confrontation entre Ségolène Royal et moi ».
Sur quelques thématiques importantes, force est de constater que cette posture est quelque peu trompeuse :

La liste peut-être encore longue...

En conclusion, il monte, il séduit, il fait mine de rassembler, mais personne ne sait vraiment ce qu’il prépare et avec qui.
Si déposer son bulletin dans l’urne relève pour vous d’un saut dans le vide, d’un billet vers une destination inconnue alors n’hésitez plus, vous avez trouvé votre homme !


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