Les sondeurs posent-ils les bonnes questions ?
par SDM 94
lundi 19 juin 2006
Dans l’année qui vient, nous allons être inondés de résultats de sondages qui nous diront quel est le candidat préféré des Français, quels thèmes de campagne ou quelles mesures seront les plus populaires. Or, dans notre démocratie représentative présidentielle, nous donnons un blanc-seing à un individu et à ses proches amis politiques qui se recrutent dans son parti. Dans ce cadre, un des points majeurs est celui des valeurs portées par ce groupe restreint.
En effet, plus que tout engagement programmatique, qui n’engage que ceux qui votent, ce sont ses valeurs qui influenceront le plus les décisions de ce groupe. Au-delà des fidélités et des histoires personnelles de ces futurs dirigeants, la question centrale est donc celle des valeurs collectives dont ils se sentent comptables, et leur recoupement avec les valeurs majoritaires dans l’opinion.
Liberté, égalité, fraternité, depuis deux cents ans ces mots incarnent pour tous les valeurs de la République. Or, si pendant de nombreuses années, le débat droite/gauche s’est structuré sur l’antagonisme Liberté/égalité, celui-ci ne semble plus suffisant pour définir les forces qui structurent le débat politique.
En première approche, la liberté est de droite, et l’égalité de gauche ; or, si cet antagonisme était parfaitement opérant dans les années 1950 et 1960 dans le rapport entre le Parti communiste et la droite, aujourd’hui, le discours sur la liberté rencontre d’autres fractures, selon que l’on se place sur le plan économique ou le plan sociétal. En l’occurrence, l’antagonisme n’est plus liberté/égalité mais liberté/sécurité.
En effet, depuis la fin des Trente glorieuses et l’apparition de la fragilité de nos économies face aux chocs pétroliers, puis à la mondialisation financière, le débat politique se structure autour d’autres sujets : la sécurité, qu’elle soit liée à l’ordre public, sanitaire ou économique, ou encore l’identité, avec les débats sur l’immigration et sur l’élargissement européen.
Un autre antagonisme, qui pointe son nez avec « l’impuissance » du politique face aux puissances financières du marché des capitaux, est celui qui oppose propriété (ou capitalisme) et démocratie. En effet, une des valeurs remises en cause est le caractère absolu de la propriété, avec la remise en question du modèle capitaliste, face aux dégâts écologiques et humains de la croissance et de la mondialisation.
Il serait très intéressant, dans
la perspective de 2007, de faire de véritables études de fond sur l’importance
relative de ces valeurs partagées au sein de l’encadrement des appareils
politiques, par les militants et par les électeurs sur ces différents axes.