Liban : l’amnésie française

par Lucien-Samir Arezki Oulahbib
lundi 24 juillet 2006

Le 23 octobre 1983, 56 soldats français furent massacrés à Beyrouth par un camion piégé : la piste remonte vers l’Iran via le Hezbollah...

Et ce n’est pas tout : en 1985 quatre Français furent enlevés : Marcel Carton, Marcel Fontaine, Jean-Paul Kauffmann, Michel Seurat. Ce dernier fut exécuté.
En 1986 six Français sont enlevés, dont quatre journalistes d’Antenne 2, etc.
Le 21 décembre, une attaque contre des soldats français de la FINUL fit dix morts dont un Français.

On le voit, on le sait, le Hezbollah a du sang français sur les mains... Aussi ne comprend-on pas la diplomatie française, et ne comprend-on pas particulièrement pourquoi RFI, qui est, d’abord, une radio du service public français ayant une obligation de réserve, ce qui implique une information équilibrée, ait pris fait et cause pour le déni de réalité en donnant uniquement la parole à ceux qui parlent d’agression israélienne.


Pour preuve, le fait que le samedi 22 juillet 2006, RFI ait invité, pour commenter la semaine écoulée, M. Boutros Ghali (ex-secrétaire général de l’ONU et de la francophonie, ami de Jacques Chirac), dont la violence des propos anti-israéliens n’a été à aucun moment pondérée par le journaliste de RFI.

Boutros Ghali est allé par exemple jusqu’à nier les liens organiques entre le Hezbollah et l’Iran, parlant juste d’échanges diplomatiques et sympathiques de "communiqués". On croit rêver. L’accord militaire entre la Syrie et l’Iran qui vient d’être signé n’a pas été non plus souligné. Les menaces du président iranien ont été ignorées. Le fait que le Hezbollah ait kidnappé deux soldats israéliens et en ait tué sept autres sera à peine mentionné et évidemment jugé moins grave que la riposte israélienne effectuée uniquement pourtant sur les bastions de l’organisation totalitaire, bastions nichés au cœur de la population civile, et également dans des écoles, des hôpitaux, et des mosquées...

Sans épiloguer plus longtemps, observons enfin que la plupart des commentaires se sont appuyés en réalité sur un a priori non dit, mais implicite : l’action du Hezbollah est justifiée du fait de la présence israélienne non seulement sur les territoires contestés, mais en général : en un mot, c’est l’existence d’Israël comme entité indépendante qui est contestée. Même un retour aux frontières de 1948 ne changerait pas la donne, puisqu’on exigerait tout aussitôt le retour des " quatre millions cinq cent mille réfugiés palestiniens " (qui n’étaient que 800 000 au départ), en oubliant que plus d’un million cinq cent mille juifs ont été expulsés des pays arabes malgré la présence de la plupart de leurs ancêtres dans ces contrées bien avant l’invasion arabo-islamique de ces pays.

Boutros Ghali n’en a pas parlé sur RFI. Il a juste dit que la riposte israélienne n’allait qu’alimenter la haine et l’antisémitisme. Autrement dit, Israël doit se taire et enterrer ses morts alors que depuis 1948, les dirigeants arabes ont tout fait pour attiser la haine en faisant porter à Israël la responsabilité de tous leurs maux, évitant ainsi de se remettre en cause.
Ce n’est pas de la faute d’Israël si ces pays vivent dans un tel sous-développement qu’il est dénoncé même par les islamistes du cru.

Décidément, quelque chose ne tourne pas rond dans la diplomatie française, et dans les médias qu’elle contrôle directement comme RFI...



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