Nicolas Sarkozy et “ses potes” : les amis peuvent-ils nuire ŕ votre santé politique ?
par Hume
vendredi 29 décembre 2006
Ou alors : quand vos amis font plus de dégâts que vos ennemis... Nous sommes bientôt en 2007 et l’heure est aux rétrospectives et autres bêtisiers. Je voudrais revenir dans ce billet sur un certain nombre de personnalités qui ont marqué l’entourage de Nicolas Sarkozy.
Nicolas Sarkozy aime tirer la couverture médiatique à lui. Un peu moins, il est vrai, depuis que Cécilia fut en première page de Paris-Match en compagnie de Richard Attias, ce qui a conduit le responsable du choc des images Genestar à démissionner récemment, après une grosse (et longue) colère de notre ministre de l’Intérieur. Encore moins depuis que les médias font les yeux doux à Ségolène Royal et qu’il vaut mieux rester discret sur les chiffres "réels" et détaillés concernant la délinquance.
Néanmoins, un ministre qui s’expose, c’est un homme dont on connaît les amis et les sympathisants. Récemment, un certain nombre d’hommes politiques l’ont rejoint dans sa course à la présidence. Ainsi, il serait bon de revenir sur ses soutiens médiatiques et politiques, même si nous en avons tous entendu parler, notamment sur AgoraVox, histoire de dresser un petit bilan, car si votre entourage ne reflète pas au moins une petite partie de ce que vous êtes, alors à quoi servent les amis !
Doc Gynéco et Johnny Hallyday : plutôt Starky et Hutch ou Eric et Ramzi ?
Ben oui, paf ! Ils reviennent. En fait, difficile de les oublier, car ils ne sont pas encore partis, enfin Johnny pas encore, le temps de faire les papiers pour voter par procu ou au Consulat français, en Suisse.
Sarkozy, c’est la « tolérance zéro », c’est le cannabis considéré comme une drogue dure. Et le voilà se pointant en compagnie d’un fumeur notoire de cigarettes qui font rire, et d’un adepte de la coco quand il n’a pas un petit coup dans le nez... Point d’orgue, le Doc, après quelques petits problèmes d’addition et de soustraction (on nous le dit : le cannabis est très mauvais pour la mémoire et l’attention...) doit la modique somme de 700 000 euros au fisc (Le Canard enchaîné du 4 octobre 2006). C’est aussi lui qui remit les Hot d’Or à Cannes. C’est beau, c’est fin pour un ministre qui condamne avec force la violence et la pornographie. Tiens, par association d’idées et mauvais esprit, cela m’évoque un autre soutien, aux antipodes de celui de Bruno Beausir : Christine Boutin. Je les imagine bien côte à côte quelque part dans un Neuilly sous les flocons (il neige encore à Paris ?) pour le réveillon. Lui son Hot d’Or dans les mains, elle la Bible, dissertant sur le statut de la femme dans la société française entre le granité aux poires et le plat de consistance... Ambiance...
Et Johnny, alors ? On reste dans les gros sous. Tout le monde a entendu l’histoire et je ne compte plus les articles sur AgoraVox évoquant son futur périple helvétique. Que l’on soit scandalisé par son attitude, indifférent ou plutôt compréhensif, une chose est sûre : la réaction de Sarkozy et de ses proches sur « les pauvres gros salaires qui payent trop d’impôts » a dû fortement émouvoir les couches populaires, alors qu’il essayait pourtant de se refaire une santé dans cette tranche électorale. Les sondages suggèrent que son score dans cette partie de la population sera médiocre, et ce n’est pas ce genre d’événement qui va faire remonter sa cote.
Jean-Pierre Raffarin : l’Empire contre-attaque ?
On continue dans les associations d’idées et en pensant « Johnny », je pense « fan de Johnny » et je tombe sur notre ancien premier ministre qui, avec les forums de l’UMP, joue un peu au pygmalion avec Nicolas Sarkozy. Bref, un soutien de plus ? En tout cas un rapprochement, qui me permet de mieux comprendre le concept obscur fièrement avancé par Nicolas Sarkozy de rupture tranquille MAIS dans la continuité. Toutefois, cela n’a pas empêché le géniteur des raffarinades de déclarer récemment lors d’une conférence organisée par Ipsos et Europe 1 : « Aussi bien Nicolas Sarkozy que Ségolène Royal me semblent plus candidats à Matignon qu’à l’Elysée », et d’en rajouter, en critiquant leurs approches respectives fondées, selon lui, sur la « logique du septennat ». Etonnant de la part de quelqu’un qui nous a fait une brillante démonstration de son « adaptabilité » en tant que Premier ministre polymorphe (Raffarin I, II et III, quand même...) du quinquennat, maître en phrases chocs et en impopularité. Bref, l’intéressé a dû vraiment apprécier cette analyse (pas forcement idiote, d’ailleurs) de papa Raffarin.
Nadine Morano ou la vengeance d’une blonde
Elle qui parle du poids de Raymond Blum (sic) dans le projet de l’UMP et qui a récemment beaucoup aidé son ministre préféré en attaquant maladroitement (le fameux « soit... ») Ségolène Royal sur son absence lors de l’adoption du texte sur la délinquance, ne réussissant qu’à mettre en exergue la quasi-absence du « concepteur » de la loi, j’ai nommé Nicolas Sarkozy...
Philippe Douste-Blazy : le joker international
Ouf ! Nous voilà rassurés. Nicolas Sarkozy prend enfin une vraie dimension internationale avec le ralliement de notre brillant ministre des Affaires étrangères. Celui-là même qui gaffa au musée Yad Vashem en 2005 en demandant pourquoi il n’y avait pas eu de victimes de la Shoah en Grande-Bretagne. Celui aussi qui prend l’avion pour pas loin de 280 000 euros (voir l’article d’Arturo Bandito et Le Canard enchaîné du 6 et 13 décembre) pour Unitaid sur les fonds du Quai d’Orsay (notre argent, en fait). C’est le même qui gaffe encore en récusant la première estimation de 130 000 d’euros au micro de RTL (selon lui, ce ne sont que des ragots), ce qui conduit Le Canard à approfondir son enquête et à tomber sur ce chiffre de 280 000 que le cabinet de Douste-Blazy a dû confirmer à contre-cœur (275 000, exactement). Les voyages de notre ministre de l’Intérieur n’étaient pas des modèles d’économies, mais avec les conseils de Dou Blabla sur la bonne utilisation des marchés publics, nous devrions être rassurés sur l’avenir des dépenses de l’Etat.
Nous pourrions continuer, car l’année a été chargée, avec par exemple le champion de la délocalisation (ratée), son bras droit Brice Hortefeux, ou encore l’amitié entre Nicolas Sarkozy et le banquier Edouard Stern (voir l’article de Libération). Bref, quelles leçons à tirer de tout cela ? Comme le dit elle-même Nadine Morano à propos de Johnny : « Si ce n’est pas un citoyen exemplaire, ce n’est pas la peine qu’il soutienne un candidat exemplaire. Ce n’est pas la peine pour un candidat de s’entourer de citoyens foireux chez les people. » (Le Canard enchaîné, 20 décembre). Et la phrase, elle tourne également, en remplaçant citoyen par politicien ? En tout cas, à la place de Nicolas Sarkozy, je n’enverrais pas beaucoup de cartes de vœux cette année.