Nicolas Sarkozy, le faux discours

par Stéphane W.
mercredi 3 janvier 2007

D’emblée, il est important de signaler qu’il ne s’agit pas d’un texte dont le seul but est de se joindre aux concerts des critiques faciles pour enfoncer plus qu’il ne le faut le président de l’UMP et candidat à l’élection présidentielle prochaine. Au contraire, si coupable il devrait y avoir, il faudrait plutôt se tourner du côté de ceux qui, dans une machination abracadabrantesque, se livrent à une critique démesurée du maire de Neuilly. Qu’ils soient ministres, députés, politiciens, hommes de savoir, d’Eglise ou tout simplement citoyens à part entière, beaucoup se livrent de plus en plus, non pas à une critique de l’homme politique et donc des idées, mais souvent à une critique de ce qu’il représente. On dira de lui qu’il est fou, qu’il aime le pouvoir, qu’il est presque machiavélique, surtout populiste, parfois anti-magistrat, tantôt démagogue, menteur (mais pas Super Menteur), raciste, antigaulliste, manipulateur des médias, à la rigueur dictateur doux ou encore traître. C’est le culte d’un mythe : l’antisarkozysme. Pourtant, il faut croire qu’il y a un océan entre ceux qui le traitent de ces noms, et les millions de personnes qui chaque jour adhèrent à son parti à cause de lui et qui, chaque jour, lui donnent toutes leurs intentions de vote dans différents sondages.

Bien entendu, il y a quelquefois un soupçon de vérité dans ces qualificatifs plus que sournois, surtout quand ils viennent du monde politique. Mais il faut reconnaître que Sarkozy n’est avant tout pas un con dénué intelligence. Il y a quelque chose de particulier chez lui, de rare dans le monde politique français et même presque général. Il a un discours de conviction, franc et direct. Pas besoin de se lancer dans de belles paraboles ni de recourir à des euphémismes pour simplement dire qu’un cheval est blanc ou noir. Quand il réagit à propos de l’exécution de Saddam Hussein, il y va sans gants et trouve qu’il s’agit d’une faute. Alors que le tout-Paris politique « prend acte » sans commentaire de l’énoncé d’une conviction aussi profonde, lui reste en accord total avec ses convictions idéologiques. Voilà qui semble nouveau. Un politicien ayant des convictions, qui ne veut ni les marchander, ni les brader, encore moins les dissimuler. Il innove dans sa façon d’aborder les problèmes. Sur des enjeux importants pour le citoyen moyen, il est clair et ferme. Pas question qu’en France, on puisse vivre sans sécurité. Au fond, qui pourrait ne pas être d’accord ? Pourtant s’il le dit, il est calculateur. Il commet bien sûr des bévues énormes, et ce serait prétentieux de dire qu’il ne les reconnaît jamais.

En fait, le véritable problème, c’est que là où il aurait fallu s’adonner au discours et au débat d’idées, beaucoup préfèrent le chemin de la dialectique facile. Quand les Tapie, Jospin et Bayrou se sont assis pour discuter franchement des idées de Le Pen, tout le monde s’est lancé dans une hola digne d’un PSG-OM. Aujourd’hui, les critiques sur Sarkozy sont faciles et surtout malsaines. Comment ne pas y voir une machination ? Comment vouloir que le citoyen fasse la part des choses, quand un des prétendants est constamment vilipendé ? S’il parle, il aura trop parlé, mais s’il ne dit rien, alors il aura commis le péché suprême : qui ne dit rien consent. Dans un pays où les enjeux sont de plus en plus sclérosés, où l’avenir parait beaucoup plus terne et incertain que ne veut nous faire croire l’opinion politique, Sarkozy fait figure de gladiateur solitaire face à une armée de méchants (ils diront de bons). Exit le débat, la guerre d’idée et la comparaison entre programmes politiques et visions lointaines. Ce qui importe, c’est le paraître et le vouloir. Mais le faux discours est aussi le prétexte des proches et amis de Sarkozy qui d’une certaine manière pourraient lui faire ombrage. Si le discours des anti-Sarko n’est que baliverne et populisme, celui de ses défenseurs est tout aussi farfelu. Comment le citoyen peut-il donc s’y retrouver, face à ce phénomène de la politique ?

Pour ceux qui comme moi ne sont pas nécessairement des partisans (avec carte de membre du sarkozysme), et qui pensent qu’il mérite un meilleur respect, le chapeau vous est levé. On peut-être absolument opposé sur le fonds des programmes, idéologiquement, et ne pas verser dans le sensationnalisme. Le faux discours est partout, et comme une gangrène se propage. La seule façon de voir ses effets, ce sera au soir du 22 avril, quand on constatera les dégâts causés.

Espérons que le 22 avril ne rentrera pas dans l’histoire comme un certain 21 avril.

Un citoyen, plus de gauche que de droite.


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