Nous avons rencontré l’incivilité des vieux
par Corinne Piroteau
lundi 19 février 2007
Jusqu’à présent, je
croyais que les problèmes d’incivilité concernaient
surtout les jeunes. Nous venons de découvrir, à nos
frais, que les personnes âgées ne sont pas mal non plus.
Depuis la naissance de notre bébé, quelques-unes de nos
voisines nous regardent de travers. Explication : les bébés
pleurent et ça dérange.
Mon mari et moi, nous ne nous
attendions absolument pas à cet accueil. Depuis deux ans que
nous habitions dans cet immeuble, nous avions vaguement remarqué
que l’insonorisation n’était pas très bonne mais nous
l’avions à peine remarqué. Moins d’un mois après
l’arrivée du petit, nous avons entendu régulièrement
les coups de balai au plafond assénés par notre voisine
dès que le bébé pleure un trop longtemps à
son goût. Il nous a fallu quelques mois pour nous persuader
qu’il s’agissait bien de cela, car nous n’imaginions pas une telle
intolérance vis-à-vis d’un bébé.
Les choses se sont franchement gâtées
lorsque notre fils a attrapé une de ces viroses de saison qui
touche particulièrement les enfants. Résultat : trois nuits
agitées comme nous n’en avions jamais eues. Cela nous a beaucoup
fatigués, et nous n’avons pas vraiment apprécié
les récriminations de deux de nos voisines qui, elles aussi,
ont monté le son.
Le discours a été le
suivant : nous sommes des locataires gêneurs alors qu’elles
sont des propriétaires âgées à qui l’on
doit le respect. Et nous n’avons qu’à... déménager.
Ce n’est à pas elles « d’aller coucher sous les
ponts » (mais à nous, avec un bébé
?), et à leur âge elles ne peuvent pas récupérer
le sommeil perdu la nuit (alors que, nous, naturellement, nous avons
la journée de travail pour ça...). Nous avons été
interloqués et stupéfaits. Mon mari a finalement été
dire aux voisines qui se plaignaient que celles qui n’étaient
pas contentes pouvaient toujours se plaindre de la mauvaise isolation
phonique auprès du comité syndical des
copropriétaires, puisqu’elles étaient mieux placées
que nous pour cela. Pour le reste, nous avons décidé de
tenir ferme et d’inviter celles qui n’étaient pas contentes à
aller porter plainte à la police contre un bébé
de dix-huit mois, mais que nous, nous n’étions plus décidés
à les écouter. Trop, c’est trop.
Cela reste très pénible d’avoir des voisins qui tapent dans les murs dès que le bébé pleure. Nous n’avions jamais imaginé une telle hostilité envers un bébé. Venant d’une autre région à forte tradition catholique, nous nous sommes d’abord demandé s’il n’y avait pas des différences d’attitude vis-à-vis des enfants. En fait, c’est surtout en en parlant auprès de nos amis et autour de nous que nous avons découvert que le problème était beaucoup généralisé que nous ne l’imaginions. Certains d’entre eux ont même choisi de quitter leur immeuble pour un pavillon à cause de la pression du voisinage, le bébé n’a pas fait ses nuits avant ses deux ans.
D’après ce que nous avons pu lire, le droit protège les parents parce qu’il n’y a pas d’intentionnalité de la part du bébé qui pleure. Cependant, le droit n’est pas très explicite. Il y a maintenant des lotissements interdits aux enfants dans certains pays anglo-saxons. En tant que parents, nous sommes horrifiés que des adultes ne respectent pas la nature d’un petit enfant. Tous nos voisins n’ont pas encore cette attitude, loin de là. Néanmoins, si on laisse faire, on pourrait bien nous inscrire « Interdit aux enfants » à la porte de nos immeubles d’ici quelque temps.