Oui au port d’arme pour les civils : les sophismes des antiarmes
par Martin Masse
mardi 27 septembre 2005
Bowling For Columbine (une bible de vérité ?) : s’il y a bien une chose qui demeure récurrente et inappropriée dans un débat, c’est lorsqu’on vous cite des extraits du film du pseudo-documentariste Michael Moore. Pour ceux qui l’ignorent, il s’agit de ce personnage grassouillet et mal rasé qui se balade continuellement avec sa caméra sur l’épaule. Sous ses allures un peu étranges ? ou plutôt derrière le rôle qu’il semble jouer ? se cache un millionnaire qui fréquente les quartiers huppés de New York toujours accompagné de ses gardes du corps armés. Lors de ses nombreuses sorties publiques, il ne manque jamais une occasion de se vanter d’être un homme socialement engagé et prêt à dénoncer les injustices de la société. Dans les faits, Moore est un opportuniste qui a compris depuis longtemps qu’il est très facile de faire de l’argent sur le dos d’une population ignorante, à condition de bien savoir manipuler ses peurs et ses préjugés. Dans un monde où l’image ne cesse de prendre le dessus sur l’analyse critique, on refuse bien souvent de vérifier ce qui se cache derrière l’oeil de la caméra.
Bowling For Columbine n’est pas un documentaire, mais une oeuvre de fiction qui déforme la réalité tout en faisant du sensationnalisme à la manière d’Hollywood. Depuis sa diffusion, un nombre incalculable d’individus se sont laissé berner et continuent de croire que ce film est un outil pédagogique débordant de vérité. Or, quelques minutes d’analyse suffisent pour n’y trouver que mensonge et démagogie. Évidemment, peu de personnes se prêtent à l’exercice, car vous comprendrez que la vérité, la vraie, est bien souvent beaucoup moins attrayante. Nous pourrions prendre au hasard n’importe quelle scène du film pour l’illustrer, mais la plus révélatrice demeure celle de la banque.
Combien ont été scandalisés de voir Moore ouvrir un compte et ressortir de l’établissement quelques minutes plus tard avec une arme à feu sur l’épaule. « Quelle bande de fous, ces Américains », s’exclame aussitôt le téléspectateur encore sous le choc ! Simples petits détails, Moore a oublié de souligner qu’en vertu de la loi il est obligatoire de procéder à une prise de photo et à une vérification des antécédents criminels et psychiatriques par l’entremise du système NICS du FBI. Il a aussi négligé de préciser que jamais une arme n’est remise directement dans une banque, mais bien chez un armurier situé à plusieurs kilomètres de l’établissement. Sa malhonnêteté atteint finalement le comble du ridicule, lorsqu’il demande au préposé : « Vous ne trouvez pas cela dangereux d’acheter une arme dans une banque ? » Croyez-vous que nous avons droit à la réponse ? Bien sûr que non puisqu’il s’agit d’une formidable fumisterie. L’effet Moore commence déjà à faire ses ravages après seulement quelques minutes de visionnement. Bon cinéma !
Plus il y a d’armes, plus il y a de violence : cette affirmation gratuite est inexacte. Il n’existe aucune corrélation entre le nombre d’armes à feu en circulation et le taux d’homicides. En Amérique du nord, de nombreux criminologues et sociologues se sont déjà penchés sur la question. Au Québec, les analyses du criminologue Marc Ouimet de l’Université de Montréal ont montré qu’il n’y avait aucun lien (Criminologie, 1993). Même son de cloche en provenance des chercheurs Daniel Prosby, dans son ouvrage Firearms and Crime (1997) et Gary Kleck, Point Blank : Gun and Violence in America (1991). Le Docteur Stephen P. Halbrook a également fait apparaître le haut taux de possession d’armes de la population suisse versus son faible taux de criminalité.
Les armes à feu causent beaucoup d’accidents : en 1991 au Canada, bien avant la mise sur pied du registre fédéral des armes à feu, il y a eu quatre décès causés accidentellement par des armes de poing contre 5 décès causés par la foudre (données du sociologue Taylor Buckner de l’Université Concordia).
La légitime défense est inutile : Maurice Cusson, criminologue à l’Université de Montréal, montre dans une recherche que chaque année des millions d’actes de violence sont évités grâce aux armes à feu dont disposent les civils (« Paradoxe américain : autodéfense et homicide », Revue internationale de criminologie et de police technique et scientifique, 1999). Ce qui semble difficile à comprendre pour certains, c’est qu’il y aura toujours des criminels, et que la police arrivera toujours en retard sur les lieux d’un crime. Ce n’est pas faire preuve de paranoïa, mais être réaliste. L’État n’a aucune responsabilité légale dans la protection des citoyens contre la violence. Tant que cette réalité n’a pas ébranlé notre petit confort, il est très facile de faire le procès de ceux ou celles qui souhaitent prendre les moyens d’assurer leur sécurité. Beaucoup de femmes, confrontées quotidiennement à la violence, sont épuisées de jouer les victimes et se disent prêtes à prendre des cours de maniement d’armes. Pour elles, il s’agit d’une assurance, d’un droit sur leur propre vie. Des auteurs comme Robert A. Waters (Guns Save Lives, 2002) et Richard Steven rencontrent régulièrement ces femmes qui ont défendu leurs vies contre des criminels. Des cas que la presse se garde bien de citer, par manque d’intérêt.