Présidentielles : vers un nouveau 21 avril ?

par Philippe Hajdenberg
lundi 16 avril 2007

Une enquête des Renseignements généraux soulève la question de l’appréhension du vote FN par les instituts de sondage et de son « taux de redressement ».

Le scoop est tombé hier soir, du site du Nouvel Observateur  : une enquête interne des Renseignements généraux donnerait Nicolas Sarkozy largement en tête à 25%, suivi, de loin, par Jean-Marie Le Pen et François Bayrou, au coude à coude à 19%, suivi encore par Ségolène Royal, dans un mouchoir, éliminée dès le premier tour. Les RG soulignent une « conjecture positive » pour Jean-Marie Le Pen, qui pourrait annoncer un deuxième tour entre Nicolas Sarkozy et le leader du Front national, comme en 2002.

Les RG démentent cette enquête - ils n’ont plus droit de réaliser des prévisions électorales depuis juillet 2004 - tandis que le Nouvel Obs maintient. Devant le spectre d’un nouveau 21 avril, quelqu’un aux RG aurait vendu la mèche ? Info ou intox ? Vrai ou faux scoop ? Manœuvre politique d’un candidat masqué ? Dans tous les cas, l’hypothèse de l’élimination de Ségolène Royal et de François Bayrou au premier tour paraît tellement invraisemblable que personne n’y croit. Sur le site du Nouvel Obs, les réactions fusent : un millier de personnes ont déjà réagi. Voir un nouveau 21 avril créerait un traumatisme sans précédent... ou presque. Mais si c’était vrai ?

Rien de tout cela n’étant envisagé par nos instituts de sondage, cela pose une nouvelle fois la question de leur fiabilité : au fond, comment appréhendent-ils le vote Le Pen ? Or une donnée n’apparaît jamais dans les sondages : le taux de redressement du vote FN. Sur la FAQ du site d’Ipsos, on peut y lire à ce sujet : « certains électeurs n’osent pas dire pour qui ils ont l’intention de voter (...), certains électeurs du Front national prétendent qu’ils voteront UMP. C’est pour corriger (cela) que les instituts ont recours à la technique du redressement. Il s’agit de corriger les chiffres bruts de l’enquête en utilisant la clef de la "reconstitution du vote" : on interroge les électeurs sur leur vote passé. Imaginons que l’on trouve 7% d’électeurs du Front national aux dernières élections alors que l’on sait que ce parti a obtenu, en réalité, 14% des suffrages. On en déduit que le score du FN est sous-estimé de moitié dans ce sondage. Si le pourcentage brut de ce parti dans le sondage est de 8%, son chiffre "redressé" sera de 16%. L’expérience montre que la technique des redressements, tout en posant parfois de sérieux problèmes, permet d’affiner utilement la mesure des intentions de vote. »

La vraie question est donc : de combien est actuellement le taux de redressement du vote FN chez nos sondeurs ? Serait-il de +50% comme le laisse entendre l’institut lpsos ? Comment être sûr qu’il est bien ajusté à la conjecture politique actuelle ?

Nous avons tous droit à la vérité, surtout si nous voulons éviter un nouveau cataclysme. Nous invitons donc publiquement Ipsos, Ifop, CSA, BVA et tous les autres à répondre à cette question cruciale d’ici le premier tour. Il y a urgence.


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