Privatisation des autoroutes : le marché de dupes

par Olivier Bonnet
lundi 9 octobre 2006

Exemplaire illustration de la politique de la droite qui sacrifie l’intérêt général au bénéfice de quelques-uns : la privatisation des autoroutes. A l’origine, les péages étaient censés rembourser leur construction. Jamais la gratuité ensuite promise ne sera à l’ordre du jour. Une fois leur amortissement effectué, au moins allaient-elles rapporter à la collectivité : 900 millions d’euros rien que pour 2005. Patatras : la droite décide de brader le patrimoine national aux intérêts privés pour une dizaine de milliards. Alors qu’en trente ans, elles en auraient rapporté quarante ! Comme si cette véritable spoliation du peuple au profit des affairistes ne suffisait pas, voilà maintenant que les hausses de tarifs attendues commencent. Les autoroutes Paris-Rhin-Rhône viennent en effet d’augmenter le prix du péage de 2,47 % pour les véhicules légers et de 3,46 % pour les poids lourds, alors que l’entreprise a enregistré au premier semestre un bénéfice en hausse de 28,6 % ! Telle est bien sûr la logique des actionnaires, opposée à celle du service public : tout pour le profit. Le syndicat Sud Autoroutes dénonce l’une des plus importantes hausses de ces dernières décennies, très supérieure aux chiffres de l’inflation : "Il s’agit d’une bien mauvaise nouvelle pour les millions d’usagers qui sillonnent chaque année le réseau APRR puisque cette hausse conséquente des tarifs s’ajoute à une nette dégradation du service aux clients avec en particulier une calamiteuse politique d’automatisation des péages qui accroît les délais d’attente au péage". Pourquoi donc s’abstenir de prendre les usagers captifs en otages ? La Fédération des entreprises de transport et logistique de France parle pour sa part d’une "augmentation brutale et préoccupante". Quant aux réactions politiques, le Parti socialiste s’exprime sur le sujet par la voix de Pascale Le Néouannic, sa secrétaire nationale aux transports, qui juge que cette augmentation des tarifs "démontre le caractère dangereux de la privatisation des autoroutes. Comme le redoutait le Parti socialiste, la privatisation des sociétés d’exploitation du réseau autoroutier a bel et bien permis aux entreprises exploitantes de décider seules des variations de tarifs, au détriment des usagers de la route, et sans avantage pour la collectivité. Cette nouvelle ponction sur le pouvoir d’achat des usagers est imputable aux choix du gouvernement [...] Le Parti socialiste réitère donc son opposition totale à cette privatisation, qui constitue un bradage du patrimoine national contraire à l’intérêt général, à la cohésion territoriale et nationale, et au respect de l’environnement. Il rappelle à cette occasion que la propriété des autoroutes et des sociétés qui assurent leur exploitation doit rester sous contrôle public." Si le candidat socialiste est élu en 2007, renationalisera-t-il donc les autoroutes ?


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