Prostitution : la France seule ?

par Avatea
mardi 28 novembre 2006

Voilà soixante ans que la prostitution est interdite en France. Vous comprenez, ce sont pour les gens immoraux, « cachez moi ces prostitués que je ne saurais voir » (mais que beaucoup de personnalités y compris politiques vont voir). Alors, comme toute activité interdite, elle devient souterraine, mal contrôlée et surtout récupérée par les milieux mafieux ou louches.

Pourtant, les prostitués payent des impôts ! Voilà tout le paradoxe français : pas de statut légal, mais taxés quand même.

Conséquences de tout cela

Au pire des cas, des réseaux mafieux ou de trafic humain se constituent, les prostitués se cachent, vivent dans la précarité, sont exploités par des gens qui menacent de les dénoncer à la police (qui plus est si ils ou elles sont d’origine étrangère et en situation irrégulière). Si on ajoute que les conditions de travail sont déplorables (froid, humidité, saleté et travail à la chaîne) et dangereuses, tant point de vue de l’hygiène que du physique (couteau, violence : qui va oser se plaindre de se faire agresser car le client ne voulait pas payer la prestation ?). Et les vrais coupables ne sont jamais inquiétés, et amassent tout l’argent.

 

Dans le « meilleur » des cas, c’est une manière d’arrondir les fins de mois, que ce soit pour les mères célibataires ou les étudiantes (2% des étudiantes se prostituent en France, soit 40 000, contre 10% en Angleterre). Ne pouvant payer le loyer ou financer leurs études, certaines font ce choix qui rapporte beaucoup plus que d’être caissière de supermarché le samedi. Est-ce condamnable, si c’est un choix ? Est-ce plus condamnable que d’utiliser son corps dans les métiers de charme comme strip-teaseur ou danseuse de revue ? (je ne veux pas faire l’amalgame).

Mais même dans ce cas-là, tous doivent exercer en se cachant : par Internet, petites annonces déguisées ou soirées privées. Les mêmes problèmes se posent dans ce cas : comment prévenir tout danger d’un homme qui abuserait physiquement d’elles ou d’eux ou serait violent pour ne pas payer ?


Dans ces deux cas, je suis pour le rétablissement officiel de l’acte sexuel, reconnu comme tel, comme le font les Pays-Bas, la Belgique ou l’Allemagne.

Dans le premier cas, cela permettrait de garantir une sécurité aux filles et aux garçons, avec des lieux bien définis d’exercice de la profession, avec paiement à l’entrée, chambres propres et personnelles, gardes de sécurité pour intervention en cas de violence ou problème, équipe médicale permettant information, prévention et aide d’urgence, voire accompagnement psychologique. Les passes seraient soumises à horaires légaux, salaire, couverture sociale et congés payés.

Dans le second cas, cela permettrait d’éviter certaines dérives dans ce qui deviendrait un métier comme un autre. Cela permettrait de se faire de l’argent comme Julie, trente-cinq ans, mariée, deux enfants, qui s’est prostituée en Belgique pendant cinq étés (de vingt-deux à vingt-sept ans) pour payer ses études. Elle dit ne rien regretter, au contraire, elle est contente d’avoir pu éviter rue et proxénètes.


Dans tous les cas, cela permettrait d’arrêter cette hypocrisie (tout le monde connaît plus ou moins, y compris la police, où sont les « bois à prostitués ») tout en améliorant les conditions de travail et le contrôle de cette économie souterraine. Il faudrait pour cela se faire délivrer un visa pour l’ouverture d’une maison close. Une maison close a de plus l’avantage de ne pas choquer les enfants, toute marque extérieure et toute publicité racoleuse sont interdites. Au passage, l’Etat pourrait augmenter ses recettes.


Mais le pays est-il prêt à cela, à l’heure où le politiquement correct et l’hypocrisie des discours étouffent toute possibilité de débat ?


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