Québec : les médias au service du malaise social

par Stéphane W.
lundi 22 janvier 2007

Tout a commencé par quelques faits épisodiques et sporadiques en 2006. À préciser qu’ils se comptent sur le bout des doigts : Kirpan, Ymca, police, clsc. Petit relâchement médiatique, reprise du flambeau par Mario Dumont de l’Action Démocratique du Québec et on finit l’année par une pléiade de promesses d’articles, sondages et études sur la situation de l’accommodement raisonnable au Québec. Mon point de vue sur la question est le même et n’a pas changé. On ne va pas généraliser les perversions d’un individu qui répond aux incohérences d’un autre pour défaire un concept aussi simple et clair. C’était sans compter sur la persévérance, la témérité et la soif de résultat de la presse et des médias.

L’année 2007 n’avait même pas encore commencé que les promesses faites furent tenues. Sondage après sondage, étude après étude, enquête après enquête, on nous a fait avaler en l’espace de deux semaines tout ce que les médias voulaient. Moralité, de société d’accueil et de paix, le Québec est passé à un monde de racistes. 59% considérés comme étant racistes. Dans un sondage Leger Marketing réalisé pour Le Journal de Montréal, le réseau TVA et la station de radio de Montréal 98,5, on apprend que pas moins de 59 % des Québécois de souche admettent être racistes. On a vite fait de dénoncer, démentir et critiquer l’étude, le mal est déjà fait. On a beau redéfinir le concept de racisme et la proximité avec la notion de xénophobie, malheureusement, rien n’est plus possible. Même le Premier ministre du Québec Jean Charest est monté au créneau pour affirmer avec fermeté que les Québécois ne sont pas racistes. Sauf que, quand on est en politique, il y en a toujours un qui flaire le bon coup et qui y va corps et âme.

La société québécoise doit surmonter son vieux réflexe de minoritaire et cesser de courber l’échine devant les communautés culturelles, estime Mario Dumont. Dans une lettre, adressée à tous les Québécois, dont la presse canadienne a obtenu copie lundi, le chef de l’Action démocratique du Québec (ADQ) plaide en faveur de la rédaction d’une constitution québécoise pour y encadrer les accommodements raisonnables consentis aux groupes ethniques ou religieux (Martin Ouellet, presse canadienne).

Est-ce que ça vaut vraiment la peine de faire tout un cirque constitutionnel pour une si banale question (mais totalement surmédiatisée ?) Primo, à quoi ça sert d’avoir une cConstitution lorsqu’on est une province dans un pays ? Ensuite faut-il vraiment dépenser autant d’énergie et de ressources pour quelques faits ?

Comme je le disais dans un texte il y a un an sur le racisme, il y a trop d’interprétations et bien souvent l’opinion publique a tendance à confondre xénophobie, peur et crainte de l’étranger avec le racisme dans son sens pur :

Aujourd’hui, le mot racisme est devenu monnaie courante et tellement banalisé. On l’utilise n’importe comment, à tort et travers et souvent à la moindre mésentente, si bien qu’on finit par perdre et édulcorer la puissance de ce mot fort .

On entend parler de racisme envers les Américains, envers les Anglais ou encore avec les Québécois. Comment un Sénégalais peut-il être raciste avec un Camerounais ou avec un Ivoirien alors qu’ils partagent tous ensemble la même race ? Comment un Américain pur du Texas ou un Albertain, tous Caucasiens, peuvent-ils être racistes envers un Québécois tout aussi Caucasien même si c’est de Chibougamau ou de Rivière-du-Loup ? On ne peut et on ne doit pas parler de racisme entre deux pays, nationalités, régions ou provinces.

L’erreur qu’on aura toujours tendance à faire c’est cette généralisation du point de vue de la minorité au détriment de la majorité silencieuse :

Au final, de réaction en réaction, on aura oublié que, finalement, c’est quand même plus encourageant de savoir que la majorité est moins intolérante que ne l’est la minorité. Un peu comme si les minorités devenaient de plus en plus des minorités et que la majorité elle aussi grandissait aussi. Ainsi, malgré tout, le monde ne va pas si mal que ça peut-être... »

Que ce soit donc dans le cas des Québécois traités injustement de racistes (à faire rougir Mme Wong et l’auteur de Quebecistan) ou dans le cas des minorités et communautés ethniques, il ne faudrait pas perdre de vue que c’est seulement une poignée d’individus qui est porteuse de messages d’intolérance.


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