Question à Nicolas Sarkozy

par Philippe Bilger
vendredi 4 mai 2007

Il va gagner, c’est sûr. La campagne du second tour aura été belle, comme celle du premier aura passionné, avec l’immixtion réussie du trublion officiel François Bayrou.

Le débat tant attendu a eu lieu et, pour rester superficiel, Ségolène Royal a étonné par sa pugnacité énervée et harcelante et Nicolas Sarkozy par sa maîtrise de soi tellement cultivée qu’on aurait presque souhaité une explosion. Mais elle n’est pas venue de son côté.

Je garde pour moi ce que je pense de la fiabilité et de la pertinence de leur projet économique, social et politique.

J’aimerais interroger Nicolas Sarkozy sur un seul point mais qui me semble important. Je n’ai pas l’intention de me livrer à une psychanalyse de bazar et je ne suis pas persuadé par la prétendue psychanalyse proposée par Gérard Miller, dont le savoir technique est fortement altéré par ses préjugés militants.

Je n’ai pas l’intention non plus de questionner Nicolas Sarkozy sur la médiocrité artistique et /ou civique des people qui l’entourent et le soutiennent. On prend ce qu’on trouve. Ni sur l’utilisation éhontée d’un homme qui ne brille pas par l’honneur et que même ses nouveaux amis devraient toucher du bout de l’esprit. Il s’agit d’Eric Besson, bien sûr.

Non, je souhaiterais que Nicolas Sarkozy nous fournisse la clé de son comportement lors du débat de jeudi soir, et je ne suis pas le seul à le solliciter sur ce plan : quelle est la raison pour laquelle il n’a jamais affronté le regard de Ségolène Royal, se tournant vers les journalistes, surtout Patrick Poivre d’Arvor, ou baissant la tête, notamment lors de la crise sans doute préparée avec soin par son adversaire féminine ?

Pourquoi cette fuite du regard de l’autre ? La peur de perdre son sang-froid s’il se confrontait à elle, visage contre visage ? L’envie de manifester qu’elle n’était pas suffisamment importante pour pouvoir bénéficier d’une attention directe ? Une timidité surprenante devant la manifestation d’une femme forte et autoritaire ? L’adoption délibérée d’un rôle totalement à contre-emploi, d’effacement physique devant l’éclatante hégémonie de l’autre, sur ce plan ?

J’ai besoin d’une réponse. Car on n’a jamais pu douter du courage intellectuel de Nicolas Sarkozy. Je l’ai vu regarder dans les yeux des adversaires autrement plus déterminés et hostiles.

Alors ?


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