RESF, sigle médiatique, collectif méconnu

par Henry Moreigne
jeudi 5 octobre 2006

Difficile ces derniers mois d’échapper à l’évocation dans les médias des actions de RESF. Une notoriété inversement proportionnelle à la connaissance par le grand public de la réalité que recouvre le Réseau éducation sans frontières.

RESF est un réseau composé de collectifs, de mouvements associatifs, de mouvements syndicaux et de personnes issues de la société civile, militant contre l’expulsion d’enfants scolarisés en France liée à celle de leurs parents en situation irrégulière.

Le réseau se crée le 26 juin 2004, à la Bourse du travail de Paris, lors d’une réunion rassemblant des enseignants et du personnel de l’Éducation nationale, des parents d’élèves, des éducateurs, des collectifs, des syndicats et des organisations attachées à la défense des Droits de l’homme. L’élément déclencheur et rassembleur, c’est la situation précaire des élèves sans-papiers.

Très vite, le réseau est reconnu comme interlocuteur par les ministères de l’Intérieur et de l’Education nationale. Sa force est constituée de sa capacité à cristalliser l’énergie d’enseignants, élèves et parents autour de la défense de cas particuliers. D’après la législation française, un mineur ne peut être contraint à quitter le territoire. Néanmoins, si leurs parents sont sans-papiers et donc "expulsables", les enfants se retrouvent forcés, eux aussi, de quitter le territoire français, sauf à être séparés de leurs parents. Le réseau demande donc non seulement la régularisation des jeunes étudiants et lycéens majeurs, mais également celle des parents d’enfants scolarisés en France.

Afin d’offrir une certaine protection aux familles concernées, et de permettre à des enfants et à leur famille de rester en France, le réseau dresse des pétitions, organise des manifestations, mais aussi des parrainages à travers la France. Les parrains s’engagent à aider et à assister les personnes dans leurs démarches face aux administrations. La constitution du RESF était un pari sur le fait que le milieu scolaire n’assisterait pas sans réaction à la politique d’immigration du gouvernement. La grande force de RESF, c’est incontestablement d’avoir su mettre des visages sur des statistiques anonymes et d’avoir réveillé une capacité d’indignation chez tout un chacun. Quand la réalité se dévoile, quand le sans-papiers n’est plus le « clandestin » mythique, mais s’incarne dans l’élève qui suit ses cours, le camarade de classe, le copain de ses enfants, les voisins de pallier, le parent d’élève que l’on croise, l’approche du traitement de l’immigration n’est plus la même.

Contre toute attente, et notamment celle du gouvernement, la mobilisation ne faiblit pas, pas même le temps d’un été, parce que ceux qu’elle touche ont le sentiment de mener un combat juste.


Lire l'article complet, et les commentaires