Sarkozy président, résultat improbable ?

par Stéphane W.
vendredi 27 avril 2007

Le résultat du 22 avril, bien qu’inévitable en a surpris plus d’un. C’est pourquoi, une fois n’est pas coutume, faudrait remercier les sondeurs. Tout en s’attendant à une présence certaine du candidat de la droite Nicolas Sarkozy, beaucoup n’envisageaient pas de voir Ségolène Royal au deuxième tour. Malgré une bonne fin de campagne sans heurt, plusieurs voyaient dans le duo Bayrou-Le Pen une bonne alternative à la madone des sondages. C’était sans compter sur la grande capacité de mobilisation et à la machine du Parti socialiste. Pour qu’un parti puisse résister autant au fil des générations et à l’usure, il faut avoir toute une équipe, et ce, même si votre porte-étendard fait quelques gaffes de temps en temps.

Caution morale

Après son sacre au débat interne du Parti socialiste devant les éléphants Fabius et DSK, il s’en est malheureusement suivi plusieurs grosses bourdes. Et la présence du Parti socialiste au deuxième tour n’est dû qu’à la capacité que Royal et son équipe ont eu à récupérer ces mêmes éléphants. D’abord l’ancien centriste Chevènement puis avec le pacte présidentiel, les Jospin, DSK, Fabius, Kouchner, Mauroy, Emmanuelli, Delanoë et Collomb, Aubry, et Ayrault ont formé cette équipe qui, il faut le dire, permet aujourd’hui à la gauche d’appliquer pour la job de l’Élysée. Si Royal et son désir d’avenir représentent l’avenir du PS et d’une partie de la France, son enracinement ne se fera que dans l’optique d’une garantie et d’une caution morale et c’est pourquoi cette équipe a permis de lui donner des voix qu’elle n’aurait jamais pu obtenir. Aujourd’hui, maintenant qu’il faut passer à l’ultime manœuvre, elle devra enfin jouer la carte personnelle et sortir le joker qu’elle a tant caché à la France.

Un débat important

Il lui faudra convaincre tous les Français du centre et même quelques-uns de la droite qu’elle est la seule capable de diriger la France. Il ne suffira donc pas de prouver qu’elle peut être meilleure que Sarkozy, tout au contraire. Elle doit prouver ce qu’elle vaut. Peut-elle être celle qui sauvera l’Europe ? Saura-t-elle reformer entièrement la PAC
(politique agricole commune) après l’échec des négociations ? Et les poches des Français ? Réforme des retraites, de l’éducation, de la justice ? Sans compter sur l’explosif dossier de l’intégration, de l’immigration et leur corollaire, la situation dans les banlieues ? Et la dette astronomique ? Et les PME ? Et le sort de tous ces Français qui s’en vont de leur mère patrie du fait du chômage ? Voilà les dossiers pour lesquels Ségolène Royal devra enfin donner sa version des faits pour aspirer à diriger le pays de Tocqueville, Bonaparte, Faure, Poincaré et Blum.

Royal, coque vide ?

Le faux discours n’est pas juste le fait de Sarkozy. Sur Ségolène Royal, il y a comme un courant de pensés populaires auprès de l’opinion publique selon lequel Ségolène Royal serait incompétente. Entre ne pas dire ce qu’on pense et ne dire que des absurdités, il y a tout un fossé. Ce qui a surtout manqué dans le discours de la candidate socialiste depuis le début de cette aventure c’est la capacité de dire aux Français son opinion sur les grands sujets qui préoccupent les Français. Faire de la politique c’est une chose, mais être président c’est avant tout représenter tous les Français, peu importe leur couleur politique. Pour cela, il faut qu’ils sachent votre opinion sur un certain nombre de sujets. Peut-être qu’ils ne seront pas toujours en accord, mais au moins, ils respecteront vos aspirations et vous donneront le bénéfice du doute en vous laissant carte blanche pendant un moment. C’est seulement si vous faites fausse route qu’ils vous le feront comprendre, comme ce fut le cas avec le CPE de Dominique de Villepin.

Victoire sans l’UDF ?

Aujourd’hui, tous les sondages donnent Sarkozy gagnant avec 6 points d’écarts. Pas évident de prédire ce score. Même en faisant abstraction du vote centriste, la candidate socialiste a toutes les chances. D’abord, le phénomène Sarkozy fait peur. Les Français ont eu peur de ce que Sarkozy représentait depuis cinq ans et le 6 mai, seuls face à l’isoloir, ils se poseront la question deux fois avant de voter pour Sarkozy. Avec un résultat de presque 35% au premier tour, c’est aussi 65% des Français qui a priori ne voulaient pas de Nicolas Sarkozy (on peut faire le même constat pour Royal). La grande question qui se pose aujourd’hui pour les Français et surtout les indécis est la suivante : est-ce que « l’incompétence de Royal » est pire que « la folie Sarkozy »  ? Pas facile de répondre à cette question. D’autant que pour une fois, les Français ont l’occasion de marquer l’histoire. L’idée de la première femme présidente en France risque de peser lourd dans la tête des électeurs et surtout des électrices. Il ne faudra surtout pas l’oublier, toutes les femmes de France hésiteront avant de voter. Ne sera-t-il pas le temps de suivre l’Angleterre de Thatcher ou l’Allemagne de Merkel ?

RVD le 6 mai, un peu avant 20h...


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