Ségolène Royal, « des tribunaux chinois plus rapides qu’en France »
par Florent
mardi 16 janvier 2007
Ségolène Royal, dans une prestation millimétrée et réfléchie, fait l’éloge de l’efficacité de la Justice chinoise, qui est l’une des plus expéditives du monde et qui détient le record d’exécutions capitales.
Lors de sa dernière conférence de presse mardi 9 décembre, Ségolène Royal a donné acte à la Justice chinoise de sa rapidité. « J’ai rencontré un avocat qui me disait que les tribunaux chinois sont plus rapides qu’en France. Vous voyez : avant de donner des leçons aux autres pays, regardons toujours les éléments de comparaison. »
On a des raisons d’halluciner devant la candeur nauséabonde d’une telle
remarque.
Et que Madame Royal ne dise pas que ses propos sont déformés : ils
sont extraits d’une conférence de presse, donc un monologue, où elle a largement
eu le temps de peser chaque virgule de son discours.
Saluer l’efficacité de la Justice chinoise, c’est un peu
comme remercier Pinochet d’avoir relancé l’économie du Chili, ou admirer sous
Staline la vigueur de l’économie soviétique qui annonçait fièrement ne pas avoir
de chômeurs, quand bien même les magasins d’alimentation étaient désespérément
vides.
Bref, c’est simplement stupide et irresponsable.
Car si la Justice chinoise est « efficace » en terme de « débit » et de « productivité », c’est bien par ce qu’elle est un déni de justice, une justice expéditive, totalitaire :
- La justice chinoise se fait à huit clos
- Le PC chinois, parti unique, contrôle la procédure de bout en bout
- Les pouvoirs judiciaire, politique et régaliens ne sont pas distincts, si bien qu’un procureur peut aussi être secrétaire du Parti ou chef de la Police locale
- Les avocats chinois peuvent être inculpés s’ils sont trop retors
- Les juges peuvent être également punis si leur verdict déplaît
Quelques chiffres
- Sur 593 000 dossiers criminels jugés dans les onze premiers mois de 2006, seuls 1464 ont abouti à un verdict d’innocence (0,25 %).
- En 2003, Amnesty international a recensé 1146 déclarations officielles d’exécutions dans vingt-huit pays. La Chine (726), l’Iran (108), les États-Unis (65) et le Viêt Nam (64) représentent 84 % de ces déclarations. Le nombre réel d’exécutions est probablement bien supérieur : Amnesty international estime que soixante-trois pays ont appliqué la peine de mort cette même année, et pour la Chine seule, le chiffre de 10 000 exécutions a été avancé par un député chinois en mars 2004.
Et lors d’exécutions capitales, ce sont les familles qui doivent payer la
balle.
Folklorique, et tellement plus drôle.
François Mitterrand a marqué la France par sa constante défense des droits de
l’homme.
La proposition Badinter d’abolir la peine de mort lui a même attiré
de nombreuses voix du centre droit lors de son élection historique de 1981.
Madame Royal est parfois présentée comme une héritière du
mitterrandisme.
Aujourd’hui, elle est indigne d’un tel héritage, et indigne
de diriger un jour un Etat.