Situation des profs au Portugal
par ProfPortugais
mercredi 6 décembre 2006
On vit, depuis un an et demi un, un terrible cauchemar. Avec la victoire du Parti socialiste, surgit une nouvelle ministre de l’Education- Mme Rodrigues (Maria de Lurdes) qui, sous un voile ultra démagogique, a réussi à bouleverser l’ancien statut de la carrière des professeurs.
Partant d’une réforme des horaires des enfants (oui, l’école est vue comme un dépôt d’enfants pour supporter l’absurdité des horaires des parents...), elle obtient l’applaudissement de l’opinion publique qui se tourne contre les professeurs. Les associations de parents d’élèves, à côté de la ministre, délirent avec toutes les nouvelles mesures. On oblige les professeurs à rester à l’école pendant les heures où ils devraient travailler tranquillement et silencieusement chez eux. Et qu’est-ce qu’on fait à l’école quand il n’y a pas de bureau, quand il n’y a pas assez d’ordinateurs ? On déprime ! On a une salle de professeurs moderne, mais comme on est plus nombreux, il n’y a pas assez de chaises ! Comme on est nombreux, il y a trop de bruit ! Finalement, après ces heures de supplice, crevés et avec une migraine terrible, on arrive chez soi, on se jette sur le canapé et, dans un état de léthargie, on attend que cela passe.
Je passe (au moins) 26 heures à l’école. A la maison, je n’ai jamais calculé le temps de travail, mais c’est beaucoup. Combien de week-ends, de soirées ai-je dépensés ?
Victimes d’une stratégie bien définie pour nous liquider, nous sommes aujourd’hui les boucs émissaires de tous les maux de la société. Tout le monde se prononce sur notre carrière, du boucher au chauffeur de taxi.
Obligés de travailler jusqu’à 65 ans, sans réduction d’horaire, on imagine nos cours sclérosés. On s’est réveillés un jour avec une nouvelle (on a des nouvelles de notre ministère au moins une fois par semaine...) : les parents allaient participer à l’évaluation des profs. Bravo ! J’imagine déjà les parents de mes élèves qui ont du mal à s’exprimer en portugais (école de banlieue près d’un petit quartier à grands problèmes dont les habitants sont Africains et où la police a peur d’entrer...).
La formation des profs sera effectuée pendant les vacances scolaires. C’est-à-dire que, s’il y a un congrès le mois de janvier, on pourra pas y aller.
Avec les grèves et des négociations entre syndicats et ministère, on a obtenu très peu.
On oublie l’extrême stress auquel nous sommes soumis, le sacrifice de notre vie familiale (on emporte le travail à la maison et même quand on rêve, on travaille !).
Le Premier ministre et la ministre ne parlent que du modèle finlandais. Si les Finlandais avaient une immigration comme celle qui franchit nos portes, leurs résultats ne seraient plus les mêmes. D’ailleurs, les réalités sont différentes : la réforme des programmes et les curricula promus par le ministère et ses équipes de travail idiotes qui instaurent officiellement la facilité pour avoir des résultats de succès. Les élèves ont chaque fois moins d’autonomie, de sens des responsabilités, de valeurs, de respect pour autrui... Le niveau de connaissances et de compétences est plus bas qu’avant...
Attention, collègues français, notre Premier ministre, José Sócrates, et Mme Royal seront au Congrès du PS européen à Porto, les 7 et 8 décembre... Ils veulent lancer une campagne pour l’éducation des enfants. Ce rendez-vous nous apportera beaucoup de soucis.