Un scandale peut en cacher un autre... L’affaire Redeker devient une affaire de Robien
par Daniel RIOT
mercredi 11 octobre 2006
Censure liberticide et intolérance : l’affaire Redeker est aussi une « affaire de Robien »... Y a-t-il encore un ministre à l’Education nationale ? Il est des silences très lourds... Lâchage et lâcheté...
Non, non, non et NON... J’ai signé la pétition, bien sûr... Même si je n’ai rien d’un professionnel de la pétition. Et j’ai lu avec intérêt nombre de textes d’intellectuels ou simplement de citoyens sur ce crime contre l’intelligence... SOS, Voltaire ! Halte à la régression... Je trouve que « l’affaire Robert Redeker » est trop vite passée sous silence, minimisée, ignorée. Scandaleusement effacée...
Je ne connais pas ce professeur de philosophie. Je ne suis pas sûr d’être d’accord avec toutes ses vues. Et je n’ai apprécié que modérément son article publié dans Le Figaro. Il est d’autres manières de critiquer ce qui peut transformer l’islam en islamisme, et surtout en islamo-fascisme ou en fascislamisme. Personnellement, j’en ai même commis un livre (avec mon ami Driss Ajbali) : Ben Laden n’est pas dans l’ascenseur...
Mais ce qu’il vit, connaît, subit est inadmissible. Son interview dans Sud-Ouest de dimanche vaut autant lecture que son article dans Le Figaro : il dénonce le « lâchage et (la) lâcheté » du ministère de l’Education nationale.« »Le ministère de l’Education n’a même pas porté plainte contre X pour menace de mort contre un de ses fonctionnaires« . L’enseignant, exerçant dans la région toulousaine, vit dans un lieu tenu secret depuis la parution de sa chronique le 19 septembre. Robert Redeker assure qu’il ne se porte »pas bien du tout« et vit »enfermé depuis deux semaines, séparé de (sa) famille, surveillé par la police".
Lâchage et lâcheté... Au plus haut niveau de l’Etat. Eh ! Oui. Monsieur Gilles de Robien devrait avoir des problèmes de conscience. Mais son « portefeuille » ministériel semble importer plus que tout. D’ailleurs, son immobilisme chronique lui a évité les « ennuis » de quelques-uns de ses prédécesseurs, d’Allègre à Luc Ferry (en passant par Bayrou, d’ailleurs).
Ce doit être terrible pour lui d’affronter son miroir matinal. Comment un homme dit de « principes » peut-il se rendre complice des pires pourfendeurs de ses propres principes ? Si l’on comprend bien (dans l’attente d’explications plus amples), Robert Redeker n’aurait que ce qu’il mérite, ou presque... Où le blasphème redevient un délit... Où le délit d’opinion est ressuscité, même dans Le Figaro. Où le ministre de l’Education devrait retourner à l’école de la République...
Une fois de plus, je me réfère à Jacques Julliard : « A des signes comme ceux-là, on mesure les progrès réalisés, au nom de l’immonde principe de précaution, par l’esprit de soumission dans la conscience commune. Qu’est-ce donc que la tolérance ? Le mot, en vérité, n’est pas heureux. Sans parler de la boutade de Claudel -« La tolérance, il y a des maisons pour ça ! »- on constate que son premier sens est terriblement restrictif. Tolérer, c’est d’abord ne pas réprimer alors que, juridiquement, on le pourrait : c’est ainsi que l’on « tolère » de plus en plus des voitures sur le trottoir. Cette tolérance-là est le contraire du droit. »
Si le ministre de l’Education nationale n’est pas le ministre de la tolérance et de la laïcité, il n’a rien à faire à son poste. Son silence transforme « l’affaire Redeker » en « affaire de Robien ».
Je (re)cite Julliard : « Ainsi, la sacralisation des croyances est un présage lugubre dans une société qui se communautarise chaque jour davantage et qui ne parvient plus à concevoir le débat public autrement que sous la forme de la coexistence pacifique des communautés, de leurs croyances, de leurs absurdités, de leurs tabous, de leurs interdits, de leur terrorisme intellectuel - en un mot, de leur sectarisme. Et voilà le résultat ! La « tolérance » comme rempart ultime du fanatisme, quelle absurdité ! L’extraordinaire sensiblerie intellectuelle de notre temps à toutes les croyances aboutit paradoxalement à la sacralisation du sectarisme, à la restriction de la liberté de penser et de débattre ». La « sacralisation du sectarisme » : une formule à méditer Monsieur de Robien...