Les fausses nouvelles en science

par BlogHardi
samedi 11 février 2023

Internet est plein de bonnes choses mais aussi plein de fausses nouvelles (fake news ou nouvelles truquées) qui circulent très vite, qui sont accessibles au plus grand nombre, et qui peuvent être, lorsqu’il s’agit de la science, dangereuses. Nous sommes des non-initiés dans beaucoup de branches scientifiques et dans bien des cas nous dépendons de l’expertise des autres. Peut-on leur faire confiance ; notamment lorsqu’une information de nature scientifique circule sur internet est-elle vraie ou fausse ? Ce sujet a été abordé dans un article paru dans la revue Science* dons nous extrayons ici les principales idées.

Les exemples de fausses nouvelles scientifiques sont nombreux et repris dans des discussions où même les interlocuteurs sont d’un niveau culturel élevé. Par exemple : les changements climatiques actuels font partie des évolutions climatiques naturelles de notre planète et n’ont rien à voir avec les émissions de gaz à effet de serre dues aux combustions des carburants fossiles ; les vaccins anti Covid peuvent donner de l’asthme ; les vaccins à A.R.N. messager ne sont pas des vaccins. De fausses nouvelles concernant des médicaments miracles sont encore plus fréquentes et peuvent avoir sur l’état de santé de patients non avertis, des effets désastreux.

Pourquoi accepte-t-on une fausse nouvelle ? Par paresse d’abord, il faut produire un effort pour aller contrôler ce que la science dit sur le sujet. La fausse nouvelle peut conforter aussi l’idée que l’on se fait du monde ; elle nous situe parmi les réfractaires à des résultats scientifiques acquis mais qui souffrent de quelques exception. Plus fréquemment peut-être, c’est la méconnaissance que l’on a du sujet qui est en cause parce qu’il ne nous a pas été enseigné, ou que nous en avons fait l’impasse au cours de nos études.

Il faut être un chercheur spécialiste de la question pour savoir si une publication scientifique nouvelle (qui peut faire l’objet d’une diffusion simplifiée dans les médias) est digne de confiance ou doit être rejetée parce que truquée ou erronée. Il fera intervenir sa connaissance personnelle du sujet, mais aussi il vérifiera que les règles qui contraignent la recherche ont été bien suivies : sources bibliographiques dignes de confiance, pas nécessairement favorables à l’idée que l’on veut démontrer, expérimentation rigoureuse et répétée, publication dans des revues à comité de lecture, etc. Il existe même des codifications de ces règles.

Pour le non initié, les questions qu’il peut se poser pour savoir si une information parue dans les médias est crédible sont des questions de bon sens : la source d’information est-elle crédible ? Est-elle experte pour parler de ce sujet ? Y-a-t-il un consensus entre les experts ?

Pour établir la crédibilité d’une nouvelle scientifique on s’assurera qu’il n’y a pas conflit d’intérêt (celui qui publie la nouvelle n’est-il pas intéressé par la vente d’un produit impliqué dans la publication ?), ni influence d’un parti pris politique. L’expertise sera plus difficile à établir : Qui publie la nouvelle ? Est-ce un organisme de recherche, un journal scientifique ou un inconnu qui n’est lié, en quoi que ce soit, à la recherche. Enfin en ce qui concerne le consensus, il est plus difficile à établir car au début, peu après la publication d’une nouvelle scientifique, peu d’experts se sont prononcés sur sa valeur. L’exemple le plus typique illustrant cette difficulté est celui du réchauffement climatique : est-il un fait réel lié aux émissions de gaz à effets de serre ou simplement une évolution naturelle du climat de notre planète. La responsabilité anthropique est majoritairement acceptée maintenant mais cela a pris beaucoup de temps.

 

*J. Osborne & D. Pimentel, Science 21 Octobre 2022, N°6617, pp. 246-248.  


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