Oł sont les hommes ?
par C’est Nabum
samedi 22 mars 2025
La fuite des cerveaux.
Il est phénomène étrange et mystérieux qui ne cesse de m'intriguer lorsque je vais assister ou bien que j'anime un spectacle culturel que je qualifierai d'intimiste ou de confidentiel. C'est ainsi que lorsqu'il n'y a aucun tapage médiatique, que l'affiche proposée sort du cadre du rouleau compresseur médiatique, qu'elle exige un peu d'effort et beaucoup de curiosité, la présence dans le public des hommes tend vers la portion congrue.
J'ai maintes fois constaté un rapport numérique allant de quatre femmes pour un homme jusqu'à parfois un quotient moitié moindre. J'ai même souvenir d'avoir assisté au spectacle d'une merveilleuse conteuse, un soir de finale de championnat d'Europe de football, ce soir-là nous étions deux représentants de la gente masculine pour près de soixante-dix dames. Désespérant et troublant.
Par ailleurs, ce rapport de force se confirme dans mon activité rédactionnelle. Les commentaires que je reçois, lorsqu'ils portent sur le fond ou sur la forme et qu'ils échappent à la raillerie, l'insulte ou bien le détournement de sens, émanent en grande majorité de femmes qui prennent la peine de lire mes textes avant que d'apporter leur point de vue. Ce rapport à la lecture se confirme dans les salons du livre. Le lecteur-acheteur XY étant de plus en plus effacé.
Sur la toile, le bonhomme perd le plus souvent sa bonhomie pour se complaire dans le propos graveleux, sordide ou bien fétide. Il se contente d'un mot ou d'une image, d’un titre ou bien d'une impression fugace pour venir déverser son fiel, sa hargne et sa mauvaise foi. Alors que l'autre moitié de l'humanité se complait dans le propos censé, réfléchi et apaisé. Notons au passage que ceci n'est hélas plus le cas, dès que nous avons à faire avec le personnel politique qui ne se préoccupe pas du sexe des anges pour se transformer en diables et diablesses éructantes.
Que font donc ces hommes qui ne lisent plus, qui ne vont plus au spectacle ni même dans les expositions ? C'est à croire qu'ils se retrouvent tous massivement dans des tribunes pour brailler, se dévêtir le torse et lancer le bras en avant pour montrer qu'ils sont encore capables de virilité. À moins qu'ils ne boivent des bières en mangeant des pizzas devant un écran aussi plat que leur activité cérébrale…
Il y a là une tendance qui ne fait qu’accroître et m'inquiéter. Je comprends mieux que ce sont souvent des hommes qui me font remarquer que mes textes sont trop longs, qu'ils sont parsemés de mots obsolètes qui les contraindraient à en chercher le sens s'ils en avaient le courage. À force ainsi de se complaire dans une paresse intellectuelle, ils perdent progressivement pied avec le lexique et la réflexion.
C'est à croire que cette société dite évoluée a fait pratiquer une ablation de la curiosité en commençant par l'immense cohorte des porteurs de braguette. Je ne désespère pas que l'étape suivante se focalisera sur les femmes pour asseoir pleinement la prédominance d'une civilisation de l'inculte et du consumérisme de masse.
En attendant, je tiens à remercier toutes ces dames et les quelques trop rares messieurs qui font régulièrement l'effort de parcourir dans sa totalité mon billet quotidien ou qui viennent à ma rencontre pour écouter contes et fariboles en bord de Loire. Ceux-là sont les derniers gardiens d'une civilisation qui filent un sacré mauvais coton, de celui avec lequel on tissera le linceul de notre humanité.
Mesdames, ne baissez pas les bras et contraignez parfois vos compagnons à se remuer un peu les méninges. L'enjeu envoie une chandelle qui autrefois se nommait les lumières. Mon petit fanal est là pour tenter d'éclairer l'obscurité qui nous enveloppe progressivement.