2024, le compostage obligatoire : ou quand l’homme créa les mouches

par Marie-Christine Dubust
samedi 30 décembre 2023

An 2024 après J.-C. : quand l'homme créa les mouches…

Lombricomposteur avec des mouches - photo personnelle de Marie-christine Dubust

 

En 1650, M. Jourdain, Le Bourgeois gentilhomme de Molière, prenait conscience qu’il faisait de la prose sans le savoir : « Par ma foi ! Il y a plus de quarante ans que je dis de la prose sans que j’en susse rien et je vous suis le plus obligé du monde de m’avoir appris cela » (Acte 2, Scène 4).

Le M. Jourdain de 2024 sait-il, que cela fait aussi plus de quarante ans qu’il composte sans le savoir et sans broncher ?

Oui mais… Un composteur peut en cacher un autre

À l’heure où la SNCF vient de retirer ses composteurs de toutes les gares (2023), c’est le Gouvernement qui réussit le tour de magie de nous en glisser un dans chaque foyer. Formidable idée ! Seul un génie pouvait y penser !

Il est aisé de comprendre que pour la SNCF et son e-billet, le maintien et l’entretien des bornes de compostage reviennent dorénavant plus cher que la fraude éventuelle des rares passagers munis de billets papier ; d’où leur inévitable disparition.

C'est maintenant clair. M. Jourdain compostait depuis les années 80, pour valider son droit au voyage ! C'en est désormais fini pour la balade, la République prend le relais des chemins de fer, le wagon est remplacé par le bac à compost. C’est voté, la loi impose à l’homme de composter directement de chez lui. L’enjeu est important, il en va de la sauvegarde de la planète.

L’homme, né de l’humus

Quant à la finalité du compostage, il n’y a pas de secret : c’est l’humus

Au VIIᵉ siècle, l’évêque Isidore de Séville écrit « L’homme est appelé homo parce qu’il est né de la terre, humus ».

Désignant la terre végétale, ce nom masculin a disparu du langage courant pendant des siècles. L’Académie française l’a placé pour la première fois, dans la sixième édition de son dictionnaire, en 1835. Judicieuse idée venant de nos immortels. En 2024, ce mot de cinq lettres nous aurait fait défaut. Autant de lettres que celui de Cambronne, étonnant non pour une composition finalement presque identique ! Sans sa réintroduction, M. Jourdain, notre naïf contribuable, ne pourrait même pas imaginer qu’il est devenu, par la loi du 10 février 2020 : créateur d’humus… et par conséquent, créateur d’homme ! Notons le tour de passe-passe intellectuel.

Qui dit créateur d’homme pense fatalement à dieu

Voilà ainsi notre gentil monsieur Tout-le-monde élevé au rang divin. Et une fois encore, comme le soulignait Molière, sans le savoir ! Quelle incroyable aventure nous réserve 2024 autour d’un simple bac à compost ?

Un peu de coquilles d'œufs, des trognons de pommes, des peaux de bananes, des os de poulet… Un petit abracadabra (pour le décorum)… Et hop, c’est fait, la grande épopée mystique de l’homme sur ce monde se verrait-elle ainsi transcendée ? Allons, ce point de vue serait-il bien raisonnable ?

Bien entendu, aucun « homme nouveau » ne sortira de cette mixture décomposée, qui plus est, organisée par une république. Outre le fait que moins de gaspillage est très positif pour nous et la planète, gageons que notre M. Jourdain du compostage n’aura que favorisé la naissance de mouches tout au plus.

Des questions légitimes se posent dorénavant : la France aurait-elle quelque intérêt à rendre le compostage obligatoire ? Peut-être un énorme stock de tapettes à diptères à fourguer ?

Article rédigé par Marie-Christine Dubust

Tri à la source des biodéchets : il devient obligatoire à partir du 1er janvier 2024

Le livre « Des Origines » d’Isidore de Séville

Dictionnaire de l'Académie française


Lire l'article complet, et les commentaires