Et maintenant la galette …

par C’est Nabum
samedi 6 janvier 2024

 

Vive les rois

Et tant pis pour les miettes …

 

Les bûches n'ont pas eu le temps de quitter nos foyers que déjà se pointe une nouvelle friandise qui va imposer sa dose de cholestérol et de mauvais goût à une population qui n'est plus qu'un immense ventre collectif, près à avaler n'importe quoi, y compris avec les oreilles. Pour faire passer tranquillement ce passage de témoin pâtissier, les crottes en chocolat assurent une transition qui n'a rien d'intestinale en dépit de son nom.

Les pâtes de fruits et les marrons glacés ont dû céder le pas aux si précieux macarons qui font sauter la banque tout en se grimant en une multitude d'assortiments. Il faut ouvrir la bouche pour engouffrer, bouffer, bâfrer à défaut de débattre véritablement de ce que les publicitaires et le grand commerce ont fait de nous.

Nous ne sommes plus que des bêtes à engraisser, des ventres à remplir, des citoyens qui ne sont nourris que de vaines promesses, de belles paroles et surtout de grands événements qui en mettent plein la gueule et plein les yeux. Cependant, il convient de fixer un rythme effréné à ce nourrissage permanent afin d'éviter tout risque de pause digestive.

Une pâtisserie chasse l'autre, une compétition internationale remplace la précédente, un grand raout politique efface la dernière farce planétaire des maîtres du monde, une allocution suivra une cérémonie des vœux. Le monde est devenu une vaste scène avec pour les pays occidentaux, la nécessité d'accompagner cela de pop cornes, de soda, de chips, de bière, de petits fours, de champagne, de galettes et de cidre pour mieux faire avaler les pilules innombrables.

Les seules couronnes qui vaillent seront celles que l'on mettra à nos ratiches tandis que nos têtes, devenues si vides, ne supporteraient pas la charge de la chose. Rois et Reines de la grande bouffe ont un seul trône qui leur tend son unique lunette : celui de l'immense évacuation des véritables problèmes planétaires.

La galette contribuera à la transition de janvier, entre la magie féérique de Noël et l'attente fébrile des Jeux Olympiques qui mettront les comptes de la nation à genou au pied du podium où triompheront l’égotisme du patron, la servilité des médias et la fibre patriotique. Il y aura sans doute à cette période une recrudescence de médailles en chocolat que nos chers pâtissiers ne manqueront pas de mettre en vente pour tirer leur épingle du jeu.

Nos estomacs ont remplacé nos cerveaux sans qu'il soit besoin de conserver en mémoire ce qui y transite joyeusement. On peut éventuellement accuser quelques kilogrammes en trop sur la balance commerciale, mais l'essentiel est de ne point réfléchir à la signification de cette course à la bâfrerie collective tout en se faisant un devoir de respecter tous les interdits alimentaires des uns et des autres qui favorisent plus encore l'éclatement du tissu social.

Tout avaler suppose désormais de ne le faire qu'entre pareils afin d'éviter la contagion de la réflexion et de la convivialité. En ces temps de monter des périls xénophobes et fascistes, il convient de bouffer les autres, de les vomir plus encore. Les bouches engouffrent des fadaises et régurgitent des monstruosités qu'elles vomissent sans honte.

La Chambre des députés à ce titre, qu'on devrait baptiser désormais la cantoche des fantoches est l'arène du grand vomissement. Ils éructent, ils hurlent, s'insultent, crient, beuglent comme des animaux qu'on égorge. En définitive c'est la démocratie qu'ils dégueulent sans que nul ne s'en indigne, écoutant ou regardant ça comme un spectacle de cirque en grignotant quelques amuse-bouches.

Bon appétit à tous et tapons-nous fort sur le ventre, tout peut se digérer quand on confond penser et panser, gérer et digérer, boire et déboires.

Tableaux : Gabriel Metsu & Creuze Jean Baptiste


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