La question palestinienne en 100 dates (1917-2024), par Laurent de Wangen
par Alain Marshal
jeudi 7 novembre 2024
Les Palestiniens sont le seul peuple au monde auquel on demande de garantir la sécurité de son occupant, tandis qu’Israël est le seul pays au monde qui prétend se défendre de ses victimes. Préfacé par Saïd Bouamama, ce livre indispensable est riche en enseignements. Il revient sur les dates les plus marquantes de l’histoire de la Palestine et compile 20 documents de première importance.
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Les Palestiniens sont le seul peuple au monde à qui l’on demande de garantir la sécurité de son occupant, tandis qu’Israël est le seul pays au monde qui prétend se défendre de ses victimes.
Selon une vision largement répandue en Occident, la question palestinienne est extrêmement complexe. Cette perception obscurcit non seulement la situation réelle, mais donne aussi l’impression que la résolution de cette question est impossible à définir, encore moins à mettre en œuvre. Pourtant, rien n’est plus éloigné de la réalité : un mouvement colonial européen a déplacé une population et nié ses droits fondamentaux, provoquant inévitablement une résistance légitime et une lutte incessante menée par tout un peuple, malgré ses moyens limités, face à un occupant lourdement armé et soutenu inconditionnellement par les États-Unis et les grandes puissances européennes. En réalité, la manière la plus crédible de mettre fin à ce conflit dévastateur aurait été de corriger l’injustice faite au peuple autochtone, puis de trouver une issue sensée pour faire prévaloir les droits et les devoirs de toutes les parties en cause. Malheureusement, cette voie demeure obstruée, non pas en raison de la complexité de la situation, mais parce qu’Israël s’en tient à son idéologie colonialiste et exclusiviste : le sionisme.
En parcourant l’histoire palestinienne à travers 100 dates clés, l’auteur démontre le danger que représente le maintien de la colonie israélienne sur la terre palestinienne. Son analyse, étayée par 20 documents de première importance, couvre six périodes décisives : l’émergence du sionisme, le plan de partage inéquitable de la Palestine, la Nakba, les guerres successives, la première Intifada et, enfin, l’opération « Déluge d’Al-Aqsa », qui a servi de prétexte à l’armée israélienne pour commettre, sous les yeux du monde entier, des actes génocidaires délibérés contre les populations civiles de la bande de Gaza, accompagnés de la destruction massive de ses infrastructures de base. À travers des récits et témoignages poignants, il décrit également la souffrance endurée pendant des décennies par les Palestiniens, indéfiniment trompés et trahis, non seulement par les Occidentaux, mais aussi par certains souverains et chefs d’État arabes, alliés à l’entité sioniste pour récolter des prébendes mesquines, au mépris de tout principe fondamental de droit et de justice universels.
Dans ce contexte d’injustice historique interminable, l’attaque du 7 octobre 2023 marque la résurgence d’une jeune génération de Palestiniens, en rupture avec le passé, décidée à engager un combat d’usure pour accélérer le processus de réécriture de l’histoire du Proche-Orient et ouvrir ainsi une nouvelle voie vers la délivrance, à un moment où Israël est décrié par une grande partie de l’opinion internationale, et son Premier ministre, ainsi que son ministre de la Défense, continuateurs de la politique d’extermination ethnique de leurs prédécesseurs, sont attaqués devant la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
« Nous devons utiliser la terreur, l’assassinat, l’intimidation, la confiscation des terres et la suppression des services sociaux pour débarrasser la Galilée de sa population arabe. » Ben Gourion
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L’auteur : Professeur de mathématiques, Laurent de Wangen s’est intéressé à la question palestinienne depuis la fin des années 1980. Militant antisioniste, il a activement participé à la Campagne pour le droit au retour des réfugiés palestiniens en 1998, lors des 50 ans de la Nakba. En 2001, il rejoint ses amis Youssef Boussoumnah et Samir Abdallah dans la Campagne civile internationale pour la protection du peuple palestinien. Cette organisation a mené plus d’une centaine de missions en Palestine, dont une en mars 2002, où le cinéaste Samir Abdallah a été assiégé avec José Bové et d’autres militants dans la Moukataa, aux côtés de Yasser Arafat pendant un mois. Aujourd’hui, de Wangen est membre de plusieurs associations de soutien aux droits du peuple palestinien.
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Extraits
Le 2 novembre 1917, Arthur Balfour déclare que « le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l'établissement en Palestine d'un Foyer national pour le peuple juif et emploiera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui puisse porter atteinte aux droits civils et religieux des collectivités non-juives existant en Palestine, ou aux droits et statuts politiques dont les Juifs jouissent dans tout autre pays ».
Il faut rappeler un fait historique trop rarement mentionné : le seul membre juif du cabinet de David Lloyd George, Lord Edwin Samuel Montagu, était aussi le seul ministre britannique à s’opposer à la déclaration Balfour et au projet sioniste dans son ensemble.
« Je tiens à ce que soit consigné mon avis que la politique du gouvernement de Sa Majesté est antisémite et fera par conséquent le jeu des antisémites du monde entier ». Edwin Montagu trouvait « inconcevable que le gouvernement britannique reconnaisse officiellement le sionisme et permette à M. Balfour de dire que la Palestine devra être transformée en “foyer national du peuple juif”. J’ignore ce que cela implique, mais je suppose que cela signifie que les mahométans et les chrétiens devront faire place aux juifs et que ces derniers seront favorisés et associés singulièrement avec la Palestine comme l’Angleterre l’est avec les Anglais ou la France avec les Français ; que les Turcs et les autres mahométans en Palestine seront considérés comme étrangers, tout comme les Juifs seront désormais considérés comme étrangers en tout lieu sauf en Palestine ».
Le 29 novembre 1947, l'Assemblée générale de l'ONU adopte la résolution 181 qui propose le plan de partage de la Palestine en deux États, l'un arabe, l'autre juif, par 33 voix contre 13 et 10 abstentions.
Voici le résultat du vote :
Pour : Afrique du Sud, Australie, Belgique, Bolivie, Brésil, Biélorussie, Canada, Costa-Rica, Danemark, République dominicaine, Équateur, États-Unis, France, Guatemala, Haïti, Islande, Liberia, Luxembourg, Nouvelle-Zélande, Nicaragua, Norvège, Panama, Paraguay, Pays-Bas, Pérou, Philippines, Pologne, Suède, Tchécoslovaquie, Ukraine, URSS, Uruguay et Venezuela.
Contre : Afghanistan, Arabie saoudite, Cuba, Égypte, Grèce, Inde, Iran, Irak, Liban, Pakistan, Syrie, Turquie et Yémen.
Abstention : Argentine, Chili, Chine, Colombie, Salvador, Éthiopie, Honduras, Mexique, Royaume-Uni et Yougoslavie.
Tous les pays occidentaux (hormis le Royaume-Uni qui s'est abstenu) ainsi que le bloc de l'Est ont voté pour et tous les pays arabes (6 États alors indépendants seulement au lieu de 21 aujourd’hui) ainsi que non arabes mais à majorité musulmane (4 États alors indépendants au lieu de 27 aujourd’hui) ont voté contre.
Par conséquent, un État étranger devait être implanté dans la terre d’attache entre l’Asie et l’Afrique sans le libre consentement d’aucun pays voisin africain (hormis l’Afrique du Sud raciste, évidemment) et asiatique.
Ouvrage publié par KA' Editions