Des livres : émois !

par C’est Nabum
vendredi 5 avril 2024

 

Sujet à controverse …

 

Le livre n'est pas un objet innocent qui trouve parfois sa place sur une table de nuit sans faire de vagues ni provoquer controverses et courroux. Sa seule présence du reste peut-être un sujet de désaccord profond dans le couple quand l'un des deux partenaires ne lit pas et voit en lui un rival qui le privera peut-être d'un peu de tendresse…

Il est alors un peu tard pour se rendre compte que dans un couple, c'est bien là un point essentiel d'accord. Être lecteurs ou pas met en tout cas, les deux dans la même catégorie, sinon c'est la porte ouverte à des crises permanentes, des récriminations et des conflits qui n'en finissent pas. Le partage de son amour ou de son aversion scelle plus sûrement une union que le sentiment de l'un et de l'autre vis à vis du steak frites ou de la mayonnaise.

Il est un compagnon de chaque jour et en cela il ne peut se présenter comme un rival. Il doit être accepté ou rejeté de part et d'autre afin de ne pas constituer cet élément qui déchire et qui divise. Si par chance, vous vous trouvez en connivence sur ce point, il continuera son œuvre sournoise en provoquant des avis divergents, des désaccords de fond sur tel genre ou tel auteur. Mais ceci, alors, n'est que querelle qui se supporte, chacun ayant des préférences et des aversions qui finissent par être connues de l'autre.

Le livre n'est pas seulement ce point d'achoppement destructeur d'une relation impossible, il s’immisce dans les relations amicales quand il vous prend l'idée saugrenue d'en écrire un. L'auteur en mal de lecteurs espère que ses amis, sa famille, ses relations professionnelles ou associatives lui feront l'honneur d'un achat. C'est alors le début d'une catastrophe qui le passera à la moulinette.

Il y a d'abord la grande cohorte des plus proches qui estiment naturel de ne pas le payer. Rapidement l'auteur découvre qu'il doit s'expliquer pour refuser le plus souvent ce don qui mettrait grandement en danger des finances déjà amoindries par cette folie. S'ajoutent alors ceux qui curieusement n'ont pas d'argent sur eux et finiront par le devoir éternellement. Je ne compte plus ces gens à la mémoire courte qui du reste n'ont certainement pas lu l'ouvrage en question.

Il reste ceux qui se sentent dans l'obligation de débourser par amitié et finissent par le regretter n'ayant nulle envie de le lire ? Ce sont des récriminations ultérieures, des accusations honteuses : « Il m'a forcé la main ! » et des dos qui désormais se tournent. Il en est encore qui une fois l'achat effectué n'auront de cesse de dénigrer l'auteur et son ouvrage sans le plus souvent avoir pris la peine de consulter son livre. C'est là ce qui blesse le plus, des jugements non fondés et méchants.

Il y a les intellectuels de haut rang qui repoussent la chose qui ne vient pas d'une grande maison d'édition. Prétexte insultant pour rappeler à l'auteur qu'il n'est qu'un pauvre type qui ne figure pas dans la catégorie des auteurs reconnus. Qu'importe l'éventuelle qualité de son écrit, la sentence est sans appel et le mépris permanent.

Il y a encore les salons du livre, ce moment où le pauvre écriveur se trouve en situation de tête de gondole. C'est alors un humiliant défilé de personnes qui ne jettent même pas un regard au livre. Ils se promènent ou viennent à la rencontre de la vedette vue à la télévision. Les autres n'existent pas, sont totalement invisibles. Combien de visiteurs prennent la peine de lire un extrait ? Si peu que c'est à désespérer d'avoir mis tant de soi-même dans ce travail.

Vous comprendrez aisément pourquoi je peux certes continuer à faire des livres mais que je ne m'aventurerai plus jamais à essayer de les vendre. Je peux éventuellement répondre à des demandes mais jamais me retrouver dans l'insupportable position du solliciteur. Être auteur minable est déjà assez pénible pour ne pas ajouter le mépris à la déconsidération.


Lire l'article complet, et les commentaires