Chapeau de paille

par C’est Nabum
vendredi 11 août 2023

Le prendre au mot

Le chapeau de paille est en vogue sans même se contenter de couvrir des chefs qui ne risquent guère la surchauffe. Fidèle à lui-même, il s'envole au moindre coup de vent, au plus petit courant d'air pour aller tenter l'aventure plus loin. Rien n'est plus versatile que sa manière de passer du coq à l'âne, au point de devenir la référence en la matière.

Le paillasson attend son heure lui qui ne se lève pas nécessairement du bon pied. Il bat la semelle à moins qu'il ne l'invite à venir s'épancher en son sein. Il sait le pauvre bougre combien certains le méprisent et le couvrent d'injures. Il n'en a cure, la bave des crapauds ne l'empêche pas de dormir, tranquillement posé sur le seuil de la conversation future.

Le somnambule quant à lui a toujours le pied levé, prêt à quitter son lit pour des aventures nocturnes dont il ignorera la teneur. Pourtant il n'est pas de nature à fermer les yeux sur ses travers et surtout ceux des autres, dont il aime à pimenter ses interventions quand il est éveillé. S'il tient parfois des propos à dormir debout, mais n'est-il pas dans son rôle ?

Le bulletin est à la page durant la période estivale. Non pas qu'il demeure scolaire, les préoccupations sont toute autre désormais tandis que les dés sont jetés pour les petites têtes brunes, blondes ou crépues. C'est les yeux dans les nuages qu'il tient la corde pour éventuellement prédire qu'elles tomberont du ciel. Le vent de la rumeur précipite bien des sujets qui alimentent toutes les conversations.

Le tintamarre n'entend pas garder le silence, il aime ce qui fait grand bruit surtout tard le soir. L'été est ainsi l'époque qui lui impose de se taire au petit matin, avant que de débuter timidement la journée par quelques paroles aimables avant que de l'achever en fanfare et surtout en conserve pour accompagner toutes les activités des estivants. De la table à la danse, de la voiture à la rue piétonne, il règne en maître absolu pour dissimuler que nombreux sont ceux qui n'ont rien à dire.

Le marabout se frotte les mains. Le scepticisme ambiant à son égard a pris du recul. L'époque n'est plus aux certitudes ni à la confiance en la science. Chacun y va de sa croyance en se gardant bien de demeurer spirituel. L’ésotérisme gagne du terrain, l'incrédulité est la norme et tout ce qui est occulte permet de briller en société. Alors, à mots couverts pour les plus prudents, la discussion prend des allures de mystère.

Les bouts de ficelles ont un nœud en travers de la gorge. Il est vrai qu'il n'est pas aisé d'avouer que pour joindre les deux bouts, certains sont de plus en plus en difficulté tandis que d'autres y ont renoncé. On n'évoque pas ce mal sournois de l'indigence ou de la pauvreté surtout en congé. Du reste, ce privilège ne concerne pas les plus démunis dont on se refuse à entendre la voix.

La selle de cheval se demande bien ce qu'elle vient faire dans cette affaire. Passe encore pour celle du vélo qui a toutes les raisons de tenir le haut du pavé et des discussions, mais elle risque fort d'être passée de mode. Si autrefois le dire était bien, le fer à cheval était mieux placé quand la bête se mettait au travail. J'avoue que ce propos abscons va désarçonner nombre d'entre vous qui risquent de ruer dans les brancards.

Le cheval de course est sur la ligne de départ, prêt à franchir tous les obstacles pour toucher le pactole dans l'ordre et le désordre ambiant d'une conversation qui ne tient pas sa ligne. Il se félicite du reste que les plus jeunes ont fait le choix de parler au galop ce qui laisse sur le bord de la route les plus anciens marquant le pas.

Se parler en société est devenu une véritable course d'obstacles sans objet et souvent sans sujet. L'air du temps sans doute et la déplorable pratique de la zapette fait de tout palabreur une girouette erratique.

À contre-sens


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