Un plan de relance qui n’en est pas un

par Jean-Louis Bianco
vendredi 5 décembre 2008

Le plan de relance que Nicolas Sarkozy a annoncé hier à Douai est décevant. Est-il d’ailleurs véritablement un plan de relance ? En réalité, le chef de l’État a uniquement fait preuve de son talent de communicant. Car tout cela donne d’abord l’impression d’une compilation de mesures déjà annoncées, sans stratégie ni cohérence.

Tout d’abord, comme beaucoup l’ont dit, on est surpris de constater une telle absence de mesures concernant le pouvoir d’achat en direction des classes les plus démunies et moyennes. Ce plan s’appuie sur l’offre alors qu’il devrait aussi relancer la demande. Pour cela, une baisse ciblée de la TVA sur certains produits comme ceux de première nécessité aurait pu être envisagée.

Mais le plus grave est sans doute que Nicolas Sarkozy, à l’image de certains grands patrons, n’a rien su anticiper et à l’évidence navigue toujours à vue. Tout cela arrive bien trop tard (d’au moins six mois) alors que les pires choix ont été fait aux pires moments. L’exemple du paquet fiscal est celui le plus parlant mais la méthode de l’aide aux banques est aussi révélatrice.

Comme l’a rappelé Ségolène Royal, la suppression du paquet fiscal (un coût de 15 milliards d’euros chaque année pour la collectivité) nous donnerait de nouvelles marges de manœuvres et permettrait le versement d’un treizième mois à des millions de Français ayant de faibles revenus ou l’augmentation immédiates des petites retraites. De même, la suppression des niches fiscales donnerait la possibilité de verser avant Noël un chèque énergie de 1 000 euros à 20 millions de personnes aux revenus modestes.

Enfin, on peut regretter que depuis 2002 les gouvernements de droite n’aient pas pris la dette au sérieux. Dans le cas inverse, nous disposerions aujourd’hui de davantage leviers d’actions. Des dépenses d’investissement bien plus en amont auraient été utiles. Il en est ainsi du soutien scolaire ou de l’investissement dans la formation des jeunes, etc.

Pas plus qu’hier qu’aujourd’hui, le gouvernement ne sait que faire. Aucune refonte globale d’un système pourtant malade ne semble envisagée. On fait du replâtrage là où il faudrait entamer une reconstruction globale.

Jean-Louis Bianco


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