On s’est connus au café des trois colombes...
par rosemar
vendredi 14 février 2025
Une belle chanson d'amour qui suit le rythme des saisons : l'hiver, le printemps, l'été... et qui suggère ainsi la fuite irrémédiable du temps...
La chanson s'ouvre sur une brève évocation de l'hiver à Nancy, avec "une neige mouillée", et aussitôt le narrateur fait le récit d'une rencontre, avec un présent de narration qui actualise la scène et la rend plus vivante : "Une fille entre dans un café".
Le narrateur l'observe "s'installer à côté", alors qu'il "boit son verre"... on perçoit là une scène familière dans un café et un thème traditionnel : celui du coup de foudre.
Dés lors, le narrateur se demande "comment aborder" la jeune fille.
La conversation s'engage sur "la pluie, le beau temps", et l'on entre dans les pensées du narrateur qui nous paraît d'autant plus proche, d'autant plus humain : "ça n'a rien de génial", pense-t-il, d'autant que le style de cette expression est familier, comme l'est aussi la réflexion qui suit : "Mais c'est bien pour forcer son étoile".
Et de fil en aiguille, la conversation se fait plus intime :
"Puis vient le moment où l'on parle de soi
Et la neige a fondu sous nos pas"
Et l'on trouve là une belle expression poétique qui suggère une confiance et une complicité mutuelle, une expression qui en rappelle une autre : "rompre la glace."
Le refrain évoque alors cette rencontre au passé, et on découvre le magnifique nom de ce café qui a servi de cadre à la rencontre :
"On s'est connus au café des trois colombes
Aux rendez-vous des amours sans abri"
Et c'est un bonheur infini qui est décrit dans les vers suivants, grâce l'emploi de l'imparfait à valeur durative :
"On était bien, on se sentait seuls au monde
On n'avait rien mais on avait toute la vie"
Un bonheur fait de simplicité, d'évidence, ce que suggère bien le style familier utilisé, avec l'emploi des verbes "être, avoir".
Le couplet suivant marque une nouvelle étape, avec une autre saison : "Nancy au printemps, ça ressemble au Midi". Et, cette fois, l'amour s'est installé, avec une belle réciprocité, grâce à la répétition du verbe "aimer" :
"Elle m'aime et je l'aime aussi"
Les deux amoureux sont réunis aussi avec l'utilisation du pronom indéfini "on" :
"On marche en parlant, on refait la philo"
Conversations, photos prises par le narrateur... les amoureux vivent un bonheur idyllique...
Un bonheur fait de temps libre, de soleil, et le café des trois colombes reste un refuge pour les deux amoureux qui s'y retrouvent à la nuit, loin de la "lumière et du bruit".
Mais soudainement, le narrateur indique une distance dans l'espace et dans le temps, malgré la présence du souvenir :
"Nancy, c'est très loin, c'est au bout de la terre
Ça s'éloigne à chaque anniversaire"
Et pourtant, malgré l'éloignement, le personnage exprime une certitude :
"Mais j'en suis certain, mes chagrins s'en souviennent
Le bonheur passait par la Lorraine"
Le temps a passé, et le bonheur s'est enfui, mais il reste le souvenir inaltérable de ce bonheur associé à la Lorraine et au café des trois colombes.
On perçoit là une nostalgie, un regret dans cette confidence, grâce à cette belle expression imagée pleine de poésie : "mes chagrins s'en souviennent".
Un bonheur disparu, "il s'en est allé", un bonheur perdu, et le narrateur exprime alors un paradoxe :
"Je t'ai oubliée, mais c'est plus fort que moi
Il m'arrive de penser à toi"
Quelle nostalgie dans cette belle chanson d'amour ! Un passé magnifié, celui de la jeunesse triomphante... Les personnages qui ne sont pas décrits ni nommés nous touchent d'autant plus car ils ont une valeur universelle, on peut s'identifier à eux.
La mélodie emplie de tendresse est bien en harmonie avec une forme de confidence, elle s'amplifie dans le refrain avec l'évocation du café des trois colombes.
Pour mémoire :
Les paroles de Le café des trois colombes ont été écrites par Pierre Delanoë.
Le titre Le café des trois colombes a été interprété par Joe Dassin en 1976.
Le chanteur et compositeur néerlandais Pierre Kartner, plus connu sous le nom de Vader Abraham a composé la musique, il est l'auteur de Het kleine café aan de haven, repris en français par Mireille Mathieu sous le nom Le Vieux café de la rue d'Amérique et par Joe Dassin Le Café des Trois Colombes.
Les paroles :
https://www.paroles.net/joe-dassin/paroles-le-cafe-des-trois-colombes
Le blog :
http://rosemar.over-blog.com/2025/01/on-s-est-connus-au-cafe-des-trois-colombes.html
Vidéos :