Adopte un fleuve !

par olivier cabanel
mercredi 11 janvier 2023

C’est la proposition faite par l’académicien et grand voyageur Erik Orsenna, entendu le 9 janvier 2023, sur les ondes de France-Inter... lien

Il a publié récemment un ouvrage « la terre a soif  » (Fayard éditeur), dans lequel il évoque la vie de 33 grands fleuves, et les malheurs qu’ils subissent, dénonçant l’état de fragilité dans lequel ils se trouvent.

Personne n’a oublié l’épisode de sécheresse de l’été dernier, qui perdure encore dans quelques départements, avec son lot de « guerre des bassines » opposant des agriculteurs assoiffés et des écolos radicaux.

Elle a été particulièrement dure dans les Deux-Sèvres, mais aussi ailleurs... et elle a mobilisé des milliers de militants déterminés décidés a empêcher la création de 16 « mégabassines », destinées à compenser le manque d’eau, et à sauver donc une partie de la production agricole. Lien

Dans son intervention à « zoom zoom zen », l’académicien fait un parallèle intéressant sur le thème du ruissellement entre l’eau et le « monde de la finance » cher à Hollande, déclarant : « on avait pensé que la croissance allait se répartir également, eh ben non !... les régions du monde qui ont beaucoup d’eau en auront encore plus et les régions qui en ont peu en auront encore moins »...

du coup Orsenna explique qu’il est en train de monter une opération originale, en partenariat avec l’éducation nationale, notamment avec l’école primaire, avec comme but « d’adopter » une portion de fleuve.

Une première quasi mondiale.

Il va y avoir, déclare-t-il, l’adoption d’une petite partie d’une rivière bretonne, le Trieux, pour ne pas la nommer, par les élèves d’une école de CM1/CM2, en montant une sorte de jumelage entre ce Trieux, une petite rivière de 72 kilomètres et l’Amazone

il dénonce aussi l’état lamentable du réseau de distribution de l’eau, assurant qu’il s’en perd beaucoup, suite à la vétusté des tuyaux, et des fuites qui s’y produisent : entre 25 et 35 % de fuites…

D’autres sources affirment que ces fuites seraient de l’ordre de 20 %, ce qui reste quand même problématique. lien

La question en devient politique car un pareil chantier de réhabilitation du réseau coûterait « une blinde », et ne serait pas perçu à sa juste valeur, alors qu’une installation de désalinisation attire à coup sur l’approbation de tous.

Et puis, finalement tout çà est une question de gestion, car s’il faut beaucoup d’énergie pour désaliniser l’eau, il faut aussi beaucoup d’investissements pour recycler l’eau, évitant de mélanger l’eau de ruissellement avec les eaux usées...ce qui est dans la loi, sans être pour autant toujours respecté. Lien

En effet, on oublie souvent que s’il est vrai que sur notre planète, 97,5 % de l’eau est salée, il n’en reste pas moins que l’eau douce est beaucoup plus rare, (2,5%) soit à peine 35,2 milliards de mètre cubes… dont 68,7 % se trouvent dans les glaciers, et 30,1 % dans les nappes phréatiques. Lien

Sauf qu’il faudra enlever de cette eau utilisable, celle qui est polluée...nitrates, pesticides etc...

Il prend aussi l’exemple du Rhône, alimenté pour l’instant, d’une part par le glacier des Alpes, mais ce glacier est menacé à court terme de disparition...et d’autre part, par les pluies, condamnant donc ce fleuve à changer de nom, puisqu’à ce moment, la Saône, laquelle comme l’on sait, se jette dans le Rhône...or si la Saône voit son débit supérieur à celui du Rhône, ce dernier perdrait son nom à la jonction des deux, laissant la prédominance à son ancien affluent, la Saône.

Restant sur la question énergétique, il rappelle avec pertinence que si le débit des fleuves s’affaiblit, ce sera une menace pour notre nucléaire, dont on sait qu’il a besoin de beaucoup d’eau pour assurer son fonctionnement...seules les usines situées en bord de mer pourraient continuer à fonctionner normalement. Lien

Après les cas de corrosion du réseau primaire touchant une bonne partie de nos centrales nucléaires, ce ne sera pas une bonne nouvelle pour nos ressources énergétiques…

Comme dit mon vieil ami africain : « seul un idiot mesure la profondeur de l’eau avec ses deux pieds  ».

le dessin illustrant l’article est de Kichka

Merci aux internautes pour leur aide précieuse

Olivier Cabanel

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