Rennes : Projection-débat autour de la monnaie complémentaire

par Marie-Laure Le Guen
samedi 26 janvier 2013

Retour sur une rencontre entre le CG35 et les citoyens sur le thème de la monnaie complémentaire.

Le 22 janvier 2012, l’auditorium des Archives départementales s’est transformé en « café citoyen » le temps d’une discussion portant sur le Galléco, la monnaie complémentaire proposée à l’initiative du Conseil Général d’Ille-et-Vilaine (CG35). Suite à la projection du film documentaire « Sol Violette, l’éclosion d’une monnaie », les participants ont pu poser leurs questions sur le projet en cours d’expérimentation en Ille-et-Vilaine.

Sol Violette & Galléco : du pareil au même ?

Le Galléco ayant été fortement influencé par le Sol Violette, il était judicieux de se demander en quoi la monnaie bretonne se démarquait de sa cousine toulousaine.

Première différence, l’aire géographique concernée. Selon Anne Le Tellier, chargée de mission économie sociale et solidaire au CG35, le processus de réflexion autour du Galléco a été complexifié par une expérimentation menée d’emblée sur trois territoires.

En effet, la monnaie départementale a commencé sur des bases ambitieuses en s’implantant à la fois dans le canton de Rennes centre mais aussi simultanément dans le pays de Fougères et de Redon. Les trois comités citoyens ont travaillé indépendamment les uns des autres et ont dû parvenir à un consensus sur les modalités de fonctionnement du Galléco.

Il a été décidé que dans sa phase expérimentale, le Galléco ne serait pas une monnaie fondante, c’est-à-dire que les billets ne perdraient pas de leur valeur au fil du temps.

L’un des principes adoptés par nombre de monnaies complémentaires afin de redynamiser les échanges est de fixer un taux de dépréciation de la monnaie lorsqu’elle n’est pas en circulation. A Toulouse par exemple, le Sol Violette perd 2% de sa valeur s’il n’est pas échangé dans une période de trois mois. Ainsi, la capitalisation des Sols est pénalisée, ce qui favorise les échanges et donc la création de valeur. Un tel système de monnaie fondante n'est pas prévu dans un premier temps pour le Galléco.

Enfin, la question du lien entre Galléco et prestations sociales a été évoquée, en référence à l’implication des associations de chômeurs à Toulouse. Pour l’instant, seule l’adhésion gratuite à l’association pour les personnes bénéficiaires des minima sociaux (RSA, etc) est envisagée mais Mme Le Tellier a fait part de son souhait de nouer des liens de partenariat avec des structures locales d’accompagnement.

Des ambassadeurs du Galléco

Outre son rôle moteur dans la conception du projet, le Conseil Général ne ménage pas ses frais pour assurer le succès du Galléco. Au budget 2013, 70.000 euros ont été alloués à l’achat de matériel, l’impression des billets ainsi qu’au soutien de la future association qui devrait employer deux personnes à partir de mai. Par ailleurs, un fonds de garantie de 40.000 euros sera déposé dans l’une des banques partenaires.

Les comités de citoyens formés à Rennes, Redon et Fougères vont prendre le relais du Conseil Général courant 2013 au sein d’une association départementale. Dans les mois à venir, ils se feront ambassadeurs du Galléco auprès des entreprises susceptibles de rejoindre le réseau.

Dominique, du comité de Rennes centre, souligne qu’« il faut que les citoyens se réapproprient la monnaie ». Cela passe par un support physique – les billets – et surtout par un travail de pédagogie pour démystifier la finance.

Reste à savoir si les habitants de l’Ille-et-Vilaine vont véritablement adhérer au Galléco et jouer le jeu de la double monnaie. Le Galléco trouvera-t-il un terreau fertile là où le Sol avait échoué il y a quelques années ? Rendez-vous dans quelques mois pour connaître la réponse.


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Film des Zooms Verts, "SOL VIOLETTE, l'éclosion d'une monnaie" sous licence CC BY-NC-ND 2.0 FR

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